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Colas, (Louis-) Alphonse, parfois nommé Colas aîné
Article mis en ligne le 10 décembre 2010
dernière modification le 25 décembre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 10 avril 1810 à Montiers sur Saulx (Meuse), décédé le 21 février 1880 au même lieu. Maître de forges. Conseiller général. Actionnaire de Réunion (Texas)

Petit-fils et fils d’un maître de forge, Alphonse Colas hérite avec son frère Marcel de l’entreprise paternelle, et aussi d’une position de notable, leur père, décédé en novembre 1848, ayant été maire de sa commune et conseiller d’arrondissement pour le canton de Montiers-sur-Saulx, ainsi qu’un employeur philanthrope ou paternaliste pour ses employés et ses administrés [1]. Ils demeurent près de l’entreprise, au lieu-dit le Fourneau, dans un édifice qualifié de château [2]. Ils acquièrent dans les années 1850 de nouvelles forges dans le département de la Haute-Marne, qu’ils transforment en fonderies. La société Colas frères connaît son apogée au début des années 1870 ; mais elle éprouve à la fin de la décennie des difficultés économiques qui entraînent, peu après la mort de Louis-Alphonse, la liquidation de l’entreprise, mise en vente en 1881.
Alphonse Colas s’était présenté aux élections cantonales pour le conseil général de la Meuse en juillet 1848, mais avait été battu, alors que son frère est élu au conseil municipal et au conseil d’arrondissement au début de l’année 1849. Lui-même entre au conseil général lors d’une élection cantonale partielle en 1859 ; il est alors le « candidat officiel » qui bénéficie du soutien de la préfecture [3]. Il est réélu en 1864, mais doit abandonner son siège à la suite des élections cantonales de 1871 ; il échoue à nouveau lors d’une élection cantonale partielle en 1873. A chaque fois, ses professions de foi ne déclinent pas véritablement un programme politique, mais insistent sur son enracinement local et sur son dévouement à son canton... En 1873, son adversaire est Ernest Picard, ancien député de l’opposition au Second Empire, membre du gouvernement provisoire après la chute de Napoléon III, républicain modéré proche de Thiers. Colas se retrouve soutenu par les milieux conservateurs et antirépublicains, et notamment par L’Echo de l’Est, très favorable à Marc Mahon et à l’Ordre moral [4].
Dans ce parcours politique, on ne voit guère de traces d’une adhésion aux idées phalanstériennes. Alphonse Colas est pourtant un disciple de Fourier. Au milieu des années 1850, il participe à l’aventure de Réunion, au Texas ; comme actionnaire de la Société de colonisation européo-américaine ; puis comme colon de Réunion, où il travaille comme géomètre ; son nom - « Colas aîné » - figure sur le rôle des présents à la colonie, le 16 mai 1855. Son séjour y est cependant bref ; début août, il quitte Réunion avec un groupe de Belges ; il est alors qualifié de « pédant vaniteux » par François Cantagrel, directeur de la Société. Il est très vraisemblablement l’auteur du pamphlet publié sous le couvert de l’anonymat, Au Texas !! Ou exposé fidèle des hauts faits de science sociale, exécutés par les grands hommes de la Phalange et de la Démocratie pacifique dans le nouveau monde, publié sous le couvert de l’anonymat [5]. Colas y critique le pouvoir de Victor Considerant qu’il traite de « pacha » [6].
Il ne rompt cependant pas avec le mouvement phalanstérien : lors de la reconstitution de l’Ecole sociétaire autour de François Barrier, au milieu des années 1860, il est l’un des 48 actionnaires de la librairie des sciences sociales (acte de société de 1866) ; quand la société en commandite devient une société anonyme, en 1870, il garde ses parts, qui s’élèvent à 500 francs. Dans les années 1870, il est abonné au Bulletin du mouvement social.