Née à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1851. Publiciste et traductrice. Féministe, membre de sociétés savantes et d’une association contre la vivisection. Fréquente le mouvement fouriériste à partir des années 1890 jusqu’au début des années 1920.
Le nom de Lina Lindsay [1] – ou de Mlle Lindsay » – apparaît dans les colonnes de la presse parisienne dans les années 1880.
Tout comme celle qui l’accompagne dans la plupart de ses combats, Olga Petti, elle est alors membre de la Société française contre la vivisection fondée en 1882 ; elle est nommée avec son amie au sein d’une commission chargée d’aller remercier Victor Hugo qui vient d’apporter son soutien à l’action menée contre la vivisection [2]. Elle est élue au conseil d’administration de l’association en 1884 et est nommée secrétaire générale adjointe à partir de 1894 ; elle conserve cette fonction au moins jusqu’en 1896 [3].
Activités savantes
Elle est également membre de la Société de topographie de France [4] et de la Société africaine de France – elle siège à son bureau en 1892 et dans les années suivantes ; elle y occupe les fonctions d’archiviste [5]. Elle traduit avec Eugène Verrier un ouvrage anglais sur « le développement de l’Afrique » [6]. Elle est aussi la traductrice des « mémoires d’une princesse arabe » publiés en allemand [7]. Elle est nommée officier d’académie en janvier 1892 [8].
Engagements féministes
Elle milite au sein de la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits, dont elle devient la secrétaire en 1894 [9] ; elle occupe encore cette fonction en 1900 [10]. Elle fait partie du bureau du comité d’organisation du congrès des droits des femmes qui s’ouvre en juin 1889, aux côtés de Maria Deraismes, (présidente), de Virginie Griess-Traut (vice-présidente), d’Olga Petti (secrétaire générale), d’Anna Féresse-Deraismes et de Charles Beauquier [11]. Elle est chargée d’assurer le service d’ordre lors du congrès [12].
Après la mort de Maria Deraismes, elle participe à des cérémonies lui rendant hommage : en février 1895 au cimetière Montmartre, où elle lit un discours rédigé par Virginie Griess-Traut [13] ; elle participe à la souscription qui finance la statue de Marie Deraismes [14] et assiste à l’anniversaire de l’inauguration de la rue Maria-Deraismes, en compagnie d’Anna Féresse-Deraismes, d’Olga Petti, de divers députés, dont Charles Beauquier, et quelques conseiller municipaux [15].
Participation aux manifestations fouriéristes
Peut-être est-ce par l’intermédiaire de Virginie Griess-Traut, qu’elle côtoie lors des manifestations et dans les organisations féministes, ou d’Hippolyte Destrem qui est aussi membre de la Société française contre la vivisection [16], qu’elle rejoint le mouvement fouriériste.
Elle est membre du Comité de la Société de la Paix Perpétuelle par la Justice internationale, une association pacifiste fondée par Hippolyte Destrem [17].
Elle participe, généralement en compagnie d’Olga Petti, à certaines activités de l’École sociétaire : elle est membre d’un comité « représentant le groupe actif de notre École sociétaire », qui, au lendemain de la mort de Destrem, s’efforce de peser sur l’orientation du mouvement fouriériste [18]. Elle est abonnée à La Rénovation, du milieu des années 1890 jusqu’à la fin de la parution de l’organe, en 1922 ; elle ajoute parfois au montant de son abonnement un complément financier pour assurer la survie du périodique [19]. Certains abonnements et suppléments sont versés conjointement par Lina Lindsay et Olga Petti.
Elle assiste à plusieurs banquets organisés le 7 avril pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Fourier. Quand est lancé le projet d’érection d’une statue de Fourier à Paris, elle participe au comité chargé de sa réalisation [20]. Elle contribue en 1907 à la souscription organisée pour financer la restauration de la tombe de Fourier [21].
Elle habite alors à Maisons-Laffitte ; puis, vers 1910, elle réside à Hyères (Var) avec Olga Petti ; elle a hérité, conjointement avec Émilie Lind Af Hageby, une militante féministe et antivivisectionniste anglo-suédoise, d’une partie des biens de la marquise de Noailles, dont la villa Saint-Vincent à Carqueiranne (Var) ; celle-ci devrait être convertie en un établissement de santé pour jeunes femmes, les médecins vivisectionnistes ne pouvant y être employés [22]. Lina Lindsay revend sa part à Émilie Lind Af Hageby.
Pendant la Première Guerre mondiale, elle demeure à Saint-Maur (sans doute avec Olga Petti). Elle continue à correspondre avec Adolphe Alhaiza, auquel, au début de 1915, elle écrit :
Mme Petti et moi formons le souhait pour l’année nouvelle de voir l’écrasement des bandits d’outre-Rhin et la légitime revanche de 1870, avec la victoire solide et définitive de la Civilisation sur la Barbarie [23].
Adolphe Alhaiza adresse en novembre 1918 ses condoléances à Lina Lindsay « notre excellente condisciple qui a recueilli [le] dernier soupir » d’Olga Petti [24].
Alors que La Rénovation est menacée de disparition, elle envoie à deux reprises la somme de 20 francs, soit bien plus que son abonnement, afin d’aider à la survie de l’organe.
Elle est recensée à Saint-Maur, avenue Charles Floquet, en 1921 et 1926. Elle est absente du recensement de 1931.
