Laviron, Paul-Emile Ressources - Portraits de disciples dans La Rénovation - septembre 2004 article en texte intégral |
Né le 23 mars 1811 à Besançon (Doubs), décédé le 5 juin 1899 à Paris, 19e arrondissement (Seine). Avocat, directeur de revues concernant l’agriculture et le monde rural, puis fonctionnaire à l’administration des Cultes. Très actif dans les clubs pendant les débuts de la Deuxième République. Auteur de plusieurs publications, sur la religion, sur les retraites des travailleurs, sur Fourier, sur le socialisme français et le collectivisme allemand. Collaborateur de La Phalange, du Bulletin du mouvement social, de la Revue du mouvement social et de La Rénovation.
Paul Émile Laviron est le fils d’Hippolyte Bon Laviron, avocat à la cour, puis commissaire de police à Besançon ; il est le frère cadet de Gabriel Joseph Hippolyte Laviron, peintre proche de Jean Gigoux, le portraitiste de Fourier. Il a également une
sœur ainsi qu’un autre frère qui est prêtre.
Avocat puis fonctionnaire
Paul Emile fait des études de droit jusqu’à l’obtention de la licence ; dans la seconde moitié des années 1830, il est avocat à la cour royale de Paris. Il publie en 1837 des Observations sur les faillites et banqueroutes, et sur le dernier projet de loi présenté aux chambres, dans lequel il critique âprement le commerce et les conséquences d’une concurrence illimitée.
Pour réussir dans le commerce, il faut donc avoir la conscience large ; cette carrière ne reste ouverte qu’à ceux-là seuls qui sont peu scrupuleux sur les moyens de faire fortune [1].
Des extraits de cette brochure sont reproduits dans La Phalange (juin 1837), avec des commentaires approbateurs de Victor Considerant, qui est d’accord avec l’auteur pour dénoncer les faiblesses de la législation concernant les faillites et les banqueroutes ; et, bien que les solutions proposées par Laviron lui paraissent trop limitées, il recommande la lecture de la brochure aux lecteurs du périodique fouriériste ainsi qu’aux députés qui s’apprêtent à légiférer sur ces questions [2].
En cette même année 1837, plusieurs fouriéristes, réunis dans un Institut sociétaire, critiquent la direction de l’École sociétaire par Victor Considerant ; Charles Fourier et plusieurs de ses disciples leur répondent par une Lettre confidentielle des membres de la réunion du 31 juillet, dans laquelle ils dénoncent l’entreprise « de ceux qui viennent ainsi jeter la discorde » dans les rangs fouriéristes. Laviron, présenté comme « collaborateur » de La Phalange, fait partie des signataires [3].
En 1839, Le Nouveau Monde, organe de fouriéristes dissidents dirigé par Jean Czynski, annonce pour un prochain numéro un article de « Jules[sic]-Émile Laviron », dont on ne trouve finalement pas trace dans les colonnes du périodique fouriériste [4] ; Laviron fait partie des sociétaires de la « banque des échanges », dont le conseil d’administration comprend le même Czynski ainsi que divers marchands et négociants [5]. Il publie la même année un périodique intitulé La Commune, prolongé en 1840 par la Revue officielle des comices agricoles et de toutes les institutions agronomiques, dont il est aussi le responsable. Ce dernier organe est constitué dans une première partie de renseignements sur les sociétés d’agriculture et sur les concours agricoles, puis dans une seconde, intitulée « Agriculture pratique et économie rurale », d’informations sur les instruments agricoles, les engrais, les variétés de plantes, les soins à donner aux animaux, etc. Il cesse de paraître au début de l’année 1841. On ne sait si Laviron exerce encore la profession d’avocat.
À distance de l’École sociétaire
Vers le milieu des années 1840, Paul-Émile Laviron s’éloigne de l’École sociétaire. Il publie en 1844, sous le pseudonyme de Simon Granger, une brochure intitulée À chacun selon son travail, dans laquelle il veut montrer que « la conciliation des intérêts dans la société et l’institution du bonheur sur la terre ne reposent pas sur des théories obscures, aussi imaginaires, aussi ridicules, que certaines gens voudraient le faire croire. […] Non, le bonheur n’est pas une chimère » [6]. Citant Morelly, Saint-Simon, Fourier et Proudhon, pour s’en démarquer sur plusieurs points, il conçoit une organisation sociale fondée sur l’association, cadre « de simples rapports de bons offices, de services intéressés, de garanties réciproques » ; les personnes ne pouvant plus travailler, ou ayant à déplorer de mauvaises récoltes, bénéficieraient de la solidarité de leurs associés.
Ajoutez la merveilleuse vertu de l’association de multiplier les produits bien au-delà du pouvoir des mêmes forces isolément employées, et vous ne douterez pas de notre inaltérable bien-être […]Les besoins de l’homme et les conditions de leur satisfaction, telles sont les seules bases légitimes de la loi sociale ; la solidarité d’intérêts et la liberté d’actions, tels sont les seuls moyens de réaliser le bonheur [7].
Ni le capital, ni le talent (Fourier) ou la capacité (Saint-Simon) ne recevraient de rétribution. Seul le travail serait rémunéré, en fonction de son utilité et de sa pénibilité. « Dès lors, pas d’aristocratie du talent et de l’argent, pas de droit sur le travail d’autrui ; en un mot, pas de privilège » [8].
Laviron termine cette brochure en annonçant une suite intitulée Utopie administrative, dans laquelle « on verra combien il serait facile d’organiser la société, de manière à […] assurer la réalisation » du principe ‘’à chacun selon son travail’’ » [9]. Selon l’éditeur, « l’auteur indique dans cet opuscule les moyens d’assurer le bien-être universel, sans apporter le moindre bouleversement dans les bases de l’organisation administrative de la France, et même en en simplifiant les rouages, bien loin de les compliquer » [10]. On ignore si cet ouvrage est effectivement paru (il est absent des catalogues des bibliothèques).
