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PONSARDIN Mickaël : Lyon et le Spiritisme (2004)
Editions Philman

Denis Andro  |  2009 / n° 20 |  février 2010



Index

Lieux : Lyon, Rhône

Notions : Esotérisme - Spiritisme

Personnes : Kardec, Allan - Ponsardin, Mickaël - Sausse, Henri

Pour citer ce document

ANDRO Denis , « PONSARDIN Mickaël : Lyon et le Spiritisme (2004). Editions Philman  », Cahiers Charles Fourier , 2009 / n° 20 , en ligne : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article728 (consulté le 25 mai 2023).

Texte intégral

Ecrite par un protagoniste de l’actuel mouvement spirite français et publiée par une maison d’édition de la « doctrine », cette étude - préfacée par le Commissaire de l’exposition « Lyon, coeur du Spiritisme » organisée à la Bibliothèque municipale de Lyon en 2004-2005 -, participe d’un mouvement de retour, dans ce milieu, pour un patrimoine par ailleurs il y a peu encore méconnu ou déconsidéré, et que les travaux de Christine Bergé et de Nicole Edelman (cités) ont contribué à faire connaître. L’auteur brosse un tableau chronologique détaillé de la diffusion du spiritisme dans la ville de naissance d’Hippolyte Léon Denizard Rivail-Allan Kardec (1804-1869) après la publication du Livre des Esprits en 1857 ; il y connaît aussitôt un succès considérable, avec 10 000 adeptes vers 1862 (soit 10% de la population lyonnaise), « la grande majorité d’entre eux des ouvriers, le plus souvent des canuts ». Cette séquence, rapportée à la crise de la soierie sur un prolétariat très pauvre qui s’éloigne de l’Eglise compromise dans son soutien à l’Empire, trop rapidement mise en perspective avec l’autre grand foyer de diffusion du spiritisme - chez les mineurs du Nord -, doit être rappelée pour cerner les enjeux de ces pratiques ouvrières ouvertes sur, et par, les messages de l’au-delà - la fraternité terrestre est, on le sait, une conséquence de la théorie spirite de la progression des Esprits (« hors la charité, point de salut ») ; il serait fructueux de la situer parmi les autres formes de solidarité (fouriérisme, proudhonisme), dans un jeu d’influences et de renvois (La Revue spirite, ainsi, a parfois soutenu les phalanstères). La police en a eu du reste l’intuition, qui surveillait étroitement ce réseau. Si cette vague ira déclinant de façon sensible - l’Ordre Moral y contribue, quand « après chaque réunion les communications étaient brûlées, pour ne laisser aucune trace en cas de perquisition » - le mouvement s’organise cependant à travers de nombreux groupes, une presse (La Paix universelle en 1891, Source de Vie Eternelle. Bulletin mensuel des Invisibles à leurs frères terriens en 1909) et une Fédération Spirite Lyonnaise active de 1884 à 1935. Elle défendra la morale du kardécisme contre la clairvoyance tarifée ; elle aura également une activité sociale, dont la création d’une caisse de secours mutuel et, en 1904, à l’initiative de deux médiums recevant de l’Invisible leurs instructions, celle d’une crèche spirite, « sans distinction de culte et de nationalité » est-il précisé, à laquelle la Ville de Lyon fournira gratuitement le lait. L’auteur fait le portrait des acteurs - comme Henri Sausse - de ce mouvement qui a marqué l’histoire locale ; et il retrace les activités proprement spirites à travers des comptes rendus de séances : « désobsession », « matérialisations » d’objets, notamment de fleurs. Un travail stimulant.


Denis Andro

Denis Andro travaille dans une administration communale dans le domaine de l’intervention sociale. Il s’intéresse aux liens entre l’histoire de l’occultisme et celle du mouvement social à travers des figures investies dans les deux domaines, qui l’ont conduit à croiser les influences utopistes, notamment fouriéristes. Il a collaboré au Journal des Anthropologues, à Gavroche, au Dictionnaire biographique du fouriérisme (notice François Jollivet Castelot).


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