On ne peut parler pour le Jura d’un fouriérisme bien vivant au tournant des XIXe et XXe siècles, mais plutôt d’une mémoire entretenue, de références, d’une influence diffuse via le syndicalisme paysan naissant ou les fruitières fromagères et viticoles. Deux députés du Jura entretiennent la flamme. Victor Poupin (1838-1906) lié à la ligue de l’enseignement, proche de Wladimir Gagneur, publie en 1892 dans La démocratie jurassienne un dernier texte de Considerant intitulé « le problème social ». Georges Trouillot (1851-1916), rapporteur de la loi sur les associations de 1901, patronne l’association pour l’édification d’une sculpture à la mémoire de Considerant à Salins. Militants laïques, ils trouvent peut-être dans cette référence une dimension morale et sociale dont la République laïque en construction a besoin.
Michel Vernus, professeur honoraire de l’université de Franche-Comté, est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Victor Considerant, le cœur et la raison (1993). A travers les objets, la vie quotidienne, les biographies, les groupes sociaux, il s’intéresse à l’évolution des idées, aux représentations que construisent les hommes au cours de leurs trajectoires individuelles et collectives.
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