En 1846, Laviron abandonne définitivement le barreau et entre dans l’administration des Cultes, alors dépendante du ministère de la Justice. Deux autres livres paraissent, toujours sous le nom de Simon Granger : tout d’abord L’Évangile devant le siècle. Examen des doctrines du christianisme en 1846 [11] ; l’auteur y présente successivement les textes de l’Évangile, les caractères de la charité chrétienne et plus généralement les questions de la richesse, de la pauvreté et du travail, ainsi que les mœurs selon le christianisme et les dogmes catholiques. Dans l’avant-propos, il se montre très critique envers l’opposition politique à Louis-Philippe et à Guizot, une opposition qui n’agirait que « dans un misérable intérêt de coterie » ; « le gouvernement a toutes mes sympathies », écrit-il ; d’ailleurs,
quels sont, dans le pays légal, ceux qui s’occupent quelque peu des idées sociales ? Ce sont les hommes du pouvoir. À la chambre des députés, un conservateur (M. Agénor Gasparin) a élevé la voix pour appeler l’attention sur les études des socialistes. Dans le gouvernement, un ministre (M. Duchâtel) a ordonné une enquête sur la condition des travailleurs, à l’effet de rechercher les moyens de l’améliorer, etc. Qu’un socialiste s’avise de soumettre aux libéraux quelques idées sur la suppression de la misère, ceux-ci, s’ils ne se renferment pas dans un dédaigneux sourire, lui répondront qu’il faut commencer par moraliser le peuple, et, avant tout, par avoir un gouvernement moral, c’est-à-dire composé d’hommes de leur bord. Patriotes hypocrites, qui savez si bien ménager vos propres intérêts matériels, cessez de couvrir votre égoïsme d’un prétendu zèle pour les intérêts moraux d’un peuple affamé ! » [12]
Le second ouvrage, L’Église et le pouvoir paraît en 1847 [13]. Il concerne les pratiques cultuelles du christianisme, ainsi que l’organisation de l’Église catholique et ses rapports avec le pouvoir temporel.
Républicain et inventeur
Lors des journées révolutionnaires de février 1848, Laviron aurait été présent à l’Hôtel de Ville de Paris au moment de la formation du gouvernement provisoire [14] ; il se prévaut ensuite de « la part active qu’[il a] prise à la victoire du peuple et à la proclamation de la République » [15]. Il est candidat à l’Assemblée constituante dans le département de la Seine au printemps 1848. Sa profession de foi, datée du 21 mars, est très générale ; il y affirme vouloir « réaliser cette admirable devise : Liberté, Égalité, Fraternité ». Pour l’égalité, cela doit se faire « non pas en faisant descendre les riches, mais en élevant les prolétaires à leur hauteur » et en assurant « à tous les enfants de la patrie la même éducation professionnelle et littéraire ». Quant à la fraternité, elle « permettra d’organiser le travail de manière à assurer à tous, non pas seulement une chétive existence, mais tout le bien-être compatible avec les progrès de l’industrie » [16]. Il n’est pas élu.
Il préside le Club des hommes de lettres fondé en avril 1848 [17], sommairement qualifié de « réunion rouge d’hommes de lettres sans ouvrage » par Alphonse Lucas [18] ; selon ce même auteur, il préside ensuite le Club des publicistes, fondé en mai 1848 avec une orientation « rouge et socialiste » [19]. En juin, il projette le lancement d’un journal, Le Tribun du peuple, journal des révélations politiques, archives du favoritisme, du cumul, de l’exploitation et de tous les abus ; seul le prospectus et un appel à souscription paraissent [20]. Le contenu est nettement plus offensif que la profession de foi de mars : « Plus d’exploiteurs et d’exploités, plus de cumulards et de parias, plus de repus et d’affamés ». Laviron y dénonce
un favoritisme effronté [qui] continue à gorger d’or les anciens suppôts de la royauté et à courber leurs victimes sous le joug de la misère […] Il est temps d’en finir avec ces sauvages abus. Il faut que la Révolution de février produise ses buts ; que la liberté ne soit plus un privilège, l’égalité de fiction, la fraternité une hypocrisie. […]Le Tribun du Peuple démasquera partout les violateurs de cette triple devise républicaine. Il fera une guerre implacable aux insatiables accapareurs des emplois publics, aux exploiteurs éhontés de la détresse d’autrui.
[Cependant, il] ne fera jamais appel à la force brutale [car] sous le régime de la liberté illimitée de la presse, conquête irrévocable de février, les moyens violents n’ont plus d’excuse.
L’organe doit paraître tous les deux jours et se vendre 5 centimes le numéro. Mais une mise de fonds est nécessaire, pour laquelle Laviron lance une souscription. Sans doute ne parvient-il pas à rassembler la somme nécessaire ; ou peut-être son projet est-il victime des restrictions apportées à la liberté de la presse, au lendemain de l’insurrection de juin 1848 : en tout cas, Laviron ne parvient pas à publier Le Tribun du peuple.
Il est parfois difficile de distinguer son activité et ses interventions dans la presse et dans les clubs de celles de son frère Gabriel, peintre et critique d’art, membre de l’extrême-gauche, condamné à la déportation par contumace au printemps 1849 pour sa participation à l’envahissement de l’Assemblée constituante le 15 mai 1848, et décédé à Rome en juin 1849 où il lutte aux côtés des républicains et de Garibaldi contre le corps expéditionnaire français et les troupes pontificales [21]. Paul-Émile semble avoir été plus modéré dans son engagement.
Il reste à l’administration des Cultes (passée au ministère de l’Instruction publique en 1848, puis revenue au ministère de la Justice en 1863). Il s’intéresse aussi à des innovations techniques. En 1856, il dépose une demande de brevet pour un « appareil propre à empêcher infailliblement les cheminées de fumer et à leur faire rendre la plus grande chaleur possible », appareil qu’il nomme alors « pompe-fumée » ou « fumivore régulateur » [22]. Il apporte ensuite à son invention quelques perfectionnements : l’année suivante, il présente à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale un « fumivulse ou pompe-fumée » destiné à améliorer la ventilation et le tirage des appareils de chauffage et des cheminées [23]. Dans les années suivantes, il se fait délivrer deux nouveaux brevets, l’un pour un « réservoir fumivore » [24], l’autre pour un « foyer-siphon, avec ou sans mitre, pour empêcher les cheminées de fumer, leur faire rendre une grande chaleur », avec un certificat d’addition en 1862 [25].
Retraite et projet de caisse de retraite
Laviron cesse son activité à l’administration des Cultes avec le grade de sous-chef le 31 décembre 1876 ; d’après un rapport de la préfecture de police de Paris, il bénéficie d’une situation confortable, puisqu’à sa pension de fonctionnaire s’ajoute l’héritage qu’il recueille lors du décès de sa sœur [26].
Il consacre désormais ses efforts à l’établissement d’un régime de retraite pour les travailleurs. Dès novembre 1875, il envoie à l’Assemblée nationale une pétition présentant un « projet de caisse de retraite pour les ouvriers », qui est d’abord renvoyée devant « la Commission d’enquête des classes laborieuses en France » ; cette pétition est publiée sous forme de brochure en 1876 [27].
