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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

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CETTI Laura : Un Falansterio a New York. L’Unitary Household (1858-1860) e il riformismo prebellico american (1992)
Palerme, Sellerio, 1992. 122 p.
Article mis en ligne le décembre 1992
dernière modification le 4 avril 2007

par Cordillot, Michel

Comme l’admet d’emblée l’auteur (p. 12), il y a sans doute quelque excès à qualifier de “ phalanstère ” cette expérience d’habitation communautaire qui dura deux années et rassembla au total une centaine de participants installés dans trois immeubles de New York. L’intérêt offert par cet épisode peu connu de l’histoire du fouriérisme aux États-Unis n’en est pas pour autant diminué.

Seule expérience fouriériste tentée en milieu urbain, l’Unitary household fut “une expérience modeste, qui avait comme seul but de donner au monde une petite leçon en matière "d’art de vivre" : démontrer les avantages économiques de l’association en abritant sous le même toit plusieurs familles qui partageaient les dépenses.” (pp. 96-97). Fondé à l’initiative et sous la responsabilité personnelle d’Edward Unterhill, cet essai de communauté était en soi assez éloigné des modèles élaborés par Fourier lui-même ; mais instruits par la longue litanie des échecs des différentes phalanges, ses promoteurs s’étaient accordé à réviser leurs objectifs à la baisse, afin de mettre toutes les chances de leur côté.

Ces derniers étaient en effet pour beaucoup des rescapés des diverses expériences radicales des dix années précédentes, et l’immense intérêt de ce dernier projet, lancé à la veille de la guerre de Sécession qui allait déchirer les États-Unis, est qu’il se situa au carrefour de tous les grands mouvements de réforme de la période : à travers ses participants - parmi lesquels des personnages-clef comme A. Brisbane, Stephen Pearl Andrews, Julia Branch, Henry Clapp et d’autres encore - l’Unitary household appartient simultanément à l’histoire du fouriérisme, mais aussi du féminisme, de l’abolitionnisme, du spiritisme, du journalisme d’avant-garde et du mouvement pour l’amour libre. Cette expérience fut aussi comme un trait-d’union entre les mouvements réformistes d’avant-guerre et ceux d’après-guerre, puisque l’on retrouvera certains de ses participants dans la Première Internationale (Stephen Pearl Andrew), ou encore dans le mouvement des Granges (Mary Stephens et Edward Howland).

Reposant sur une bonne connaissance du contexte et des faits, ce petit livre apporte d’intéressants compléments à l’ouvrage de C. Guarneri (dont l’auteur n’a pas eu connaissance), ce qui n’est pas un mince compliment.