Le livre de Maria Monetti consacré à la dynamique des passions chez Charles Fourier, se développe autour de trois grands axes.
Le premier aborde la théorie de l’histoire. L’auteur remarque combien l’idée même de progrès a toujours été renvoyée et ridiculisée par Fourier. Mais jamais celui-ci ne s’attarde à apporter des arguments critiques. Un élément de réponse à ce manque se trouve dans l’évidente signification du terme qui la désigne : la perfectibilité. Il semble manifeste pour Fourier que l’analyse du présent suffit à démentir toutes les croyances en une éventuelle perfectibilité. Mais là où Fourier se contente d’énoncer une fin de non recevoir, l’auteur voit comme une lacune qu’elle se propose de réduire. Fourier omettrait de considérer que son objet n’est que l’abouti d’une lente progression par étape (Rousseau, Condorcet, Comte).
Le second, où les arguments de Fourier se suffiraient à eux-mêmes, évite la confrontation aux autres penseurs. Il s’agit d’y aborder la critique fouriériste de la société bourgeoise et de ses idéologies.
Le troisième, qui passe par le recours à Marx, expose la théorie des passions et de l’ordre nouveau qui devrait en découler. Et c’est dans ce qui le distingue des conceptions anarchistes (“l’anarchie sociale est toujours le produit d’une répression des passions”) que Fourier peut être envisagé comme seul authentique penseur de l’utopie.
Louis Ucciani enseigne la philosophie à l’Université de Franche-Comté. Il collabore depuis leur création aux Cahiers Charles Fourier. Ses axes de recherche récents interrogent la genèse et la structure de l’art contemporain. Il a notamment publié Charles Fourier ou la peur de la raison (Paris, Kimé, 2000) ou encore de Saint-Augustin ou le livre du Moi (1998). Dernier ouvrage paru : Le geste du peintre (2003).
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