[1] Elle est recensée à Saint-Maur en 1921 sous le nom de Léontine Virginie Petit-Lindsay et en 1926 sous le nom de Léna Lindray [sic].
[2] Bulletin de la Société française contre la vivisection, n°1, janvier 1884 ; Journal des débats, 28 janvier 1884.
[3] Bulletin de la Société française contre la vivisection, n°10, août 1894 ; n°11, juin 1896.
[4] Journal officiel de la République française, 13 janvier 1892, p. 236.
[5] La République française, 17 décembre 1892 ; La Patrie, 4 janvier 1894.
[6] L’ouvrage, de Arthur Silva White et Ernst Georg Ravenstein, a pour titre originel : Development of Africa.
[7] L’ouvrage a d’abord été publié en allemand à Berlin en 1886 (Memoiren einer arabischen Prinzessin). Il est traduit de l’allemand par Lina Lindsay et paraît en France sous le titre : Emily Ruete, née princesse d’Oman et Zanzibar. Mémoires d’une princesse arabe, Paris, Dujarric et Cie, 1905, 330 p.
[8] Journal officiel de la République française, 13 janvier 1892, p. 236.
[9] La Nation, 4 décembre 1895.
[10] Le Rappel, 5 janvier 1900.
[11] Le Soir, 27 juin 1889.
[12] La Lanterne, 27 juin 1889.
[13] La Petite République, 8 février 1895.
[14] La Justice, 7 juillet 1896.
[15] Le XIXe siècle, 23 juin 1896.
[16] Lors d’une assemblée générale de la Société française contre la vivisection, Lina Lindsay lit un texte de Destrem qui n’a pu être présent (Le Petit Journal, 15 juin 1892).
[17] L’Unité humaine, supplément à La Rénovation, n°39, 30 octobre-10 novembre 1891 ; n°45, 31 juillet-10 août 1892.
[18] La Rénovation, n°61, 10 novembre-25 décembre 1894.
[19] La Rénovation, 31 mars 1896, 5 fr. ; le 31 août 1898 5 fr. ; le 31 mai 1899, 2,5 fr. ; le 31 juillet 1901, 2,5 fr. ; le 31 mai 1903, 2,5, fr. ; juillet-août 1909, 5 fr. ; mars-avril 1914, 5 fr (en commun avec Olga Petti) ; juillet-août 1914, 2 fr ; juillet-août 1915, 2 fr. ; juillet-août 1914, 1 fr. (en commun avec Olga Petti) ; mars-avril 1916, 2,5 fr. ; mars-avril 1917, 2 fr. d’abonnement, et 1 fr de subvention en commun avec Olga Petti ; mai-juin 1918, 2,5 fr. ; janvier-février-mars 1919, 5 fr. ; janvier-février-mars 1920, 20 fr. ; janvier 1922
[20] La Rénovation, 20 avril 1896, n°75.
[21] La Rénovation, mai-juin 1907, n°201.
[22] « No Vivisection May Practice in this Home », New York Herald, 9 mars 1910.
[23] La Rénovation, avril 1915, n°245.
[24] La Rénovation, novembre-décembre 1918, n°267.
Œuvres :
Traduction en français de Memoiren einer arabischen Prinzessin, Berlin, 1886 (édition française : Emily Ruete, née princesse d’Oman et Zanzibar. Mémoires d’une princesse arabe, Paris, Dujarric et Cie, 1905, 330 p.) et Development of Africa, London, 1890 (édition française : Le développement de l’Afrique, Bruxelles et Paris, Librairie européenne C. Muquardt et Librairie Fischbacher], 1894, 422 p.)
Sources :
Archives départementales du Val-de-Marne, D2M8 208, recensement de la population de Saint-Maur-des-Fossés, 1921 (en ligne sur le site des Archives départementales du Val-de-Marne, vue 507/640).
Archives départementales du Val-de-Marne, D2M8 356, recensement de la population de Saint-Maur-des-Fossés, 1926 (en ligne sur le site des Archives départementales du Val-de-Marne, vue 405/548).
Bulletin de la Société française contre la vivisection, n°1, janvier 1884 ; n°10, août 1894 ; n°11, juin 1896.
Journal des débats, 28 janvier 1894 (en ligne sur Gallica).
Journal officiel de la République française, 13 janvier 1892 (en ligne sur Gallica).
La Justice, 7 juillet 1896 (en ligne sur Gallica).
La Lanterne, 27 juin 1889 (en ligne sur Gallica).
La Nation, 4 décembre 1895 (en ligne sur Gallica).
New York Herald, 9 mars 1910 (en ligne sur Gallica).
La Patrie, 4 janvier 1894 (en ligne sur Gallica).
Le Petit Journal, 15 juin 1892 (en ligne sur Gallica).
La Petite République, 8 février 1895 (en ligne sur Retronews).
Le Rappel, 5 janvier 1900 (en ligne sur Gallica).
La République française, 17 décembre 1892 (en ligne sur Retronews).
Le Soir, 27 juin 1889 (en ligne sur Retronews).
La Rénovation, 1895 à 1922.
L’Unité humaine, supplément à la Rénovation, n°39, 30 octobre-10 novembre 1891 ; n°45, 31 juillet-10 août 1892.
Le XIXe siècle, 23 juin 1895 (en ligne sur Gallica).
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