Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Batilliat (Jean-) Sizoï
Article mis en ligne le 9 mai 2009
dernière modification le 4 février 2016

par Sosnowski, Jean-Claude

Pharmacien. Né le 5 juillet 1815 et décédé le 17 janvier 1880 à Mâcon (Saône-et-Loire). Membre de l’Union harmonienne. Conseiller municipal et d’arrondissement de Mâcon (Saône-et-Loire) sous la Troisième République. Fondateur d’un « cercle des Travailleurs ». Franc-maçon.

Sizoï Batilliat est le fils du pharmacien et chimiste Pierre Batilliat, membre de l’administration centrale provisoire du département de la Saône-et-Loire en 1830, opposant de gauche sous la monarchie de Juillet, célèbre dans le milieu viticole pour ses travaux sur la vigne et le vin dont un traité sur la destruction de la pyrale de la vigne d’après le procédé de Raclet [1].
Il participe au congrès phalanstérien de Cluny le 28 août 1839 et prononce un toast : « A nos enfants ! Plus heureux que nous, ils verront un phalanstère » [2]. Correspondant et membre de l’Union harmonienne, Sizoï Batilliat réside en 1840, rue des Selliers à Mâcon, date à laquelle il débute des études de pharmacie. Après sept années de stage auprès de son père, stage entrecoupé de deux embarquements dans la marine marchande et d’un engagement volontaire dans l’armée coloniale en Algérie, Sizoï Batilliat accède au brevet de seconde classe de pharmacien en 1847.
Excellent orateur, il milite ardemment dans les clubs de Mâcon durant la Seconde République. Il est tout d’abord vice-président de l’Assemblée électorale démocratique fondée salle du Manège, rue de la Prison, en vue des élections à la Constituante, assemblée transformée en club du Manège. Le 29 janvier 1849, il y prononce un discours qualifié d’excitation « à la désobéissance aux lois et à la haine des riches » pour lequel il est inculpé mais acquitté par le tribunal de Chalon-sur-Saône. Le 13 juin, un nouveau discours de provocation « à un attentat, non suivi d’effet, ayant pour but d’exciter à la guerre civile en armant ou portant les citoyens à s’armer les uns contre les autres » le conduit devant la Cour d’assises de Dijon. Il est condamné à quatre ans de prison, 2 000 francs d’amende et un tiers des frais par arrêt du 3 décembre 1849. La Cour d’assises de la Côte-d’Or le condamne également le 6 décembre à un an d’emprisonnement, 500 francs d’amende et un sixième des frais pour avoir, le 15 juin lors d’une réunion publique, suite à l’insurrection de Lyon, « provoqué à un attentat ayant pour but de détruire ou changer le gouvernement, [et] à des attroupements de nature à troubler la paix publique ». Le procureur considère qu’il est « un homme d’une exaltation extrême, c’est le chef des démagogues ». Incarcéré à Belle-Ile, il ne peut assister aux obsèques de son père décédé en août 1851, obsèques qui donnent lieu à un rassemblement de près de 2 000 personnes venues de tout le département. La troupe doit intervenir suite à l’éloge prononcé par l’avocat phalanstérien Emile Perusson.
Libéré au terme de sa peine en 1854, Sizoï Batilliat reprend l’officine de son père. Il se marie avec Benoîte Hélène Bertrand. Le couple a deux enfants, Antoine Armand, né en 1857 et (Jeanne) Marie-Julie, née en 1858. En 1863, il devient vice-président des pharmaciens de l’Est, en 1868, président de l’Amicale des anciens élèves du Lycée Lamartine de Mâcon. Il est initié à la Loge « Les Arts réunis », Grand Orient de France à Mâcon, atelier que dirige depuis 1855 son ami François Martin, organisateur des banquets radicaux de 1847.
Le 12 juillet 1870, Sizoï Batilliat devient commandant de la Garde nationale de Mâcon. Il préside la Commission provisoire départementale nommée par le Conseil municipal de la ville, le 4 septembre 1870. Il est élu conseiller municipal de Mâcon sur la liste démocratique de l’Alliance républicaine et du Comité radical, comité auquel il appartient d’après la liste des conseillers municipaux élus le 30 avril 1871. Il est réélu en 1874 et 1878. En 1877, il fonde un « Cercle des travailleurs » dont l’objectif est de développer l’instruction des travailleurs manuels. Celui-ci est dissout six ans plus tard, en raison des divergences dues à l’entrée massive d’ouvriers favorables au socialisme. En 1878, il est élu conseiller d’arrondissement.
Ses obsèques civiles donnent lieu à un rassemblement aussi mémorable que lors de celles de son père. François Martin, maire de Mâcon rappelle alors ses convictions républicaines et dit de lui qu’« il n’aimait pas les abstractions, ni les chimères philosophiques ; une seule chose comptait pour lui : la liberté ».