Laviron considère que « c’est le travail qui crée la richesse, soit nationale, soit particulière » [28]. Le prolétaire produit par son travail plus qu’il ne consomme. Donc,
la plus-value qu’il a laissée et qui n’a pas été réalisée dans son intérêt direct a profité à la société prise dans son ensemble ; elle s’est confondue avec la masse des revenus capitalisés et a contribué à accroître d’autant la richesse générale. Il est donc de la plus rigoureuse équité de faire contribuer cette richesse au soulagement de ses dernières années. Dans ce système, les pensions des travailleurs parvenus à l’âge de la retraite deviennent une charge sociale de premier ordre, à l’instar de l’instruction, de la justice de l’armée, etc., et il semble naturel qu’il y soit pourvu de la même manière, c’est-à-dire au moyen des revenus publics [29].
Laviron envisage d’abord de financer les pensions en accroissant les recettes issues des biens de l’État (le patrimoine foncier, en particulier forestier, et le patrimoine immobilier, mal gérés, selon lui), en réduisant les dépenses de plusieurs ministères et en réformant le système fiscal. Mais cela est insuffisant et il est nécessaire de « recourir à la richesse privée qui […] est le résultat du travail collectif et doit, à ce titre, contribuer à l’entretien des vieux travailleurs restés prolétaires. Son concours se justifie d’autant mieux qu’elle s’est nécessairement accrue de tout ce qui manque au domaine public pour faire face au service des retraites ouvrières » [30]. Aussi, il propose d’ajouter des surtaxes et des centimes additionnels à certains impôts directs existants, en particulier ceux qui visent les bénéfices industriels et commerciaux, les revenus mobiliers et immobiliers, et les héritages. Dans un second temps, il prévoit d’alimenter la caisse des retraites par des versements effectués par les chefs d’entreprise ; il refuse que des cotisations soient prélevées sur « des salaires à peine suffisants pour subvenir aux besoins immédiats des travailleurs » [31].
Mais Laviron tient à se distinguer des socialistes révolutionnaires et de ceux qui remettent en cause la propriété. En effet, le versement d’une retraite aux ouvriers « doit être obtenu sans toucher aux principes sur lesquels repose l’organisation sociale, sans porter atteinte aux droits légitimement acquis, sans s’attaquer à la propriété » [32]. D’ailleurs, la caisse de retraite constitue non seulement un moyen d’améliorer la situation matérielle des vieux travailleurs, mais elle peut contribuer à la paix sociale. Elle aurait d’« immenses bienfaits […] tant au point de vue de l’ordre et de la stabilité politique, qu’à celui de la prospérité du pays, du bien-être des masses et de la sécurité de tous » [33] ; elle produirait « la fin des révolutions sanglantes » [34] ; « la garantie d’existence acquise aux ouvriers diminuerait notablement, si elle ne les supprimait tout à fait, les chances d’agitation, de grèves, de révoltes, de méfaits de toute nature, qui compromettent autant les intérêts de l’industrie et du capital que ceux du travail » [35]. D’ailleurs, lors de la troisième édition de sa brochure (1878), le titre devient : Plus de révolutions. Projet de caisse de retraite pour les ouvriers [36].
La pétition envoyée en 1875 n’ayant pas eu de suite au parlement, Laviron l’adresse une seconde fois à la Chambre des députés où elle est discutée en juin 1877 par une commission, à partir du rapport d’Henri Couturier. La solution présentée par l’auteur du Projet de caisse de retraite est « impraticable » selon les membres de la commission parlementaire ; elle constitue « un système de pensionnement par l’État, qui ne repose sur aucun versement, sur aucune cotisation, sur aucun effort personnel des intéressés ». Les membres de la commission refusent une retraite obligatoire financée par l’État, qui serait « un appel à l’insouciance de l’ouvrier ». Ils comptent davantage sur la prévoyance et l’épargne individuelles [37].
Laviron essaie de propager son projet de caisse de retraite en recourant à la presse et en mobilisant des personnalités. Des articles et des annonces publicitaires paraissent dans plusieurs quotidiens parisiens en 1878 [38]. Des hommes politiques relaient ou appuient le projet de Laviron : Édouard Lockroy dépose la pétition sur le bureau de la Chambre des députés en février 1878 [39]. Martin Nadaud participe en novembre 1879 avec Laviron et Charles Limousin, le directeur du Bulletin du mouvement social, à une réunion de présidents et de secrétaires de sociétés de secours mutuels de la Seine, afin de réfléchir à la création d’une « caisse nationale de retraite pour les vieux ouvriers » ; il s’engage à soutenir l’idée à la Chambre [40].
Laviron suscite en 1881 la création d’un comité « pour propager le principe du droit des travailleurs des deux sexes à la retraite, droit existant indépendamment de toutes cotisations personnelles, et exigibles de la société elle-même représentée par l’État » [41]. Il publie en 1886 un nouveau livre sur la retraite [42], avec l’appui de la Revue socialiste, qui en reproduit la conclusion dans ses colonnes. Dénonçant « la rapacité progressive de la couche sociale nouvellement parvenue au pouvoir » et « les tendances du capitalisme vers de nouveaux accaparements », et considérant qu’il « n’y a pas moyen, quant à présent, de procéder par la réforme directe du régime capitalo-prolétarien », il demande que les détenteurs du capital cèdent « aux vrais producteurs » de richesse « de quoi pourvoir à leurs besoins quand ils ne peuvent plus produire ». Laviron continue en même temps à se démarquer des socialistes révolutionnaires, des « hâbleurs qui ne veulent qu’arriver, en faisant briller aux yeux des masses naïves de féeriques transformations dont elles n’aperçoivent pas l’irréalisabilité […] Le mot Révolution est leur réponse à tout. C’est plus commode ». Une « caisse nationale de retraites pour les travailleurs des deux sexes », « toute modeste qu’elle soit, soustrairait au moins ceux qui ne peuvent plus gagner leur vie à la sombre misère à laquelle les condamne l’incroyable avidité du capital » ; et, « ne portant aucune atteinte au régime existant », elle n’aurait pas à affronter une trop forte « résistance de la part des privilégiés » [43].
Malgré l’insuccès de ses démarches, Laviron continue à militer pour le droit à la retraite, malgré le « dédaigneux silence » ou même « le refus formel » qu’il rencontre ; à l’automne 1892, alors que la question des retraites est discutée à la Chambre des députés, il essaie à nouveau de diffuser sa « pétition sous forme de brochure » qu’il « met à la disposition de quiconque lui en fera la demande, par lettre adressée à son domicile » ; il adresse aussi cette brochure aux parlementaires [44].
Socialisme et boulangisme
L’activité de Laviron suscite l’intérêt et la suspicion des autorités ; en 1878, la préfecture de police demande à ses agents de prendre des renseignements sur Paul-Émile Laviron en précisant :
Cette personne s’occuperait activement de propagande socialiste. Agir avec discrétion.
