Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Disparition de René Scherer
Article mis en ligne le 7 février 2023

Membre d’honneur de l’Association d’études fouriéristes, René Schérer vient de disparaître, le mercredi 1er février 2023, à cent ans passés.

L’ensemble de son travail, salué par Gilles Deleuze, Félix Guattari ou, plus récemment, dans les Mélanges offerts à René Schérer édités par Constantin Irodotou en 2015, par Giorgio Agamben, Alain Badiou, Simone Debout, Geneviève Fraisse, Jean-Luc Nancy ou encore Jacques Rancière, n’est guère envisageable, à partir de la fin des années 60 et jusqu’à aujourd’hui, sans la référence constante à l’œuvre de Charles Fourier. Depuis son premier ouvrage consacré à l’utopiste, L’Attraction passionnée, publié en 1967, jusqu’au recueil de 1989 Pari sur l’impossible sous titré « Études fouriéristes », dans L’écosophie de Charles Fourier publié en 2001 ou dans Enfantines paru l’année suivante, à l’intérieur de la plupart de ses articles jusqu’au cœur de son dernier ouvrage de 2017 Fouriériste aujourd’hui, René Schérer n’aura en effet cessé d’interroger cette œuvre grâce à laquelle les normes, les codes, les orthodoxies de toutes sortes pouvaient être pulvérisés et les frontières alors soumises à des déplacements libérateurs, à leur levée émancipatrice. Qu’il s’agisse des territoires de l’enfance ou du grand âge, de la place du mariage ou de celle de l’éducation, de la question du nomadisme ou de celle de l’hospitalité, de la sexualité réprimée ou du rôle de l’art, chacune de ces thématiques — certaines développées avec une envergure philosophique remarquable par René Schérer — lui donnait l’occasion de revenir au penseur du doute et de l’écart absolu, source intarissable d’une reconfiguration permanente de son regard critique par ailleurs toujours ouvert à l’inédit, à l’exploration. Professeur émérite de philosophie à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, René Schérer a de plus introduit durablement la pensée de Charles Fourier dans l’enseignement supérieur, animant notamment un séminaire resté fameux où se cotoyaient plusieurs générations d’étudiants. L’audience, également internationale, qui fut la sienne, a ainsi contribué à disséminer largement le nom et l’œuvre de Charles Fourier et ce dans une mesure que nous ne réaliserons que sur un temps long. De même, des années nous seront encore nécessaires pour découvrir et apprécier dans toutes ses dimensions, notamment philosophique et politique, l’ampleur de l’œuvre de René Schérer et son audace à placer et maintenir en son centre la question de l’utopie sociétaire. L’association d’études fouriéristes perd là un soutien indéfectible, un ami à la générosité grande, un penseur sans équivalent pour la défense et l’illustration d’un fouriérisme vivant.

Les archives de René Schérer sont déposées à l’IMEC.

(Photo Florent Perrier, Condé-sur-Vesgre, juillet 2021)