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Colette Cosnier , Bernard Desmars  |  mise en ligne : mars 2011

Milliet, Louise, née de Tucé


Née le 28 janvier 1822, au Mans (Sarthe), décédée le 10 juillet 1893, à Paris (5e arrondissement), épouse de Félix Milliet, membre et administratrice de la colonie de Condé-sur-Vesgre, membre du comité d’exécution chargé en 1872 de réorganiser l’École sociétaire.


Issue d’une ancienne famille du Maine, fille de Louis de Tucé, propriétaire, et de Marie Philipe Aimée Hüe de Montaigu, elle épouse à 17 ans Félix Milliet, en 1839. Le couple s’installe au Mans (Sarthe) où naît, en 1844, leur troisième enfant, Paul, qui devient le biographe de la famille [1].
Dans ce chef-lieu de la Sarthe qui est « la circonscription la plus solidement républicaine de France » [2] Louise et Félix ont de nombreux amis : la directrice de la salle d’asile, Marie Carpantier [3], un professeur de mathématiques, M. Chassevant qui leur communique « son admiration enthousiaste pour les doctrines de Fourier », l’écrivain Louis Silly, M. et Mme Trahan (que Paul Milliet présente comme des phalanstériens), le publiciste Napoléon Gallois, le docteur Barbier, franc-maçon comme Félix Milliet, Édouard de la Boussinière, directeur d’un cercle de lecture des ouvriers et cofondateur du Bonhomme manceau, un journal démocratique et populaire, à la parution irrégulière, car souvent saisi.

Louise Milliet, sans date
Dans Paul Milliet, Une famille de républicains fouriéristes (...)

Après le coup d’Etat du Deux-Décembre 1851, Louise Milliet et ses enfants trouvent asile à Samoëns [4] où Félix les rejoint. Supportant de plus en plus mal la politique de Napoléon III, Félix envisage de gagner le Texas en famille pour retrouver « [leur] excellent ami Victor Considerant » et pour diriger un élevage de chevaux. Le projet n’aboutit pas.

Les Milliet s’installent à Paris vers 1860, ce qui leur donne l’occasion de faire de nombreux séjours à la Colonie de Condé-sur-Vesgre où ils retrouvent Marie Pape-Carpantier. Selon Paul Milliet Condé est un vrai paradis qu’ils appellent la Céleste Colonie. Mme Milliet est alors directrice du ménage sociétaire [5]. Le couple Milliet prend de Genève, en 1862, dix parts dans la société civile immobilière de Condé (cinq parts au nom de chaque époux) [6]. Louise fait partie de la société à partir de 1865 et y siège jusqu’en 1875, sauf entre le printemps 1868 et le printemps 1869, puis entre le printemps 1872 et le printemps 1873. Elle y exerce les fonctions de vice-présidente (1866 à 1868, puis 1869 à 1872), puis de présidente (1873-1875) [7].
Pendant la guerre de 1870, tandis que son fils Paul rejoint les rangs des communards, Louise Milliet et ses filles restent à Paris tandis que Félix ne quitte pas la Colonie, où il passe ses dernières années.

Louise Milliet fait partie du comité d’exécution désigné lors du congrès phalanstérien d’avril 1872. Ce comité comprend deux femmes (elle et Valérie de Boureulle) et onze hommes, dont Bonnemère, Bourdon, Couturier, Moigneu. Il est chargé de mettre en œuvre les décisions du congrès, c’est-à-dire la création d’une nouvelle société (ce projet avorte) et la publication d’un périodique (le Bulletin du mouvement social). Il semble n’être actif que quelques mois [8]. Louise Milliet participe à des banquets phalanstériens : en 1875, avec Mme de Boureulle ainsi que Considerant, Bonnemère, Pompéry, Nus, etc. [9]

Elle meurt en 1893. Son rôle a été important à la colonie de Condé. On lui doit, entre autres, la plantation d’un verger. À son enterrement, Gustave Chatenet lit cet éloge écrit par Eugène Nus :

« Au nom de la Colonie qu’elle a aimée avec tout son cœur et toute son intelligence pour le germe de progrès qu’elle y voyait dans l’avenir, les membres de ce ménage sociétaire auquel elle fut si utile et où elle laisse un si grand vide, envoient à celle qu’ils viennent de perdre l’hommage de leurs profonds regrets et de leur ineffaçable souvenir [10] ».


Colette Cosnier
Bernard Desmars

Dernière mise à jour de cette fiche : juin 2022

Notes

[1Paul Milliet, Une famille de républicains fouriéristes, les Milliet, Giard et Brière, 1915 et 1916. Cette édition illustrée en deux volumes reprend le texte publié dans les Cahiers de la Quinzaine, en 1910. Les citations de P. Milliet qui suivent sont tirées de ce livre, ainsi que les portraits.

[2Maurice Agulhon, 1848, ou l’apprentissage de la République, Paris, Le Seuil, 1992.

[3Carpantier est le nom patronymique de la pédagogue Marie Pape-Carpantier, cf la notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire biographique du fouriérisme.

[4Rappelons que la Savoie n’est rattachée à la France qu’en 1860.

[5Paul Milliet ne précise pas à quelle date ni pour combien de temps.

[6Archives de Condé, Registre des syndics de la Société civile immobilière, délibération du 6 juillet 1862.

[7Archives de Condé, Registre des syndics de la Société civile immobilière, 1860-1877.

[8Archives nationales, 14 AS 6, Congrès phalanstérien des 25, 26 et 27 avril ; Ecole normale supérieure, fonds Considerant, Carton 10, dossier 3, chemise 1, circulaire du comité d’exécution du 20 mai 1872.

[9Archives de la préfecture de police, BA 1035, rapport de police du 10 avril.

[10Paul Milliet, op.cit.,vol. II, p. 261.


Ressources

Sources

Etat civil de la section sud du Mans, naissances, 1822 (en ligne sur le site des archives départementales de la Sarthe).
Etat-civil du 5e arrondissement de Paris, décès, 1893 (en ligne sur le site des archives de la Seine).
Archives de Condé, Registre des syndics de la Société civile immobilière, délibération du 6 juillet 1862, et plus généralement années 1860-1877.
Archives nationales, 14 AS 6, Congrès phalanstérien des 25, 26 et 27 avril 1872 ; Ecole normale supérieure, fonds Considerant, Carton 10, dossier 3, chemise 1, circulaire du comité d’exécution du 20 mai 1872.
Archives de la préfecture de police, BA 1035, rapport de police du 10 avril 1875.
Paul Milliet, Une Famille de républicains fouriéristes, les Milliet, Giard et Brière, 1915 et 1916. Cette édition illustrée en deux volumes reprend le texte dont la publication a commencé dans les Cahiers de la Quinzaine, en 1910.
Caulery Maurice, « Une histoire de la Colonie racontée par Maurice Caullery », www/la.colonie.free.fr.
Archives de Condé, fichier des colons constitué par Danielle Duizabo.

Bibliographie

Saffrey Alfred, « Paul Milliet, une famille de républicains fouriéristes », Feuillets des Amitiés Charles Péguy, 166, 15 mars 1971.


Index

Lieux : Bonneville, Haute-Savoie - Condé-sur-Vesgre, Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines - Genève, Suisse - Le Mans, Sarthe - Paris, Seine - Samoëns, Haute-Savoie

Notions : Banquets - Exil - Femmes (genre) - Groupe local

Pour citer cette notice

COSNIER Colette, DESMARS Bernard, « Milliet, Louise, née de Tucé », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en mars 2011 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article857 (consultée le 23 mars 2023).

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