Née le 21 juin 1816 à Bristol (Royaume-Uni), décédée le 4 janvier 1900 à Hastings (Royaume-Uni). Enseignante, écrivaine, journaliste, traductrice, demeurant aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. Membre de la communauté de Brook Farm (États-Unis) ; liée à l’École sociétaire dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Anna Blackwell est la fille d’un industriel, Samuel Blackwell, qui dirige une raffinerie de sucre à Bristol (Royaume-Uni). Au début des années 1830, la famille émigre aux États-Unis ; elle s’installe d’abord à New York, puis à Newark (New Jersey). Samuel Blackwell milite au sein des milieux réformateurs, en faveur notamment de l’abolition de l’esclavage. Les Blackwell s’établissent en 1838 à Cincinnati (Ohio), mais Samuel y décède la même année. Sa veuve, Hanna Lane, aidée de sa belle-sœur Mary Blackwell et de ses filles, dont Anna, l’aînée des neuf enfants Blackwell, fonde un établissement scolaire de jeunes filles, qui ferme dès 1842. Elizabeth Blackwell, l’une des sœurs cadettes d’Anna, fait des études médicales et devient la première femme docteur en médecine aux États-Unis, avant de s’installer au Royaume-Uni [1].
Spiritisme
Anna Blackwell entre en 1845 à Brook Farm (Massachusetts), une communauté fondée par des transcendantalistes et animée par Georges Ripley, puis convertie au fouriérisme en 1844 [2] ; mais cette association est victime d’un incendie en 1846. Elle passe ensuite dans d’autres communautés phalanstériennes ; dans l’été 1847, elle rejoint sa sœur Elizabeth dans la Philadelphia Union, une association d’inspiration fouriériste [3]. Elle traduit un ouvrage de George Sand, Jacques, publié à New York en 1847.
À une date indéterminée, elle quitte les États-Unis pour l’Europe, vivant désormais tantôt au Royaume-Uni, tantôt en France. À Paris, elle s’installe rue du Dôme, puis rue de l’Étoile, d’après un répertoire d’adresse de la Librairie des sciences sociales, élaboré sous le Second Empire [4]. En 1851, elle est en contact avec les fouriéristes et notamment avec Aimée Beuque, qui tient la Librairie sociétaire rue de Beaune et chez laquelle elle participe à des séances de spiritisme. L’auteur dramatique Victorien Sardou qui y assiste aussi, se rappelle à la fin du XIXe siècle y avoir rencontré « Mme Blackwell, fouriériste également et d’une rare intelligence » [5].
Son adhésion au spiritisme s’exprime également dans ses activités littéraires, avec des poèmes (Poems, 1853), des essais et des traductions : elle traduit en anglais le Livre des Esprits d’Allan Kardec, ainsi que le roman La Petite Bohémienne (1868) de l’écrivain spirite Élie Sauvage, qui paraît à Londres sous le titre The Little Gipsy (1869). D’après ses biographes, elle traduit aussi des textes de Fourier. Elle rédige des articles pour des journaux de différents pays.
Dans les années 1880, elle s’installe à Triel-sur-Seine (alors en Seine-et-Oise, aujourd’hui dans les Yvelines) – elle y est recensée en 1886 et 1891 –, où elle effectue des recherches pour retrouver le trésor de Jacques II d’Angleterre, en vain [6]. Elle retourne ensuite au Royaume-Uni et s’établit à Hastings d’où elle envoie en 1897 deux fois 2 fr. 50 à Adolphe Alhaiza pour aider l’organe fouriériste La Rénovation [7]. Ce périodique signale en 1898 la parution d’un nouveau recueil de poème, A vision, avec le commentaire : « les pensées qu’exprime le poète notre condisciple, sont en parfait accord avec les vues morales les plus hautes de la doctrine phalanstérienne » [8]. Il annonce en 1900 le décès de
notre zélée condisciple à qui nous avons dû diverses fois d’intéressantes communications touchant le mouvement coopératif anglais. Miss Anna Blackwell avait écrit des poésies estimées. Elle était une fervente amie de notre regrettée Mme Griess-Traut [9].
[1] Elizabeth Blackwell visite en septembre 1872 le Familistère de Guise, fondé par Jean-Baptiste André Godin). D’après Le Livre des visiteurs, Archives du Familistère de Guise.
[2] Le transcendantalisme est un courant intellectuel et spirituel fondé autour du poète et philosophe Ralph Wald Emerson, qui s’oppose au positivisme et au matérialisme, et qui insiste sur l’unité du monde et sur les liens entre l’individuel et l’universel.
[3] Carl J. Guarneri, The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth Century, Ithaca, Cornell University Press, 1991, p. 245.
[4] École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 8, répertoire d’adresses.
[5] Jules Huret, « Comment M. Sardou devient spirite », Le Figaro, 8 février 1897.
[6] Jacques II (1633-1701), après son départ d’Angleterre en 1688, s’installe à Saint-Germain-en-Laye, dont Triel-sur-Seine est proche ; il y aurait laissé un trésor.
[7] La Rénovation, n°86, 30 avril 1897 et n°94, 31 décembre 1897. A. Blackwell envoie à chaque fois 2 fr. 50.
[8] La Rénovation, n°101, 31 juillet 1898.
[9] La Rénovation, n°120, 28 février 1900.
Œuvres :
Poems, Londres, Chapmann, 1853, VII-248 p. (en ligne sur Hathitrust Digital Library).
The Philosophy of Existence. The Testimony of the Ages, London, J. Burns, 1871, 91 p.
Spiritualism and Spiritism, A Reprint of two letters in Human Nature, with the Writer’s reply for the Times of December 26, Glasgow, 1873.
Experimental Spiritism. The Medium’s Book, or Guide for mediums and for evocation, Londres, Trübner and co, 1876, XIX-456 p.
De l’effet probable du progrès des idées spirites sur la marche sociale de l’avenir, Paris, Librairie de la Revue spirite, 1877, 23 p.
Practical Spiritism. Heaven and Hell, or the Divine Justice Vindicated in the Pluralitity of Existences, Londres, Trübner and co, 1878, VIII-444 p.
A Vision, Londres, G. Redway, 1898, 14 p.
Whence and Whither ? or Correlation between Philosopic Convictions and Social Forms, Londres, G. Redway, 1898, 32 p.
Des articles dans de nombreux journaux de divers pays.
Traductrice de :
Jacques, de Georges Sand (1834), New York, 1847.
Le Livre des esprits, d’Allan Kardec (1857) : Spiritualist Philosophy. The Spirit’s Book, Containing the Principles of Spiritist Doctrine, Londres, Trübner, 1875, 438 p.
Une petite bohémienne, d’Élie Sauvage (1868) : The Little Gipsy, Londres, 1869.
Ses biographes indiquent qu’Anna Blackwell a aussi traduit des textes de Fourier, sans préciser lesquels.
Sources :
École normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 8, répertoire d’adresses.
Archives départementales des Yvelines, recensements de la population de Triel-sur-Seine, 1886 et 1891 (en ligne sur le site des Archives départementales des Yvelines).
Jules Huret, « Comment M. Sardou devient spirite », Le Figaro, 8 février 1897.
La Rénovation, n°120, 28 février 1900.
Bibliographie :
Carl J. Guarneri, The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth Century, Ithaca, Cornell University Press, 1991, 525 p.
Sitographie :
Exposition au Radcliffe Institute of Advanced Stugy. Harvard University.
Site sur la famille Blackwell.
L’énigme du trésor de Jacques II à Triel, sur Triel, Mémoire et Histoire. L’association historique de Triel).
.
.
.