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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Boulanger, (François Louis) Florimond
Article mis en ligne le 8 février 2008
dernière modification le 20 novembre 2013

par Desmars, Bernard

Né le 26 novembre 1807 à Douai (Nord), mort le 12 avril 1875 à Paris. Architecte.

Florimond Boulanger naît à Douai où son père dirige l’Ecole normale du département du Nord (après avoir été professeur au lycée de Lille et avoir travaillé au ministère de l’Instruction publique). A partir de 1830, il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts à Paris où il s’intéresse surtout à l’architecture ; il y obtient plusieurs récompenses dont, à la fin de sa scolarité, en 1836, un premier prix décerné à un projet de « Palais pour l’exposition des arts de l’industrie ». Grâce à cela, il devient pensionnaire de l’Ecole de Rome et séjourne à la Villa Médicis de la fin de l’année 1836 jusqu’en 1842 ; il réalise de nombreux relevés et dessins sur des monuments antiques de Rome, de Pompéi...
Il découvre le fouriérisme lors de ce séjour romain - où il peut fréquenter le peintre Dominique Papety, pensionnaire de la Villa Médicis au même moment et auteur du Rêve de bonheur ; et désormais, « sa pensée exclusive, son idée fixe fut, tout en se livrant à ses études favorites, d’acquérir une fortune, non pas dans des vues de jouissances égoïstes et de satisfactions vaniteuses, mais afin de la consacrer tout entière à propager la connaissance de la théorie de l’association et à préparer les moyens de la réaliser dans l’intérêt et pour le bien de toutes les classes de la société », écrit l’auteur d’un bref récit biographique, juste après le décès de Boulanger. En 1876, Pellarin indique que la « vénération [de Boulanger] pour Fourier était un véritable culte. Suivant lui, dans toute l’œuvre du Maître, il n’y avait pas une ligne, pas une seule, qui ne dût être tenue sacro-sainte et indiscutable ».
Ses dernières productions artistiques romaines sont mal accueillies par l’Académie des Beaux-Arts. Boulanger part en Grèce où il demeure pendant environ trente ans. En 1845, il est à Athènes, chargé par le ministère de l’Intérieur de « relever le plan de tous les édifices légués par l’Antiquité grecque » ; il peut y fréquenter d’autres phalanstériens, dont la conduite inquiète d’ailleurs le Consul de France à la fin des années 1840. En 1847, Boulanger écrit au président du conseil des ministres de la Grèce et lui suggère plusieurs réformes sociales capables d’assurer « le bonheur de tous », dont la création de coopératives. Il continue son activité professionnelle ; il participe, souvent en collaboration avec d’autres architectes, à l’élaboration de plans de construction ou d’aménagement de divers édifices athéniens (le parlement, l’achèvement de l’université, de la nouvelle cathédrale, du palais des Expositions...). Dans les années 1850, il est également examinateur à l’Ecole polytechnique d’Athènes.
Au début de l’année 1870, il est l’un des actionnaires de la Société anonyme qui possède et exploite la Librairie des sciences sociales ; quoique résidant à Athènes, il fait également partie du Cercle parisien des familles fondé par des membres de l’Ecole sociétaire pour créer un lieu de réunion et de loisirs ouvert à des non fouriéristes ; la même année 1870, dans un toast lu au banquet du 7 avril, il appelle ses condisciples à établir un « champ de manœuvres » sur lequel serait tenté l’essai phalanstérien. Au printemps 1872, il publie une brochure exposant un « projet de solidarité entre les disciples de Fourier et de réalisation prochaine d’un essai sociétaire ». Ce texte, précédé de la reproduction d’une lettre de Just Muiron approuvant la démarche de Boulanger, invite les fouriéristes à établir « le plus promptement possible le champ de manœuvre, qui sera la base réelle de tous les efforts actifs des phalanstériens pour arriver dans un temps donné et prochain à un essai définitif d’une association intégrale, domestique, agricole, industrielle, du Travail, du Capital et du Talent ». Pour cela, Boulanger envisage la création d’une « caisse d’épargne productive », dans laquelle les militants fouriéristes placeraient des capitaux ; cette société ferait l’acquisition d’un domaine agricole (« 1500 hectares de bonnes terres » situées à proximité de Paris), dont l’exploitation procurerait des revenus aux actionnaires. Cependant, progressivement et sans réduire les dividendes - Boulanger pense qu’il n’est plus possible de compter sur le désintéressement des disciples, qui ont des familles à entretenir et des positions sociales à préserver -, le régime sociétaire serait introduit dans l’exploitation du domaine. De surcroît, ce projet permettrait, affirme son auteur, de réunir des disciples aujourd’hui dispersés, d’éloigner certains de l’action politique, que Boulanger condamne absolument, et de différencier le mouvement fouriériste des « partis socialistes niveleurs, égalitaires, communistes ».
Ce projet, pour lequel Boulanger estime le capital nécessaire à 3 millions de francs - il est prêt lui-même à y investir 50 000 francs -, est présenté lors du congrès phalanstérien des 25-27 avril 1872, parallèlement à ceux de Barat et de Moignieu. Aux organisateurs du banquet fouriériste, organisé le 27, il envoie un toast appelant à l’acquisition rapide de « ce champ de manœuvres pacifiques du premier phalanstère, où toutes les forces, toutes les aspirations viendront se réunir dans une seule et sainte pensée, la réalisation du premier exemple d’harmonie sociale qui doit ouvrir les portes du bonheur de l’humanité et lui faire glorifier les lois divines d’où émanent toutes les harmonies ! » Cependant, le congrès n’a guère d’autres résultats que la création d’un nouvel organe - le Bulletin du mouvement social, auquel Boulanger s’abonne. Le projet de Boulanger est d’ailleurs présenté dans les colonnes de cette revue , mais sans plus de conséquence. Il revient en 1874 en France et, ne parvenant pas à rassembler les fouriéristes derrière son « champ de manœuvres », il soutient financièrement la Maison rurale de Ry, d’Adolphe Jouanne. C’est d’ailleurs à ce dernier établissement qu’il lègue la plus grande partie de sa fortune. Une somme doit aussi être consacrée à la publication de manuscrits de Fourier, opération finalement non réalisée. Peu après sa mort, paraît un ouvrage rassemblant des informations et des documents sur des coopératives textiles de villages thessaliens, qui, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, avaient connu une grande prospérité dans la production et la commercialisation de filés de cotons teints ; il s’agit là pour Boulanger d’affirmer la validité du modèle phalanstérien.