Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Blaison, Jean-Baptiste (parfois Blaizon)
Article mis en ligne le 5 décembre 2010
dernière modification le 12 juillet 2021

par Sosnowski, Jean-Claude

Né vers 1820. Cuisinier. Tenancier du « Petit café phalanstérien » à Paris. Administrateur de l’Union des Associations ouvrières en 1849.

Cuisinier, il tient le « Petit Café phalanstérien », situé 12 rue des fourreurs, près de la place Sainte-Opportune à Paris. Plusieurs annonces publicitaires sont insérées dans la Démocratie Pacifique en 1847 et 1848. Elles sont repérées comme émanant d’un « phalanstérien dévoué » [1] par le signe distinctif « ⁂ ». « On trouve à lire [au Petit café phalanstérien] la Démocratie pacifique et les principaux livres phalanstériens, et tous les nouveaux ouvrages ».

Le Petit café phalanstérien de Blaison
La Démocratie pacifique, 9 janvier 1848

Membre de l’Association fraternelle des cuisiniers réunis de la Barrière des Amandiers, il est délégué à l’Union des Associations ouvrières fondée officiellement le 5 octobre 1849 par les représentants de cent quatre associations. Cette union a pour objectif de fédérer les associations de producteurs et de consommateurs. Établie sous la forme d’un contrat commercial, l’union n’est néanmoins pas une association commerciale. Il s’agit de favoriser la mutualité du travail et du crédit. Bien que constituée légalement, les tracasseries policières se multiplient. Le 29 mai 1850, la police perquisitionne au siège de l’Union. Administrateur, Blaison est parmi les membres de l’Union arrêtés pour complot, détention et fabrication de munitions de guerre, crime politique caractérisé mais inculpation transformée en simple délit de réunion publique à caractère politique. Les délégués des associations subissent pour certains plus de cinq mois de détention préventive. Le 12 novembre suivant, les prévenus passent durant trois jours devant la Cour d’assises de la Seine.

Le président du tribunal tente de faire apparaître que le contrat d’union ne faisait que dissimuler des liens avec les différentes écoles socialistes et s’avère donc être une fraude à la loi. Il rappelle que Blaison, à l’occasion de réunions antérieures, lors de scrutins « où les voix se balançaient », avait proposé « pour sortir d’embarras, de [s’]adresser aux docteurs de la science socialiste qui [auraient] départagés ». Selon les rapports du comité d’enquête interne à l’Union, établis lors de sa constitution afin d’examiner la valeur des délégués, rapports saisis lors de la perquisition de mai 1850, il est qualifié de « bon démocrate, [ayant] bonne moralité » et apparaît comme étant chargé des contacts avec Proudhon.

Malgré l’allocution finale de Delbrouck, également inculpé, qui reprenant la déclaration de principe de l’Union, démontre selon Allyre Bureau que les délégués des associations ouvrières n’avaient d’autre but que « d’établir entre elles la solidarité [...], d’établir entre elles des procédés d’échanges et de crédit mutuel [...] et qu’ils entendaient se renfermer exclusivement dans la sphère de l’expérimentation pratique des procédés d’association », les prévenus, sauf quatre acquittés, sont condamnés à des peines de trois mois à quatre ans de prison. Jean-Baptiste Blaison doit subir « un an de prison, 5 ans d’interdiction de droits civiques et 300 fr. d’amende », étant l’un des fondateurs et chefs de ces réunions interdites. Le pourvoi en cassation collectif, dont les délibérés sont rendus le 4 janvier, ne change rien à la peine.

Incarcéré à Belle-Ile, « infernale maison qui sera à jamais maudite », selon les propos de Vauthier à Victor Schoelcher, Blaison s’implique dans la résistance interne. Dans une lettre collective du 24 octobre 1851 cosignée par Jean-Baptiste Girard, Joseph-Louis Delbrouck et Rupert, adressée à Billot, ancien délégué des cordonniers à la Fédération ouvrière, incarcéré également à Belle-Ile, Blaison, qui pourtant s’était proclamé « communiste » comme tous ses condisciples lors du procès, continue à s’affirmer fouriériste comme Rupert. Il signe alors « Blaizon, phalanstérien ».