Né le 22 décembre 1819 à Montpellier (Hérault), décédé le 22 juin 1892 à Paris, 5e arrondissement (Seine). Polytechnicien, puis enseignant à l’École polytechnique et à la faculté des sciences de la Sorbonne. Abonné à La Démocratie pacifique.
Pierre Ossian Bonnet est le fils d’un négociant [1]
Après ses études au collège royal de Montpellier, il est admis en 1838 à l’École polytechnique. Bien classé à la sortie de cet établissement, il entre à l’École des ponts et chaussées. Mais en 1842, il renonce à une carrière d’ingénieur des ponts et chaussées pour se consacrer aux mathématiques. La même année, il se marie avec Aurélie Bruneau, originaire de Nantes et appartenant à une famille de négociants.
Il s’abonne à La Démocratie pacifique pour une année dès la parution du quotidien fouriériste. On ignore s’il a continué à fréquenter les milieux fouriéristes ensuite.
Pendant quelques années, il connaît une période difficile :
Sans autre position officielle que celle de répétiteur à l’École polytechnique (1844), obligé de se créer par un labeur incessant, des ressources dans l’enseignement libre, il occupait ses rares moments de loisir à composer des Mémoires admirables [2].
Il enseigne notamment à l’institution Sainte-Barbe pour préparer les candidats à l’École polytechnique [3] ; parallèlement, il poursuit ses recherches et obtient un doctorat ès sciences en 1852, en soutenant deux thèses, l’une sur « le développement des fonctions en séries ordonnées », l’autre sur « la théorie mathématique des cartes géographiques » [4]. En 1865, son épouse décède. Il a la charge de trois garçons.
À partir des années 1860, ses travaux mathématiques, qui concernent principalement la géométrie, mais aussi la mécanique et l’astronomie, lui valent la reconnaissance des milieux scientifiques – il entre à l’Académie des sciences en 1862 – et lui permettent d’améliorer sa situation matérielle. Il est nommé « examinateur d’admission » à l’École polytechnique en 1864, puis « directeur des études » dans la même institution en 1872. Il y laisse le souvenir d’un « homme d’un caractère bienveillant et affable, savant éminent illustré par des précieuses découvertes » [5]. Sans qu’on en connaisse la raison, l’un de ses prénoms est utilisé par les élèves pour désigner un bonnet de coton, « l’ossian » qui peut « servir de cagoule à ceux qui se déguisent » et « veulent faire du tapage » [6].
Parallèlement, il intervient aussi à l’École normale supérieure (à partir de 1868) et à la faculté des sciences de la Sorbonne, où il est nommé professeur d’astronomie physique en 1878 [7] ; il dispense un cours de géométrie à l’École des Beaux-Arts. Ses travaux lui valent d’être nommé en 1883 au Bureau des longitudes, en tant que représentant de l’Académie des sciences [8]. Il est aussi membre de plusieurs sociétés savantes, comme la Société mathématique de France (qui le porte à la présidence en 1879) [9] ou l’Académie royale de Göttingen [10].
Il doit cependant quitter la direction des études à l’École polytechnique en 1878 ; en effet, veuf, il fait venir dans le logement que lui fournit l’École la gouvernante au service de la famille depuis plusieurs années. Cette cohabitation suscite des rumeurs et donc sa révocation. Diverses protestations – de la part d’enseignants et d’élèves polytechniciens, mais aussi de membres de l’Académie des sciences et de diverses institutions où enseigne Ossian-Bonnet – sont adressées au ministère de la Guerre dont dépend l’établissement, sans résultat. La mesure ministérielle et les réactions qu’elle entraîne provoquent de nombreux articles dans la presse, qui témoignent de l’estime dont il bénéficie dans les milieux scientifiques et parmi les polytechniciens [11].
[1] Dans son acte de naissance et quand il entre à l’École polytechnique, son patronyme est Bonnet ; mais au fil du temps, il associe son second prénom et son nom ; il signe ses publications « Ossian-Bonnet ». Ses trois fils portent d’ailleurs le nom de « Ossian-Bonnet ».
[2] Paul Appel, « Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 117, juillet-décembre 1893, n°26, p. 1014.
[3] Ibid., p. 1023.
[4] Revue de l’instruction publique en France et dans les pays étrangers, 12 août 1852, p. 221, présentation des deux thèses.