Le rapport est plutôt rassurant pour les autorités :
tous les renseignements sont des plus favorables sous tous les rapports et notamment au point de vue politique. Comme opinion, on le cite essentiellement conservateur et ennemi des communards. Pendant la Commune, il est parti dans son pays chez son frère, curé dans une paroisse dans les environs de Besançon. Le sieur Laviron n’ayant pas d’héritier sacrifie sa fortune en poursuivant l’idée de vouloir faire arriver son idée en principe dans les classes ouvrières laborieuses et honnêtes, qui a pour but de créer une retraite à l’ouvrier […], en conséquence il fait une active propagande à ce sujet mais non socialiste qui est complètement contraire à ses principes [45].
L’hostilité de Laviron envers la Commune et l’action insurrectionnelle suffit, aux yeux du policier, pour en faire un adversaire du socialisme [46]. Néanmoins, des fiches sont régulièrement remplies par la police afin de rendre compte de ses interventions dans des réunions publique et lors de conférences sur les systèmes de retraite ; en 1881, un nouveau rapport de police déclare :
on le dit très intelligent et les renseignements recueillis sur son compte sont satisfaisants. Il est socialiste et il fait une active propagande en faveur de ses idées. Il dépenserait même beaucoup d’argent dans ce but [47].
Socialiste ? Il est souvent difficile d’identifier la position politique de Laviron. Il aurait, lors d’une élection législative partielle de la Seine en 1873, soutenu le républicain Barodet contre Charles de Rémusat, le candidat de Thiers [48]. En 1881, il se présente aux élections législatives et fait campagne pour « le droit des travailleurs à la retraite » ; « candidat républicain progressiste » dans le XXe arrondissement, il n’obtient que 74 voix, là où le vainqueur – Gambetta – l’emporte avec plus de 4 500 voix [49].
Au milieu des années 1880, il est proche de la rédaction de la Revue socialiste, fondée et dirigée par Benoît Malon. Quelques années plus tard, il adhère au boulangisme. Dans une brochure publiée en 1888, il s’en prend vivement au régime parlementaire, qui permet à « l’oligarchie bourgeoise » d’assoir sa domination sur les travailleurs. Il réclame la suppression du Sénat, élu de façon non démocratique, et de la présidence de la République, qui, « flanqué d’un conseil des ministres, […] a toutes les attributions d’un roi constitutionnel ». Donc, « être parlementaire et se dire républicain est une pure rouerie » [50]. Il se prononce pour une assemblée unique chargée de préparer les lois, qui seraient adoptés ou refusées par plébiscite. La gestion des affaires régionales et locales serait organisée de la même façon.
Ainsi serait établie « la vraie république […], la république fédérative et plébiscitaire, c’est-à-dire radicalement antiparlementaire […], susceptible de tous les progrès politiques sociaux » [51]. Les parlementaires « sont les vrais auteurs de toutes les misères du jour », en s’opposant aux réformes sociales [52]. D’ailleurs, rappelle-t-il, ses propres démarches auprès des Chambres pour faire adopter un système de retraite pour les ouvriers ont été vaines, malgré les assurances apportées par plusieurs députés.
Laviron soutient Boulanger et adhère à son projet de révision des institutions. Il reprend des passages des discours du général concernant l’amélioration du sort des travailleurs, la suppression du salariat. Il repousse les accusations de ceux qui attribuent à Boulanger l’intention d’établir une dictature.
En janvier 1889, une élection législative partielle est organisée dans le département de la Seine. Laviron présente d’abord sa candidature et appose des affiches indiquant : « P.-É Laviron, auteur de la brochure intitulée Boulangisme et parlementarisme, où est exposé son programme révisionniste, dans le sens de la République démocratique et sociale » [53]. Finalement, il renonce à se présenter et vote en faveur de Boulanger, qui est élu contre le radical Édouard Jacques. Cependant quelques semaines plus tard, se présentant comme « un vieux et obscur républicain socialiste », il s’inquiète dans une Lettre adressée au général Boulanger d’un affadissement du programme boulangiste et de la présence dans l’entourage du général d’« hommes de toutes les nuances réactionnaires » ; il critique aussi le rôle joué par la Ligue des patriotes de Déroulède et l’orientation nationaliste du programme boulangiste. « En soutenant la grande cause de la révision antiparlementaire, je n’ai pas eu en vue le triomphe d’un personnage ou d’une coterie politique quelconque ; j’ai songé uniquement à déblayer le terrain des institutions qui s’opposent à la reconnaissance du droit des travailleurs, à la réalisation des améliorations sociales » [54].
Après l’échec des boulangistes lors des élections législatives générales de septembre 1889, Laviron publie une analyse des « causes de la décadence du boulangisme » : celui-ci a eu le tort d’aller chercher ses soutiens chez les radicaux et surtout chez les monarchistes, alors qu’il aurait dû s’allier avec les « démocrates socialistes » ; Laviron continue à plaider pour de profonds changements constitutionnels.
Retour vers l’École sociétaire
Alors qu’il s’était tenu à distance de l’École sociétaire dans les dernières années de la monarchie de Juillet, pendant la Deuxième République et le Second Empire, ainsi qu’au début de la Troisième République, Laviron reprend contact avec le mouvement fouriériste au milieu des années 1870, tout en gardant une certaine distance : il n’est pas mentionné parmi les convives des banquets phalanstériens pendant cette décennie et la suivante.
Il met à la disposition de la direction du Bulletin du mouvement social un certain nombre d’exemplaires de son Projet de caisse de retraite qui est envoyé gratuitement aux abonnés qui en font la demande [55]. Il intervient dans les colonnes du périodique fouriériste, toujours sur la question des retraites, notamment pour critiquer les positions adoptées par le congrès ouvrier de Lyon [56]. La Librairie des sciences sociales fait paraître en 1877 une seconde édition du Projet de caisse de retraite, augmentée des réactions qu’il a suscitées et de divers documents adressés par l’auteur au Sénat et à la Chambre des députés [57].
Si Laviron utilise le périodique fouriériste pour faire connaître son projet de caisse de retraite, il ne fait pas véritablement partie de sa rédaction et s’adresse à son directeur principalement sous forme de lettres [58]. Il publie un seul article sur un autre sujet : la Société pour la publication de livres d’instruction laïque, instrument de « l’émancipation de l’esprit humain et du progrès pacifique des sociétés » [59].
Le Bulletin du mouvement social cesse de paraître en 1879. Il est remplacé l’année suivante par la Revue du mouvement social, également dirigée par Limousin, qui, cite Laviron parmi les collaborateurs du périodique [60]. Cependant, la contribution rédactionnelle de Laviron semble avoir été très modeste. En janvier 1886, l’organe signale la publication par Laviron du Droit des travailleurs à la retraite, et en reproduit quelques pages [61].
