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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

132-133
PONSARDIN Mickaël : Lyon et le Spiritisme (2004)
Editions Philman
Article mis en ligne le 23 février 2010
dernière modification le 5 janvier 2011

par Andro, Denis

Ecrite par un protagoniste de l’actuel mouvement spirite français et publiée par une maison d’édition de la « doctrine », cette étude - préfacée par le Commissaire de l’exposition « Lyon, coeur du Spiritisme » organisée à la Bibliothèque municipale de Lyon en 2004-2005 -, participe d’un mouvement de retour, dans ce milieu, pour un patrimoine par ailleurs il y a peu encore méconnu ou déconsidéré, et que les travaux de Christine Bergé et de Nicole Edelman (cités) ont contribué à faire connaître. L’auteur brosse un tableau chronologique détaillé de la diffusion du spiritisme dans la ville de naissance d’Hippolyte Léon Denizard Rivail-Allan Kardec (1804-1869) après la publication du Livre des Esprits en 1857 ; il y connaît aussitôt un succès considérable, avec 10 000 adeptes vers 1862 (soit 10% de la population lyonnaise), « la grande majorité d’entre eux des ouvriers, le plus souvent des canuts ». Cette séquence, rapportée à la crise de la soierie sur un prolétariat très pauvre qui s’éloigne de l’Eglise compromise dans son soutien à l’Empire, trop rapidement mise en perspective avec l’autre grand foyer de diffusion du spiritisme - chez les mineurs du Nord -, doit être rappelée pour cerner les enjeux de ces pratiques ouvrières ouvertes sur, et par, les messages de l’au-delà - la fraternité terrestre est, on le sait, une conséquence de la théorie spirite de la progression des Esprits (« hors la charité, point de salut ») ; il serait fructueux de la situer parmi les autres formes de solidarité (fouriérisme, proudhonisme), dans un jeu d’influences et de renvois (La Revue spirite, ainsi, a parfois soutenu les phalanstères). La police en a eu du reste l’intuition, qui surveillait étroitement ce réseau. Si cette vague ira déclinant de façon sensible - l’Ordre Moral y contribue, quand « après chaque réunion les communications étaient brûlées, pour ne laisser aucune trace en cas de perquisition » - le mouvement s’organise cependant à travers de nombreux groupes, une presse (La Paix universelle en 1891, Source de Vie Eternelle. Bulletin mensuel des Invisibles à leurs frères terriens en 1909) et une Fédération Spirite Lyonnaise active de 1884 à 1935. Elle défendra la morale du kardécisme contre la clairvoyance tarifée ; elle aura également une activité sociale, dont la création d’une caisse de secours mutuel et, en 1904, à l’initiative de deux médiums recevant de l’Invisible leurs instructions, celle d’une crèche spirite, « sans distinction de culte et de nationalité » est-il précisé, à laquelle la Ville de Lyon fournira gratuitement le lait. L’auteur fait le portrait des acteurs - comme Henri Sausse - de ce mouvement qui a marqué l’histoire locale ; et il retrace les activités proprement spirites à travers des comptes rendus de séances : « désobsession », « matérialisations » d’objets, notamment de fleurs. Un travail stimulant.