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104-105
BUCHON Max : Scènes de la vie comtoise (2004)
Sainte-Croix (CH), Presses du Belvédère, 2004, 329 p., présentation par Michel Vernus
Article mis en ligne le décembre 2005
dernière modification le 7 mai 2007

par Dubos, Jean-Claude

Max Buchon (1818-1869) est, avec Xavier Marmier, mais avec plus de réalisme et moins d’attachement absolu aux bons sentiments, le premier des romanciers régionalistes francs-comtois et à ce titre, il ouvre la voie aux Louis Pergaud, Marcel Aymé, Bernard Clavel ou André Besson. Les Presses du Belvédère ont donc eu raison de rééditer ses romans regroupés par lui même sous le titre « Scènes de la vie Comtoise », « Le Matachin » » et « Le Gouffre gourmand » publiés tous les deux dans la Revue des Deux-mondes en 1854 et « Le Fils de l’ex-maire « publié en 1856. Elles en ont confié la présentation à notre collaborateur et ami Michel Vernus, grand connaisseur de la Franche-Comté à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages, et aussi de Max Buchon qu’il a évoqué notamment dans un article paru dans les Cahiers Charles Fourier en 1999 sur la Révolution de 1848 à Salins et à Arbois. Il y citait en particulier un poème publié dans le journal Le Salinois le 6 juin 1841, poème de Max Buchon à la gloire de Victor Considerant, son compatriote salinois. « O Victor !, ô jeune homme aux allures antiques / C’est toi qui te drapas dans ces plis prophétiques. » Et il note que c’est sous l’impulsion de Buchon que se forme le cercle fouriériste salinois, qui compte en 1845 dix-sept adhérents. Sur les bancs du petit séminaire d’Ornans - où leur professeur est l’abbé Gousset, futur archevêque de Reims cloué au pilori par Hugo dans Les Châtiments pour avoir accepté le siège de sénateur réservé par Napoléon III aux cardinaux (« Quand coffre-fort est Dieu, Gousset est cardinal »), Buchon a pour condisciple un jeune ornanais qui est aussi son cousin, Gustave Courbet. En 1839 les deux jeunes gens publient ensemble à Besançon chez Louis de Sainte-Agathe l’éditeur de Destinée sociale, des Essais poétiques par Max B. [Buchon] avec des vignettes par Gustave C. [Courbet]. Le bibliothécaire Charles Weiss note dans son Journal : « Association de deux jeunes gens qui ne promet rien. Vers détestables, sans idées, sans le moindre germe de poésie. Les lithographies plus mauvaises encore s’il est possible ». Weiss se rachètera en partie deux ans plus tard, à propos de l’épître à Considerant reproduite par le journal bisontin L’Impartial : « Elle est assez remarquable par le fond des idées et l’énergie des images. Max est un très jeune homme dont il ne faut pas encore désespérer. » Dans sa présentation, Michel Vernus suit pas à pas la carrière de Max Buchon, insistant notamment sur son engagement fouriériste à travers les articles du Salinois et l’organisation de banquets phalanstériens à Salins. Fougueux partisan de la République en 1848, le 24 décembre, il publie dans La démocratie jurassienne un violent article « Le Pape et l’Empereur » dirigé contre Pie IX et Louis-Napoléon Bonaparte. Quatre mois plus tard il est arrêté et mis en accusation pour un autre article avec les députés Sommier et Richardet, dont Victor Hugo prendra la défense à l’Assemblée le 31 juillet 1849, amorçant ainsi son évolution vers la gauche. Après le coup d’Etat du 2 décembre, Buchon dut s’exiler en Suisse, d’abord à Fribourg, où il avait fait une partie de ses études chez les Jésuites, puis à Berne. Il rentrera en France en 1859. S’il s’est largement investi jusqu’en 1851 dans la politique, Max Buchon fait aussi carrière comme poète et comme romancier et Michel Vernus s’étend avec raison sur cette partie de son œuvre. Il se lie avec Champfleury et poursuit ses relations d’amitié avec Courbet qui est chez lui à Salins lorsque un obscur journaliste, Charles Bataille, le persuade que Hugo l’invite à venir faire son portrait à Guernesey ; mais la mèche est éventée et ce voyage ne se fera pas. Buchon avait envoyé ses poèmes à Hugo qui lui répondit en 1862, de manière très chaleureuse : « Je vous remercie, monsieur. Je vous dois la révélation de mon pays natal. Vous m’avez fait connaître la Franche-Comté, je la vois dans vos vers vrais, vivants et frais. » Et à la mort de Buchon en 1869, Hugo devait déclarer : « Il laisse comme poète une œuvre et comme citoyen un exemple. »
Michel Vernus parle aussi de Buchon ethnographe, de sa recherche des chansons populaires de Franche-Comté - où il sera suivi par Charles Beauquier -, de l’intérêt qu’il partage avec un autre fouriériste, Wladimir Gagneur, pour les fromageries (les fruitières). Une bibliographie importante clôt cette préface. Nous avons regretté de ne pas y voir figurer la thèse de notre sociétaire Janine Joliot, dont il cite seulement un article dans les Mémoires de la Société d’Emulation du Doubs en 1981. Janine Joliot avait fait aussi une communication en 1993 au colloque d’Arc-et-Senans sous le titre ; « Max Buchon , écrivain salinois, était-il fouriériste ? » Malheureusement les tractations entamées pour la publication de ce colloque avec les Presses de l’Université de Franche-Comté n’ont pu aboutir. Les Cahiers Charles Fourier ont publié l’an dernier la communication d’André Prévos, malheureusement décédé et cette année celle de George Jean. Peut-être continueront-ils dans cette voie ?


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Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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