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97-98
MICHAUD Stéphane (éd.) : Flora Tristan, la Paria et son rêve (1995)

Correspondance établie par Stéphane MICHAUD, Fontenay/Saint-Cloud, ENS Éditions,1995. 302 p.

Article mis en ligne le décembre 1995
dernière modification le 17 septembre 2004

par Cordillot, Michel

Lorsque l’on évoque Flora Tristan (1803-1844), héroïque pionnière de la question sociale et de la cause des femmes, c’est d’abord l’hommage que lui a rendu André Breton qui vient à l’esprit : “Il n’est peut-être pas de destinée féminine qui, au firmament de l’esprit, laisse un sillage aussi long et aussi lumineux.”. À l’occasion du cent-cinquantenaire de sa disparition, Stéphane Michaud nous fait pour sa part le somptueux cadeau d’une édition pratiquement définitive de sa correspondance. On y trouvera plusieurs dizaines de documents jusqu’alors inédits, mis en valeur par un appareil critique soigné.

C’est vers 1835, par suite d’une série de revers de fortune dus au décès prématuré de son père alors qu’elle n’a que quatre ans, décès auquel fera suite le refus de sa famille péruvienne de reconnaître ses droits, et après un mariage désastreux, que Flora Tristan, révoltée, va décider de se faire le porte parole des exclus. Elle prend langue avec les différentes écoles socialistes, contacte les saint-simoniens, Fourier et Owen. Bientôt elle concevra son propre projet d’émancipation sociale, l’Union ouvrière (1843), et se jettera à corps perdu dans une tentative d’organiser les ouvriers au cours d’un Tour de France épuisant qu’elle n’achèvera pas. Parmi ses correspondants, nombre sont des personnages de tout premier plan, tels Armand Barbès, Lamartine, George Sand ou encore Agricol Perdiguier ; on relève également parmi eux les noms de Fourier, Victor Considerant, ou encore Eugénie Niboyet. Mais, chose encore plus remarquable, Flora sait amener les plus humbles à s’exprimer, à parler sans fard et sans filtre. De nombreuses correspondances d’ouvriers et de militants livrent au lecteur la parole ouvrière dans sa forme la plus authentique car la plus intime et la moins convenue.

Pour mieux donner à entendre cette voix que d’aucuns tentèrent d’étouffer tant elle dérangeait, Stéphane Michaud a choisi de croiser la parole de Flora Tristan et celle de ses correspondants en ajoutant aux lettres envoyées par elle celles reçues des quatre coins de l’hexagone. On voit ainsi s’élaborer et se préciser non pas une doctrine, mais une pensée en prise étroite avec l’action pour défendre les opprimés, femmes ou ouvriers. S’y révèle également la personnalité de Flora Tristan dans sa plénitude, avec ses côtés parfois insupportables d’autoritarisme et de narcissisme, mais aussi une fragilité secrète, une générosité et une détermination sans faille.

Ne cherchant jamais à idéaliser son personnage, auquel il reconnaît le droit d’avoir, comme tout un chacun, ses contradictions, Stéphane Michaud s’est avant tout efforcé de faire œuvre de vérité en donnant au lecteur les moyens de juger sur pièce. C’est peu dire que ce dernier sera comblé par le résultat final.


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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