Au moment de la liquidation de la Librairie des sciences sociales, Laviron renonce à ce qui peut lui être dû pour la brochure publiée par la Librairie des sciences sociales ; il abandonne aussi les exemplaires qui restent [62].
Laviron ne figure pas parmi les fouriéristes qui, en 1885-1886, fondent la Ligue du progrès social afin de relancer le mouvement sociétaire. Il n’apporte pas sa contribution – rédactionnelle ou financière – à la publication de La Rénovation, le nouvel organe de l’École. Hippolyte Destrem, directeur de cette revue et principal animateur du mouvement fouriériste autour de 1890, signale son combat en faveur des retraites ; mais il semble alors considérer qu’il est décédé [63].
« Doyen des phalanstériens »
Pourtant Laviron est bien vivant et se rapproche de l’École sociétaire. A plusieurs reprises, dans les années 1890, il se manifeste auprès des organisateurs du banquet du 7 avril pour excuser son absence (1893, 1894, 1896, 1897, 1898), liée à son état de santé. En 1895, il publie deux brochures : l’une porte sur le « le socialisme intégral de Charles Fourier », rédigée, en raison de la cécité qui le gagne, avec « le concours éclairé d’une parente », Émilie Jannin, également fouriériste [64]. Il y dénonce « l’invasion d’un certain socialisme réglementé, emprunté à l’Allemagne tout exprès, dirait-on, pour étouffer, chez nous, le socialisme libertaire de la première moitié du dix-neuvième siècle » [65]. Quoiqu’ayant été « compatriote et ami » de Proudhon, il privilégie le socialisme de Fourier, qui préserve la liberté de tous. « C’est de cette pensée fondamentale – on ne saurait trop le redire – que doivent s’inspirer tous les socialistes militants s’ils veulent sérieusement aboutir au règne de la justice, c’est-à-dire à la réalisation du bien-être universel » [66]. Dans le même esprit, la seconde brochure oppose « le socialisme français » et « le collectivisme allemand » importé par des « agitateurs cosmopolites » qui promettent « une vie de contrainte sous la loi disciplinaire d’un Karl Marx, […] l’esclavage collectiviste substitué à la liberté sociale » [67]. Deux autres publications suivent, l’une en 1896 sur « la morale d’après Charles Fourier [68], l’autre en 1897 sur l’éducation [69].
Parallèlement, Laviron entretient des relations plus étroites avec l’École sociétaire. Il est d’ailleurs impliqué dans les tensions qui traversent le mouvement fouriériste au milieu des années 1890, après la mort d’Hippolyte Destrem. Un comité qui se présente comme le « groupe actif de l’École », souhaite orienter l’action des disciples de Fourier vers la réalisation d’un essai sociétaire, tandis qu’Adolphe Alhaiza, le nouveau directeur de La Rénovation veut se cantonner à la propagande. Laviron fait d’abord partie du comité dirigé par Étienne Barat [70]. Mais alors que ces tensions s’aggravent jusqu’à provoquer une scission, Laviron reste finalement aux côtés d’Adolphe Alhaiza [71]. Il rédige plusieurs articles pour La Rénovation [72]. Il contribue à partir de 1895 au financement du périodique fouriériste ; il fait partie du premier comité de souscription constitué pour la réalisation d’une statue de Fourier. Il verse lui-même 50 francs, puis 20 francs [73]. Il adresse chaque année un message à l’occasion de l’anniversaire de Charles Fourier. Et quand Adolphe Alhaiza rend hommage aux « aînés [de] l’École sociétaire », Paul-Émile Laviron fait partie des condisciples honorés [74].
Mais c’est surtout de l’extérieur de l’École sociétaire qu’on le regarde comme l’un des fouriéristes les plus notoires encore en vie. En 1893, il est selon Le Petit Journal « un des premiers disciples de Charles Fourier » [75]. Quelques années plus tard, dans L’Événement, le guesdiste Paul Melgrani lui consacre un long article :
Ce nom et glorieux, revêtu du culte de la vénération austère qui s’exhale comme un encens pur des foules. Il est, nul ne l’ignore, l’apôtre ardent, désintéressé, des doctrines sublimes que Charles Fourier a prodiguées par l’univers étonné.
Le portrait que le journaliste fait du vieil homme, cet « ascète de l’humanité » est particulièrement élogieux et lui attribue un engagement militant depuis 1830 dont les autres sources ne confirment pas l’intensité et la permanence. Selon Melgrani, très tôt Paul- Émile Laviron et son frère
se font les propagateurs des doctrines de Fourier, distribuent ses livres dans les milieux ouvriers, quand éclate, comme un coup de tonnerre, la Révolution de 1830. Ils y prennent part, au détriment de leur liberté individuelle, et quand l’ouragan s’est calmé, vaincus, brisés, mais non anéantis, ils recommencent leur propagande de vulgarisation républicaine.
Puis, en 1848,
avec Lamartine, avec Louis Blanc, les frères Laviron seront les apôtres impétueux de l’idée républicaine. Et quand leur vœu le plus cher s’est réalisé, ils s’éclipsent, ne sollicitent aucune faveur, ne briguent aucun mandat électif, et ils se replieront dans leurs tristesses et leurs angoisses, lorsque la liberté sera étouffée à nouveau. […] Mais voici l’Empire !... Paul-Émile Laviron s’insurge, proteste contre le crime perpétré par Bonaparte et gaspille son immense fortune pour combattre pour la République. Pendant vingt ans, il continue son ardente propagande. Les vastes problèmes philosophiques et sociologiques le captivent, sollicitent sa claire intelligence. Une vaste idée le domine : le droit des travailleurs à la retraite. Il est le premier à l’avoir formulée, en des centaines de brochures qu’il distribuait et colportait partout, quand l’Empire s’écroula.
Selon le même article, qui comporte de nombreuses inexactitudes, en 1870, Laviron « s’enrôle pour combattre l’envahisseur de la France » ; il a pourtant près de 60 ans. « Disciple le plus brillant » de Charles Fourier, il est lié à Victor Considerant « par l’amitié et la pensée ». Cependant, ajoute Melgrani, « avec Paul-Émile Laviron, l’école phalanstérienne va s’éteindre » [76]. C’est certainement attribuer un rôle trop important à Laviron dans l’histoire du mouvement fouriériste.
