Paris, Gallimard, coll. "Le Cabinet des lettrés", 2006
Gallimard publiant du Fourier par le biais d’une petite collection, est-ce annonce pour le futur des œuvres complètes à la Pléiade ? Il subsiste que ce petit texte publié en annexe des Œuvres complètes de 1842 est un manuscrit retrouvé dans les papiers de Fourier. Il y décline de façon brève et claire ses conceptions sur l’éducation. Le principe serait, envers le petit enfant « d’éduquer le corps avant l’âme et surveiller longtemps les développements du corps. »[p. 10]. Dans le projet harmonique de réaliser « l’esprit d’harmonie mesuré et mathématique [...] caractère de la divinité » [p. 11], il s’agira d’appliquer ce principe divin. Ici donc : « Dieu veut la justesse composée et non pas simple, il veut l’unité composée et non pas simple, puisqu’il veut en matériel comme en spirituel. » [p. 11] Or les voies premières conduisant à l’accord du spirituel et du matériel en mode composé passent par l’opéra [p. 12] et la cuisine [p. 22]. Ces deux occupations habituellement reléguées à d’autres buts en Civilisation, deviennent moteur d’éducation et d’élévation. Fourier l’assène : « Redisons sans cesse que le but de la politique harmonienne étant d’atteindre d’abord à la richesse, par foyer d’attraction elle doit procéder par des méthodes bien opposées aux nôtres, qui ne conduisent qu’à la pauvreté. » [p. 21] Une éducation du renversement pour un monde enfant inversé. Cependant ce petit texte nous laisse quelque peu songeur quand on tente de considérer ce que notre époque fait et de l’opéra et de la cuisine en guise d’inversion...
Louis Ucciani enseigne la philosophie à l’Université de Franche-Comté. Il collabore depuis leur création aux Cahiers Charles Fourier. Ses axes de recherche récents interrogent la genèse et la structure de l’art contemporain. Il a notamment publié Charles Fourier ou la peur de la raison (Paris, Kimé, 2000) ou encore de Saint-Augustin ou le livre du Moi (1998). Dernier ouvrage paru : Le geste du peintre (2003).
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