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SCHIEDT Hans-Ulrich : Die Welt neu Erfinden. Karl Bürkli und seine Schriften (2002)

Zürich, Chronos Verlag, 2002, 384 p.

Article mis en ligne le décembre 2003
dernière modification le 21 février 2006

par Stohler, Martin

Karl Bürkli (1823-1901) était probablement l’adhérent le plus actif et le plus déterminant de l’École sociétaire en Suisse. Descendant d’une riche et conservatrice famille zurichoise de marchands de soieries, il a appris le métier de tanneur. Sorti d’apprentissage, il a fait à partir de 1843 et jusqu’en 1848 sa « Walz », le voyage traditionnel des jeunes artisans, qui pour lui est devenu un voyage de formation à plus d’un titre. Lors de son séjour à Paris (1845-1847) il a fait la connaissance des idées de l’École sociétaire et de son chef Victor Considerant. Puis il a visité plusieurs coopératives et associations en France et en Angleterre. De retour à Zürich, il s’est mêlé de politique. Il a fait connaître les idées sociétaires - notamment sur la réforme bancaire (Cieszkowski, Coignet, Vidal) et sur la législation directe par le peuple (Rittinghausen, Considerant) - à ses compatriotes. En 1851 Bürkli était un des fonda¬teurs du « Konsum-Verein Zürich », une coopérative d’achat qui a eu une croissance rapide, ce qui aggravait le conflit entre ceux qui comme Bürkli pensaient que la coopérative était un moyen pour transformer le monde social, et ceux qui voulaient seulement faire des profits. Quand Considerant a lancé le projet d’une expérience phalanstérienne au Texas, Bürkli s’est dit prêt à contribuer à la réalisation de l’entreprise. L’échec de Réunion a coûté à Bürkli une grande partie de sa fortune. De retour d’Amérique, Bürkli a travaillé quelque temps pour le « Konsum-Verein » puis il a géré un bistro et il s’est mêlé de nouveau de politique. Pendant la « révolution démocratique » à Zürich en 1868 il fut un personnage très important ; il fut aussi le fondateur et l’animateur de la section zurichoise de l’Association internationale des travailleurs, et impliqué dans les différentes tentatives pour former un parti socialiste en Suisse. Pendant toute sa vie politique Bürkli était partisan de la législation directe par le peuple et des élections « véridiques » (c’est-à-dire proportionnelles). Sa bibliothèque, qui rassemblait beaucoup de publications de l’École sociétaire, était connue parmi les socialistes ; le socialiste allemand August Bebel a emprunté quelques-unes de ces publications quand il a écrit son livre sur Charles Fourier (Charles Fourier. Sein Leben und seine Theorien, Stuttgart, 1888).

La thèse de doctorat de Hans-Ulrich Schiedt est le fruit d’un travail de recherche et de réflexion énorme. Schiedt a consulté des journaux oubliés depuis longtemps et a étudié des procès-verbaux dans des cahiers poussiéreux. Le résultat de ses études n’est pas seulement une biographie fascinante d’un fouriériste suisse, mais aussi une contribution importante et stimulante à l’historiographie du socialisme et de la Suisse en XIXe siècle.