Le 4 juin, la statue de Fourier est érigée à Paris, boulevard de Clichy. Laviron meurt le lendemain. Ses obsèques sont civiles et son corps est incinéré au Père-Lachaise. Plusieurs discours sont alors prononcés : par le socialiste Jean Allemane, selon lequel « les temps héroïques d’enthousiasme et de foi de 1830 et 1848, où vécut et lutta Laviron, sont appelés à revenir » ; par Raymond Daly, dont le père César a été un membre important de l’École sociétaire sous la monarchie de Juillet ; par Paul Melgrani qui fait un « historique attachant et instructif du cher et vénéré défunt » ; par Adolphe Alhaiza, qui affirme que Laviron a connu personnellement Fourier et a collaboré à la propagande phalanstérienne avec Considerant et les premiers disciples : « Avec Laviron disparaît un des derniers survivants de cette phalange si brillante de la première heure » [77].
Son décès est signalé par de nombreux quotidiens parisiens. Laviron est généralement qualifié de « doyen de la société phalanstérienne » ; on lui attribue parfois – à tort – l’initiative de la statue de Fourier [78]. En juillet 1899, La Rénovation reproduit un portrait de Laviron qui accompagne une biographie de « notre vénéré doyen et collaborateur, un des derniers survivants de ceux qui avaient connu personnellement Fourier ». Selon cet article, Laviron se « porta dès sa première jeunesse […] en politique avec Lamartine, Louis Blanc, Barbès, aussi bien qu’en sociologie pure avec Fourier […] ; il avait combattu en 1830 comme il devait combattre encore en 1848 » [79].
[1] Observations sur les faillites et banqueroutes, et sur le dernier projet de loi présenté aux Chambres, ou Recherches sur les réformes à opérer dans la législation commerciale, Paris, Renard, 1837, p. 11.
[2] « Guerre au commerce », La Phalange, juin 1837, col. 913-919. L’article n’est pas signé ; mais la table des articles publiée à la fin du volume rassemblant les numéros parus en 1836 et 1837 attribue l’article à V. Considerant.
[3] Lettre confidentielle des membres de la réunion du 31 juillet en réponse à une brochure intitulée : Les Phalanstériens, la Commission préparatoire de l’Institut sociétaire, Paris, Impr. de Decourchant, 1837, p. 19.
[4] Le Nouveau Monde, 15 juin 1839.
[5] Journal de la banque des échanges, n°1, juin 1839, « Liste des sociétaires de la banque des échanges ».
[6] Á chacun selon son travail, Paris, bureau de la Société bibliophile, 1844, p. 56-57.
[7] Ibid., p. 24-25.
[8] Ibid., p. 44.
[9] Ibid., p. 58.
[10] Ibid., annonce de l’éditeur à la fin de À chacun selon son travail.
[11] L’Évangile devant le siècle. Examen des doctrines du christianisme, Paris, Mme H. Petit-Didier, 1845, VIII-239 p.
[12] Ibid., avant-propos, p. VI.
[13] Paris, bureau de la Société bibliophile, 1847, 432 p.
[14] Récit authentique de la séance révolutionnaire tenue à l’hôtel-de-ville pendant la nuit du 24 au 25 février 1848, Paris, Collibert, 1848, 32 p.
[15] À mes concitoyens du département de la Seine, Paris, Impr. Fain et Thunot, 1848, 2 p.
[16] Ibid. Laviron se présente comme avocat dans cette profession de foi.
[17] Gaëtan Delmas, Curiosités rouges. Histoire critique de tous les journaux ultra-républicains publiés à Paris depuis le 24 février jusqu’au 1er octobre 1848, Paris, Giraud et Cie, 1848, p. 59.
[18] Alphonse Lucas, Les Clubs et les clubistes : histoire complète, critique et anecdotique des clubs et des comités électoraux fondés à Paris depuis la révolution de 1848, Paris, Dentu, 1851, p. 163.
[19] Ibid., p 195.
[20] Jean Wallon, La Presse de 1848, ou Revue critique des journaux publiés à Paris depuis la Révolution de février jusqu’à la fin de décembre, Paris, Pillet fils aîné, 1849, 138 p., p. 59 et p. 137. Henry Izambard, La Presse parisienne, statistique bibliographique et alphabétique de tous les journaux, revues et canards périodiques, Paris, P.-H. Krabbe, 1853, p. 185.
Le projet de Tribun du peuple de Laviron doit être distingué du Tribun du peuple, organe des travailleurs, publié par l’abbé Constant en 1848 et mentionné par Curiosités rouges…, op. cit., p. 137-138.
[21] D’après Alphonse Lucas, c’est d’ailleurs Paul-Émile qui meurt à Rome en 1849. Les Clubs et les clubistes…, op. cit., p. 163 et p. 215.
[22] Institut national de la propriété industrielle (INPI), 1BB28368, brevet d’invention de 15 ans ; Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1856, p. 180 ; décret impérial du 20 février 1858, dans le Bulletin des lois, 1858, n°594, p. 550.
[23] INPI, 1BB28368(1) et 1BB28368(2), certificats d’addition au brevet 1BB28368 ; et Revue des sociétés savantes de la France et de l’étranger, 2e semestre 1857, p. 692, compte rendu des séances des 14 et 28 octobre 1857 de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale.
[24] INPI, 1BB41720, brevet d’invention de 15 ans, demande déposée le 27 juillet 1859. Et Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1859, n°6, p. 194.
[25] INPI, 1BB47080 et 1BB47080(1), brevet d’invention de 15 ans (demande déposée le 17 octobre 1860) et certificat d’addition (demande déposée le 13 octobre 1862). Catalogue des brevets d’invention du 1er janvier au 31 décembre 1860, n°10, p. 307.
[26] Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 1143, dossier Laviron, rapport de police du 28 février 1881.
[27] Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, pétition adressée à l’Assemblée nationale, Paris, Impr. de Seringe frères, 1876, 108 p.
[28] Ibid., p. 8.
[29] Ibid., p. 13.
[30] Ibid., p. 40.
[31] La Liberté, 26 août 1876.
[32] Projet de caisse de retraite..., op. cit., p. 8.
[33] La Liberté, 26 août 1876.
[34] Projet de caisse de retraite…, op. cit., p. 101.
[35] Ibid., p. 60.
[36] Plus de révolutions. Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, augmentée d’une réplique au Congrès ouvrier de Lyon, Paris, Librairie des sciences sociales, 1878 (3e éd.), 142 p.
[37] Chambre des députés, Feuilleton – Annexe au Feuilleton n°48, 16 juin 1877, p. 1-10.
[38] Le Petit Journal, 1er février 1878 ; Le Rappel, 12, 13 et 15 septembre 1878
[39] Le Petit Journal, 10 novembre 1878.
[40] Le Temps, 26 novembre 1879.
[41] Le Rappel, 21 décembre 1881 ; Revue du mouvement social, février 1882, p. 39.