[5] A. Miles, Une Famille de polytechniciens, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1888, p. 83.
[6] Albert Lévy et Gaston Pinet, L’Argot de l’X, illustré par les X, Paris, Émile Testard, 1894, p. 217.
[7] Le Temps, 29 mars 1878.
[8] Le Temps, 7 mai 1883.
[9] Le Temps, 13 janvier 1879.
[10] Paul Appel, « Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet », art. cit., p. 1015.
[11] Le Temps, 16 et 27 novembre 1878 ; 7 décembre 1878.
Œuvres :
Mémoire sur la théorie générale des séries, Bruxelles, M. Hayez, 1850, 116 p. (Mémoire publié par l’Académie royale de Belgique).
Notice sur les travaux mathématiques de M. Ossian Bonnet, Paris, Impr. de Bachelier, 1851, 6 p.
Thèses de mécanique et d’astronomie présentées à la faculté des sciences de Paris, le 15 avril 1852, Paris, Bachelier, 1852, 78 p.
Notice sur les travaux mathématiques de M. Ossian Bonnet, Paris, Impr. de Bachelier, 1856, 14 p.
Leçons de mécanique élémentaire à l’usage des candidats à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure, Paris, Mallet-Bachelier, 1858, X-272 p. (en ligne sur Gallica]).
Théorie de la réfraction astronomique, Paris, Gauthier-Villars et fils, 1888, 61 p. (extrait des Nouvelles Annales de mathématiques, 2e série, t. VI, juillet, août et décembre 1887).
Astronomie sphérique. Premier fascicule. Notes sur le cours professé pendant l’année 1887 par Ossian-Bonnet, rédigées par Blondin et Guillet, Paris, G. Carré, 1889, 116 p. (coll. Cours de la faculté des sciences de Paris) (en ligne sur Gallica]).
Pierre Ossian Bonnet est aussi l’auteur de nombreux rapports, mémoires et articles parus dans divers périodiques, comme le Journal de l’École polytechnique, les Annales du Bureau des longitudes, ou encore les publications de l’Académie des sciences, comme les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences.
Sources :
Archives nationales, F/14/2175/2, dossier des ponts et chaussées de Pierre-Ossian Bonnet.
Archives départementales de l’Hérault, 5 MI 1/71, état civil de Montpellier, acte de naissance du DATE (en ligne sur le site des Archives départementales de l’Hérault, vue 335/362).
Archives municipales de Nantes, état civil des 3e et 4e cantons, acte du 16 mai 1823 (en ligne sur le site des Archives municipales de Nantes, vue 73/197).
Archives de Paris, état civil reconstitué, acte de mariage 1er décembre 1842 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 26/51).
Archives de Paris, état civil du 5e arrondissement, acte de décès du 22 juin 1892 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 23/31).
Revue de l’instruction publique en France et dans les pays étrangers, 12 août 1852, p. 221 (en ligne sur Gallica).
Paul Appel, « Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 117, juillet-décembre 1893, n°26, p. 1014-1024 (en ligne sur Gallica).
A. Miles, Une Famille de polytechniciens, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1888, 366 p. (en ligne sur Gallica).
Albert Lévy et Gaston Pinet, L’Argot de l’X, illustré par les X, Paris, Émile Testard, 1894, XIII-326 p. (en ligne sur Gallica).
Le Temps, 29 mars 1878, 16 novembre 1878, 27 novembre 1878 et 13 janvier 1879 (en ligne sur Gallica).
Sitographie :
Légion d’honneur, Base Leonore), dossier LH/289/23, Pierre-Ossian Bonnet.
Bibliothèque centrale de l’École polytechnique, Portail patrimonial de l’École polytechnique, notice biographique de Pierre Ossian Bonnet.
Site de la Sabix (Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique), reproduction d’une notice biographique de Pierre Ossian Bonnet parue dans le Livre du centenaire de l’École polytechnique.
Site du Comité des travaux historiques et scientifiques, notice sur Pierre Ossian Bonnet.
Françoise Huguet et Boris Noguès, « Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880) », juin 2011 [en ligne] http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/ (consulté le 9-12-2020).
MacTutor History of Mathematics Archive, notice biographique de Pierre Ossian Bonnet.
Iconographie :
Portrait de Pierre Ossian Bonnet sur le site Médias 19 et sur le site de la Bibliothèque de l’École polytechnique.
.
.
.