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Soyer, (Étienne) Alexis
Article mis en ligne le 7 mai 2022

par Desmars, Bernard

Né le 16 juillet 1805 à Brinon (Cher), décédé le 23 janvier 1879 à Bourges (Cher). Agriculteur, puis employé des ponts et chaussés, attaché aux travaux hydrauliques de la Sologne. Abonné au Phalanstère, puis à La Phalange.

Alexis Soyer est le fils d’un propriétaire, qui a exercé les fonctions de juge de paix avant de mourir en 1815. Dans les années 1830 et 1840, il est domicilié à Argent ; il y possède une très vaste exploitation agricole, le domaine de la Bertinerie, auquel sont associées plusieurs autres fermes, l’ensemble faisant près de 1 000 hectares. Sur ces terres, il modernise les méthodes culturales et développe l’emploi des engrais. Il est l’un des fondateurs du comice agricole du canton d’Aubigny en 1832 [1] et participe à la diffusion des progrès agricoles dans son environnement, et notamment au perfectionnement des charrues [2]. Il est l’un des organisateurs, avec Pierre-Charles Joubert, des sessions de 1845 et 1846 du Congrès agricole du centre de la France [3].

Un notable local

Il est nommé maire d’Argent en 1832, poste qu’il conserve jusqu’en 1848 ; il représente le canton d’Argent au conseil d’arrondissement de Sancerre (de 1833 à 1836 quand lui succède son frère Alphonse), puis au conseil général du Cher (de 1836 à 1848, quand il ne se représente pas). En janvier 1833, il s’abonne au Phalanstère [4], puis à La Phalange [5]. On ne dispose plus ensuite d’information sur ses relations avec l’École sociétaire.

Son action, dans sa propriété de la Bertinerie, au comice agricole d’Aubigny, au congrès agricole du centre, et au conseil général du Cher, vise d’abord à la mise en valeur de la Sologne [6]. Selon l’ingénieur Barré de Saint-Venant, cet « homme de dévouement et d’enthousiasme » se livre « à une suite d’essais dispendieux dans son domaine » [7], avec d’importants travaux d’irrigation, la plantation d’arbres et la réalisation de vastes prairies. À l’exploitation de ses terres, il ajoute une « fabrique de faïence, poterie, briques, tuiles et carreaux » [8]. Ses travaux suscitent des éloges appuyés de la part des agronomes et des notables locaux, ainsi que des autorités : Jean-Baptiste Dumas, ministre de l’Agriculture et du commerce visite la Bertinerie en 1850 et félicite son propriétaire pour les aménagements réalisés sur son exploitation [9].

Cependant ces travaux ont entraîné un endettement important et Soyer est harcelé par ses créanciers. Aussi ses amis essaient-ils de trouver une issue à ses difficultés financières. Le comice d’Aubigny, le conseil général et de grands propriétaires du département demandent la transformation du domaine en ferme école par la préfecture ou par le ministère de l’Agriculture [10]. Cependant, l’opération est jugée coûteuse par le préfet. On envisage aussi d’y accueillir une colonie agricole, projet rapidement abandonné.

Finalement, Alexis Soyer doit se résoudre à la mise en vente de son exploitation. Des annonces paraissent dans l’été 1848 dans la presse locale et dans la presse nationale [11].

Journal des débats, 10 octobre 1848

Une vente par adjudication est prévue le 15 novembre suivant chez un notaire d’Orléans [12]. Sans doute n’a-t-elle pas eu lieu, puisqu’Alexis Soyer, l’année suivante, figure sur la liste « des agriculteurs qui ont rendu des services à l’agriculture » ; il obtient alors une médaille d’argent [13]. Mais sa situation financière se dégrade encore et en 1850, il est à la veille « d’une ruine imminente » [14]. La vente intervient à la suite d’un jugement [15]. Un rédacteur des Marches du Centre, regrettant cette situation, propose le lancement d’une souscription pour sauver le domaine et son propriétaire, en vain [16]. Alexis Soyer continue cependant à œuvrer pour le développement de la Sologne ; début 1853, il participe à une « réunion des délégués des comices agricoles qui comprennent dans leur ressort tout ce qui forme l’ancienne Sologne » ; il y représente le comice d’Aubigny ; la réunion désigne une commission, dont il est membre [17].

Employé des ponts et chaussées

Mais il change ensuite d’activité professionnelle : c’est en tant « [qu’]attaché aux ponts et chaussées à Argent » qu’il envoie à l’Exposition universelle, qui se déroule en 1855 à Paris, des « poteries, faïence ; [un] plan d’irrigation de la propriété de la Bertinerie » [18].

Sous l’Empire, d’importants travaux sont lancés dans la Sologne [19]. Pour leur réalisation, des membres du Conseil général recommandent aux autorités « M. Soyer […] constamment occupé (maintenant au compte de l’État) de travaux hydrauliques et qui, par dévouement pour l’intérêt public, a engagé toute sa fortune » [20].

Soyer s’installe ensuite à Paris ; lorsqu’en mars 1864, il déclare le décès de son frère Alphonse à la mairie de Brinon (Cher), il se présente comme « agriculteur attaché aux travaux publics », demeurant dans la capitale, boulevard de l’Hôpital [21]. Sans doute sa situation financière ne s’améliore-t-elle pas ; en 1868, « plusieurs notables et propriétaires [ouvrent] une souscription dont le produit devra être versé entre les mains de notre compatriote M. Alexis Soyer », qui n’a « pour toute ressource que le mince traitement qu’il touche comme simple attaché au service de la Sologne » ; y participent notamment l’agronome fouriériste Jacques Valserre et Napoléon III, qui veut ainsi témoigner de son intérêt pour la Sologne » [22].

Au moins jusque vers 1850, il est célibataire. À une période inconnue, il se marie : mais il se sépare ensuite de sa femme. Et quand il meurt à Bourges en 1879, son neveu et son voisin qui déclarent son décès à la mairie indiquent qu’il est veuf, mais qu’ils ignorent le nom de son épouse. Pourtant, quelques mois plus tard, le Journal du Cher, relatant une fête organisée par le comice agricole d’Aubigny, signale qu’on y a présenté « un buste […] représentant M. Soyer, fondateur du comice, œuvre de Mme Soyer […] donné par elle, en souvenir de son mari ». Un conseiller général et vice-président du comice font ensuite « l’éloge de M. Soyer et rappellent le dévouement qu’il portait à l’agriculture » [23]. À la fin du siècle, les milieux agricoles du Cher conservent le souvenir d’Alexis Soyer, qualifié de « régénérateur de la Sologne » et de « l’un des premiers et plus dévoués bienfaiteurs de la Sologne » [24].


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