[42] Le droit des travailleurs à la retraite. 1ère partie : la question du droit, Paris, bureau de la Revue socialiste, 1886, VIII-260 p.
[43] Revue socialiste, juin 1886, p. 544-548.
[44] La Justice, 15 novembre 1892 et 19 avril 1893.
[45] Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 1143, dossier Laviron, rapport de police du 31 août 1878.
[46] En 1876, Laviron déclare qu’avec une caisse de retraite, on aurait pu prévenir « cette terrible prise d’armes socialiste » et « on aurait évité ainsi de mettre notre brave armée […] dans la dure nécessité de vaincre des Français ». Dans Projet d’une caisse de retraite…, op. cit., p. 100.
[47] Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 1143, dossier Laviron, rapport de police du 28 août 1881.
[48] Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 1143, dossier Laviron, rapport de police du 28 août 1881.
[49] 74 voix selon Le Radical, 27 août 1881, et Le Temps, 27 août 1881 ; 82 voix selon Le Gaulois, 22 août 1881.
[50] Boulangisme et parlementarisme, Paris, Impr. nouvelle, 1888, p. 4-5.
[51] Ibid., p. 7.
[52] Ibid., p. 8-9.
[53] Affiche du candidat Paul-Émile Laviron pour l’élection législative du 27 janvier 1889 à Paris (Musée Carnavalet). Le contenu de l’affiche est repris dans la presse, par exemple dans le Journal des débats, 8 janvier 1889.
[54] Lettre adressée au général Boulanger, député de la Seine, Paris, Impr. P. Lambert, s. d. [1889], 4 p.
[55] Bulletin du mouvement social, 15 juin 1876 ; 15 janvier 1877.
[56] Bulletin du mouvement social, 15 mai et 15 juin 1878.
[57] Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, pétition adressée en 1875 à l’Assemblée nationale. 2e édition, augmentée de : 1° Lettre aux membres du Sénat et de la Chambre des Députés (1876) ; 2° Mémoire à la commission des pétitions de la Chambre (1877) ; 3° Articles de journaux et autres documents, Paris, Librairie des sciences sociales, 1877, 120 p.
[58] Bulletin du mouvement social, 15 mai 1879, « La question des retraites ouvrières et la philosophie de l’avenir » ; Laviron y répond à un article du socialiste colinsien E. Pignon paru dans La Philosophie de l’avenir, mars 1879.
[59] Bulletin du mouvement social, 15 décembre 1878.
[60] Revue du mouvement social, février 1880, p. 3 ; décembre 1885, p. 471.
[61] Revue du mouvement social, janvier 1886.
[62] École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 2, lettre de Laviron, 28 avril 1884 au conseil d’administration.
[63] La Rénovation, n°40, 30 décembre 1891. « Laviron, de regrettable mémoire », écrit Destrem, qui en parle à l’imparfait.
[64] Préface à Un mot sur le socialisme intégral de Charles Fourier, à propos du droit à l’existence et du droit de retraite, Paris, Imp. Jean Allemane, 1895 (3e éd), p. I.
[65] Ibid., p. I
[66] Ibid, p. II-IV.
[67] Le socialisme français et le collectivisme allemand, Paris, Impr. Jean Allemane, 1895, p. 1 et 6.
[68] La morale d’après Charles Fourier, Paris, Impr. Jean Allemane, 1996, 19 p.
[69] L’Éducation au point de vue du progrès social, Paris, Impr. Jean Allemane, 1897, 15 p.
[70] La Rénovation, n°61, 10 novembre-25 décembre 1894.
[71] La Rénovation, 30 avril 1896, n°75 ; L’Association ouvrière, n°38, juin 1896, « Une statue à Fourier ».
[72] « Socialisme et liberté », n°63, 30 mars 1895 ; « L’Association gambettiste et les réformes sociales », n°65, 5 juin 1895.
[73] La Rénovation, n°79, 15 septembre 1896 ; n°108, 28 février 1899.
[74] La Rénovation, n°67, 20 août 1895.
[75] Le Petit Journal, 8 avril 1893, compte rendu de l’anniversaire de la naissance de Fourier.
[76] L’Événement, 16 février 1898.
[77] La Rénovation, n°112, 30 juin 1899, « Nécrologie » et « Discours de M. Alhaiza aux obsèques de P.-É. Laviron »
[78] Cette formule se retrouve notamment dans Le Temps (8 juin 1899), le Journal des débats (8 juin 1899), La Presse (8 juin 1899), La Lanterne (9 juin 1899), Le Petit Journal (8 juin 1899), Le Radical (9 juin 1899), Le Rappel (9 juin 1899), Le XIXe siècle (9 juin 1899).
[79] La Rénovation, n°113, 31 juillet 1899.
Œuvres :
Observations sur les faillites et banqueroutes, et sur le dernier projet de loi présenté aux Chambres, ou Recherches sur les réformes à opérer dans la législation commerciale, Paris, Renard, 1837, 56 p. (en ligne sur Gallica).
Observations sur les sociétés commerciales et examen du projet de loi présenté aux Chambres sur cette matière, Paris, l’auteur, 1838, p. 59-82 (extrait du Censeur de Lyon, 21, 23 et 26 mars 1838).
Á chacun selon son travail, Paris, bureau de la Société bibliophile, 1844, 57-4 p. (publié sous le pseudonyme de Simon Granger).
L’Évangile devant le siècle. Examen des doctrines du christianisme, Paris, Mme H. Petit-Didier, 1846, VIII-239 (publié sous le pseudonyme de Simon Granger).
L’Église et le pouvoir, Paris, bureau de la Société bibliophile, 1847, VIII-132 p. (sous le pseudonyme de Simon Granger).
À mes concitoyens du département de la Seine, Paris, Impr. Fain et Thunot, 1848, 2 p.
Récit authentique de la séance révolutionnaire tenue à l’hôtel-de-ville pendant la nuit du 24 au 25 février 1848, Paris, Collibert, 1848, 32 p.
Convocation des hommes lettrés sans emploi, Paris, Impr. de Bénard, 1848, affiche (en ligne sur Gallica).
Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, pétition adressée en 1875 à l’Assemblée nationale le 20 novembre 1875, Paris, Impr. de Seringe frères, 1876, 108 p. (en ligne sur Gallica).
Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, pétition adressée en 1875 à l’Assemblée nationale. 2e édition, augmentée de : 1° Lettre aux membres du Sénat et de la Chambre des Députés (1876) ; 2° Mémoire à la commission des pétitions de la Chambre (1877) ; 3° Articles de journaux et autres documents, Paris, Librairie des sciences sociales, 1877, 120 p.
Plus de révolutions. Projet de caisse de retraite pour les ouvriers, 3e édition augmentée d’une réplique au Congrès ouvrier de Lyon, Paris, Librairie des sciences sociales, 1878, 142 p.
