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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Héreau, Edme Jean Joachim
Article mis en ligne le 15 juillet 2022

par Desmars, Bernard

Né le 10 février 1785 à Paris, décédé le 7 août 1855 à Paris (Seine). Chirurgien militaire, médecin de la mère de Napoléon Ier, puis de l’impératrice Marie-Louise, docteur en médecine à Auxerre et à Paris. Abonné à La Phalange, puis à La Démocratie pacifique.

Edme Jean Joachim Héreau est le fils d’un marchand bonnetier parisien. Il fait des études de médecine et soutient le 14 juin 1810 sa thèse sur « les avantages des bains domestiques et les dangers de leurs abus ». Il est alors admis dans l’entourage de l’Empereur : d’abord chirurgien ordinaire de la mère de Napoléon Ier, il est ensuite nommé premier chirurgien de l’impératrice Marie-Louise, qu’il accompagne à Vienne dans l’été 1814 [1]. Lors de ce voyage, il épouse religieusement à Berne Michèle Rabusson, lectrice de Marie-Louise [2].

Au début des années 1820, il vit à Paris ; il est alors médecin de la Société de charité maternelle [3]. Puis le couple s’installe à Auxerre où naissent leurs deux filles, en 1823 et 1824. Héreau y exerce la médecine, tandis que son épouse ouvre une institution scolaire et une pension pour jeunes filles.

Son admiration pour Napoléon Ier reste grande, de même que son affection pour son fils le prince impérial qu’il a connu dans ses premières années. En 1829, il publie un livre dans lequel il essaie d’identifier les causes de la mort de l’Empereur à Sainte-Hélène ; il repousse l’hypothèse d’un empoisonnement et attribue le décès de Napoléon Ier à une gastrite chronique, dont les conséquences ont été fatales sur un corps affaibli par les mauvaises conditions d’hébergement et l’austérité du climat de Sainte-Hélène. Il veut ainsi rassurer le duc de Reichstadt, en montrant que son père n’a pas été victime d’une maladie héréditaire [4].

Outre les soins apportés à ses patients, Héreau est médecin des hôpitaux civils et militaires du chef-lieu de l’Yonne. Il est aussi membre de la commission d’organisation et de surveillance de l’école normale primaire d’Auxerre, établissement dans lequel il remplit également les fonctions de professeur de sciences physiques, d’histoire naturelle et d’hygiène [5]. Et, en 1832, alors que le choléra fait ses premières victimes dans le département de l’Yonne, Héreau fait partie d’un groupe de médecins locaux qui se rendent à Paris pour y observer les effets du choléra et se renseigner sur le traitement de la maladie ; il présente les résultats de ce voyage devant la commission sanitaire de l’Yonne [6].

Puis, au plus tard en 1840, le couple Héreau s’établit à Paris [7] ; Mme Héreau tient une maison d’éducation, d’abord dans le quartier Monceau, puis dans le quartier de la Madeleine, tandis que son mari ouvre un cabinet rue Castellane, mais réside dans l’établissement de son épouse. Selon Clarisse Coignet, qui y enseigne de 1844 à 1847, Héreau « est un mari effacé, comme il convient. Vieux d’ailleurs et inoffensif, il occupe, dans une ombre discrète, un petit appartement indépendant, à l’extrémité de la maison » [8]. Pourtant, ce « mari incapable » [9] semble encore très actif dans les années 1840.

Il publie un ouvrage dans lequel il constate que « tout, dans le système d’organisation des écoles, a été combiné pour l’instruction proprement dite ; peu de choses ont été essayées pour l’éducation morale, et rien ou presque rien n’a encore été fait pour l’éducation physique » [10] ; quant aux locaux et au fonctionnement des établissements, ils respectent trop peu les principes de l’hygiène. Proposant quelques réformes, il adresse sa brochure au comité central d’instruction primaire de la ville de Paris [11].

Il obtient deux brevets d’inventeur, le premier en 1846 pour des « « procédés propres à amener les savons à l’état neutre et à les rendre propres à différentes industries », et le second en 1847 pour un « moyen propre à employer l’anthracite dans le traitement des métaux en général et du fer en particulier » [12].

Mais son activité principale reste la médecine : outre les soins qu’il prodigue à ses patients, il se présente comme professeur de « pathologie cutanée » [13], sans que l’on sache dans quel établissement il enseigne. Il est l’auteur de plusieurs publications sur les maladies de peau et sur leur traitement [14]. Il les envoie à l’Académie royale de médecine, qui émet de fortes réserves quant à l’intérêt de ses travaux : ce que Héreau présente comme des découvertes ou de nouveaux procédés thérapeutiques serait déjà connu des milieux scientifiques et d’une efficacité limitée [15]. Dans l’hiver 1849-1850, il fait paraître dans la presse des annonces vantant les qualités des « savons médicamenteux » [16].

Héreau exerce encore d’autres fonctions : la loi de 1841 sur le travail des enfants prévoit la formation de commissions d’inspection constituées de bénévoles pour vérifier le respect de la nouvelle législation ; Héreau est membre de l’une d’elles, chargée des « manufactures de Paris » [17]. Lors de l’insurrection de juin 1848, il est « délégué en chef de la mairie du 1er arrondissement pour l’organisation et le service de santé de l’ambulance de l’Assomption » [18].

Dans les années 1840, il lit la presse fouriériste : Il s’abonne à La Phalange [19], puis à La Démocratie pacifique [20] ; il figure parmi les participants à la souscription organisée par le quotidien fouriériste pour offrir une médaille à Eugène Sue, « défenseur des classes sacrifiées et promoteur de l’organisation du travail [21]. En 1852, sa fille, Léonie, recensée en 1851 comme « directrice des postes » à Ancy-le-Franc (Yonne), épouse à Paris le fouriériste Jean-Baptiste Noirot]. Elle décède en 1853.