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RUGGIERO Alessandro, AMPRIMOZ François-Xavier, VOLPI Alessandro : Un cicle decorative fourierista, nella sede del Consiglio Notarile di Firenze (2004)
Florence, Edizioni Polistampa, 2004, 104 p.
Article mis en ligne le 15 décembre 2007
dernière modification le 7 avril 2008

par Ucciani, Louis

Si la cheminée de Ottin occupe une si bonne place dans le travail de Mc William, on le doit à la recherche de F.X. Amprimoz qui lui consacra un article publié dans La Revue de l’art (n° 4, 1980). Cet article, « Un cycle décoratif fouriériste à Florence » est ici repris en italien et forme l’ossature de l’ouvrage, dirigé par Alessandro Ruggiero, réalisé à l’occasion de son départ à la retraite, dans une édition « hors commerce ». Dans la préface Ruggiero rapporte comment en 1968 il s’inscrit comme notaire à Florence, reçu par son président de l’époque qui lui vante les mérites du nouveau siège, où il aperçoit ce qu’il croit être un monument funéraire ; « ce n’est que deux mois après, de retour pour une réunion, que j’ai pu admirer dans toute sa splendeur la décoration picturale des murs, en identifiant bien tout cela à un chemin monumental, tenu par statue et bas-reliefs finement sculptés. Demeurait le mystère du buste. J’ai pensé qu’il pouvait s’agir de Vittorio Alfieri, mais évidemment je faisais erreur » (p. 10). Ce n’est qu’en 1980, à la suite de l’article de Amprimoz, que le mystère du buste est levé. Tout débute, rappelle Amprimoz, lors d’un voyage en Italie de François Sabatier accompagné de deux amis peintres, Auguste Bouquet et Edmond Wagrez, en 1839. À Rome, François Sabatier tombe amoureux de Carolina Ungher, célèbre cantatrice qui vit à Florence, chez ses parents. Il l’épouse en 1841. Le couple sans enfant adopte, à la mort de son père, la fille d’Auguste Bouquet, Luisa. Le couple vit entre tournées, voyages d’études et implication politique, entre France et Italie. Après avoir situé les personnages, l’auteur aborde plus particulièrement les travaux de restauration décidés dans le palais de Florence. Une lettre d’Ottin à Sabatier (17 décembre 1840) en fait mention ; il y demande l’accord scellé de deux billets de 1000 francs, pour commencer l’étude : « je vous enverrai alors immédiatement à vous et à Papety, le dessein du projet pensé, Bouquet et moi... » (p. 49). En 1842, la correspondance montre les difficultés à mettre en place le projet ; s’appuyant sur cette correspondance et sur les registres des voyageurs entre France et Italie, l’auteur retrace l’aventure de ce cycle décoratif. Ainsi Papety, après 1842, retourne à Florence en 1845, 1846, 1847. Ottin quant à lui n’y aurait séjourné qu’en novembre 1840. Outre la présentation des différents protagonistes, Amprimoz décrit assez précisément le mouvement. Dans son analyse sont réquisitionnés Laverdant et Sabatier (« De nos jours l’art doit être l’expression d’une idée, et d’une idée qui est véritablement nôtre », p. 78). Quant aux références artistiques, outre donc ce qui viendrait de la culture classique de Sabatier, Amprimoz fait la remarque suivante : « N’oublions pas le dessin à la plume de Paul Chenavard, La Palingénésie sociale [...] daté, Rome 1832-33, acquis par Sabatier. Ce dessin propose un thème parallèle » (p. 80). Il reste que si l’idée de cycle n’est pas nouvelle, « le salon des Sabatier demeure une des rares réalisations artistiques qui exprime pleinement la pensée de ces quelques disciples de Fourier désireux de changer la société, en mettant au jour pour tenter de les résoudre les grands problèmes de l’humanité » (p. 81). Un troisième chapitre confié par Ruggiero à Alessandro Volpi, envisage si les idées de Fourier avaient pu à l’époque atteindre la Toscane. Entreprise difficile, note d’entrée Volpi. C’est un détour étrange qui permet de penser l’influence, celui de la finance et de la banque (p. 85) : « le marquis Ridolfi et le baron Bettino Ricasoli avaient été très marqués par les théories bureaucratiques de Giuseppe Corvapa [...] influencé par Fourier ». Quant au juriste Federigo Del Roso, il considère dans son Journal toscan de sciences morales, sociales, historiques et philologiques que l’erreur de Fourier a été de combiner d’intéressantes formules sur la société aux mirages de la religion matérialiste (p. 88). Les deux grands penseurs toscans du mouvement démocratique, Guerappi et Montanelli, bien que connaissant Fourier, n’y font pas référence.