Qu’est-ce que l’État ? ou l’État et les partis. Ordres de la noblesse et du clergé, tiers-état et bourgeoisie, quatrième état ou parti ouvrier, Paris, chez l’auteur, 1880, 90 p. (en ligne sur Gallica).
Le droit des travailleurs à la retraite. 1ère partie : la question du droit, Paris, bureau de la Revue socialiste, 1886, VIII-260 p.
Boulangisme et parlementarisme, Paris, Impr. nouvelle, 1888, 42 p. (en ligne sur Gallica).
Lettre adressée au général Boulanger, député de la Seine, Paris, Impr. P. Lambert, 1889, 4 p.
Causes de la décadence du boulangisme, Paris, Impr. de P. Lambert, 1890, 15 p.
Le socialisme français et le collectivisme allemand, Paris, Impr. de J. Allemane, 1895, 8 p. (en ligne sur Gallica).
Un mot sur le socialisme intégral de Charles Fourier, à propos du droit à l’existence et du droit de retraite, Paris, Imp. Jean Allemane, 1895, 20 p.
La morale d’après Charles Fourier, Paris, Impr. Jean Allemane, 1996, 19 p.
L’Éducation au point de vue du progrès social, Paris, Impr. Jean Allemane, 1897, 15 p.
Fondateur et directeur de journaux :
La Commune, journal général de la propriété foncière et de l’industrie agricole, 1839-1840.
Revue officielle des comices agricoles et de toutes les institutions agronomiques, 1840.
Le Tribun du peuple, journal des révélations politiques, archives du favoritisme, du cumul, de l’exploitation et de tous les abus [prospectus], 1848, 4 p.
Sources :
Archives municipales de Besançon, état-civil, acte de naissance, 24 mars 1811 (en ligne sur le site des Archives municipales de Besançon, vue 86/342).
Archives de Paris, V4E 10603, état civil du 19e arrondissement, acte de décès (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 8/31).
École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 2, lettre de Laviron au conseil d’administration de la libraire des sciences sociales, 28 avril 1884.
Archives de la préfecture de police de Paris, Ba 1143, dossier Laviron.
Lettre confidentielle des membres de la réunion du 31 juillet en réponse à une brochure intitulée : Les Phalanstériens, la Commission préparatoire de l’Institut sociétaire, Paris, Impr. de Decourchant, 1837, 24 p. (en ligne sur le site de la Bibliothèque virtuelle de l’université de Poitiers. Les premiers socialismes).
La Phalange, juin 1837 (en ligne sur Gallica).
Le Nouveau Monde, 15 juin 1839 (en ligne sur Gallica).
Journal de la banque des échanges, n°1, juin 1839 (en ligne sur Gallica).
Gaëtan Delmas, Curiosités rouges. Histoire critique de tous les journaux ultra-républicains publiés à Paris depuis le 24 février jusqu’au 1er octobre 1848, Paris, Giraud et Cie, 1848, 158 p. (en ligne sur Gallica).
Alphonse Lucas, Les Clubs et les clubistes : histoire complète, critique et anecdotique des clubs et des comités électoraux fondés à Paris depuis la révolution de 1848, Paris, Dentu, 1851, 271 p. (en ligne sur Gallica).
Jean Wallon, La Presse de 1848, ou Revue critique des journaux publiés à Paris depuis la Révolution de février jusqu’à la fin de décembre, Paris, Pillet fils aîné, 1849, 138 p. (en ligne sur Gallica).
Henry Izambard, La Presse parisienne, statistique bibliographique et alphabétique de tous les journaux, revues et canards périodiques, Paris, P.-H. Krabbe, 1853, XXX-203 p. (en ligne sur Gallica).
Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1856, Paris, Impr. Mme Ve Bouchard-Huzard, 1857, 492 p. (en ligne sur Gallica).
Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1859, Paris, J. Tremblay, n°6, p. 171-200 (en ligne sur Gallica).
Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1860, n°10,
Revue des sociétés savantes de la France et de l’étranger, 2e semestre 1857 (en ligne sur Gallica).
Bulletin des lois, janvier-juin 1858, n°594 (en ligne sur Gallica).
Bulletin du mouvement social, 15 juin 1876, 15 janvier 1877, 15 mai, 15 juin et 15 décembre 1878, 15 mai 1879.
Revue du mouvement social, février 1880, février 1882, décembre 1885, janvier 1886 (en ligne sur Gallica).
Chambre des députés, Feuilleton – Annexe au Feuilleton n°48, 16 juin 1877 (en ligne sur Gallica).
La Liberté, 26 août 1876 (en ligne sur Gallica).
Journal des débats, 3 septembre 1878, 9 janvier 1889 ; 8 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
Le Rappel, 12, 13 et 15 septembre 1878 ; 21 décembre 1881 ; 9 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
Le Petit Journal, 1er février et 10 novembre 1878, 8 avril 1893, 8 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
Le Temps, 26 novembre 1879, 27 août 1881, 8 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
Le Gaulois, 22 août 1881 (en ligne sur Gallica).
Le Radical, 27 août 1881, 4 février 1882, 9 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
Revue socialiste, juin 1886 (en ligne sur Gallica).
La Justice, 15 novembre 1892 et 19 avril 1893 (en ligne sur Gallica).
L’Événement, 16 février 1898 (en ligne sur Gallica).
La Presse, 8 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
La Lanterne, 9 juin 1899 (en ligne sur Gallica).
La Rénovation, n°40, 30 décembre 1891 ; n°63, 30 mars 1895 ; n°65, 5 juin 1895 ; n°67, 20 août 1895 ; n°75, 30 avril 1896 ; n°79, 15 septembre 1896 ; n°108, 28 février 1899 ; n°112, 30 juin 1899 ; n°113, 31 juillet 1899.
Sitographie :
Béatrice Bouvier, « Laviron, Gabriel », Dictionnaire critique des historiens de l’art (sur le site de l’Institut National d’Histoire de l’Art).
Affiche du candidat Paul-Émile Laviron pour l’élection législative du 27 janvier 1889 à Paris (en ligne sur le site du Musée Carnavalet).
Base de données des brevets du 19e siècle (sur le site de l’Institut national de la propriété industrielle), Brevets d’invention 1BB28368, 1BB28368(1) et 1BB28368(1) ; 1BB41720 ; 1BB47080 et 1BB47080(1).
Iconographie :
Portrait de Paul-Émile Laviron dans La Rénovation, , n°113, 31 juillet 1899.
Laviron, Paul-Emile Ressources - Portraits de disciples dans La Rénovation - septembre 2004 article en texte intégral |
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