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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Calamatta, Luigi (Antonio Giuseppe)
Article mis en ligne le 7 mai 2019
dernière modification le 20 mai 2019

par Desmars, Bernard

Né le 21 juin 1801 à Civitavecchia (alors dans les États pontificaux, aujourd’hui en Italie), décédé le 8 mars 1869 à Milan (Italie). Peintre, dessinateur et graveur, professeur à l’École de gravure de Bruxelles, puis à l’Académie des beaux-arts de la même ville, et enfin à l’Académie de Brera à Milan. Auteur d’une gravure représentant Charles Fourier.

Luigi Calamatta est le fils d’un militaire. Il se retrouve dès l’âge de 7 ans

Luigi Calamatta

orphelin de père et de mère. Il est élevé par un oncle, puis placé à Rome où il suit des cours de gravure [1]. Au début des années 1820, il s’installe à Paris et travaille avec le peintre Ingres. En 1827, il présente au Salon une première œuvre, Bajazet et le berger, d’après un tableau de Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy. Dix ans plus tard, le Vœu de Louis XIII, réalisé à partir de la peinture d’Ingres lui vaut une certaine notoriété ; il reçoit la Légion d’honneur et il est recruté pour enseigner la gravure à Bruxelles dans une école récemment créée [2].
Pendant une dizaine d’années, il réside environ six mois en Belgique, pour son enseignement, et six mois en France. Il se marie en 1840 avec Joséphine Rochette, artiste peintre et fille de Raoul Rochette, spécialiste de l’Antiquité et conservateur à la Bibliothèque royale après avoir enseigné à la Sorbonne ; en 1842, naît leur fille Marceline, dite Lina [3].

Auteur de nombreux portraits, Calamatta grave celui de Fourier d’après le tableau peint par Jean Gigoux. On ne lui connaît par ailleurs aucune autre intervention au service de la cause fouriériste. Il est donc difficile de savoir si ce travail est lié à des relations qu’il aurait nouées avec des membres de l’École sociétaire, ou bien s’il est le résultat d’une commande commerciale.

Charles Fourier, par Luigi Calamatta (Source : Gallica)

Cette gravure est diffusée par la Librairie sociétaire à partir du printemps 1846 [4]. Les disciples de Fourier peuvent l’admirer dans plusieurs villes de France, lors des banquets organisés le 7 avril 1846 pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Fourier. À Paris,

vingt épreuves du beau portrait de Fourier, gravé par M. Calamatta, d’après le tableau de M. Jean Gigoux, ornaient la salle du banquet. Les disciples se pressaient pour contempler la noble tête du penseur [5].

À Clermont-Ferrand,

un portrait de Fourier, gravé par Calamatta […] surmonté d’une couronne d’immortelles et entouré de lauriers, dominait la réunion [6].

De même, les phalanstériens de Blois

ont admiré ce noble front, tous ont remarqué cette expression d’amertume répandue sur ses traits et qui rappelle les longues souffrances du cœur et de l’intelligence de notre maître [7].

Des annonces publicitaires paraissent dans La Démocratie pacifique.

La Démocratie pacifique, 19 avril 1846

Victor Hennequin, lors de l’une de ses tournées en province, apporte la gravure à Semur (Côte-d’Or) ; il la transmet à son condisciple Jean Jacques Collenot qui se montre « fort satisfait de l’expression de la tête » [8]. L’œuvre de Calamatta reste présente dans les banquets les années suivantes, par exemple à Alger en 1848, où l’on admire « la noble image de Fourier due au burin de Calamatta » [9] ; et La Démocratie pacifique continue à la proposer pour les « étrennes phalanstériennes » [10]. Elle est encore mentionnée en 1860, à côté du buste de Fourier par Ottin, dans le catalogue de la Librairie sociétaire, qui propose des « épreuves sépia, sur chine, sur blanc ». On peut aussi commander une « copie lithographiée de la précédente gravure par Couturier (de Chalon-sur-Saône) » [11].

Calamatta, devenu professeur à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles en 1848 s’installe complètement dans la capitale belge ; il y vit séparé de son épouse, mais avec sa fille [12]. Il effectue des séjours en Italie et en France, notamment à Nohant chez George Sand, dont le fils Maurice épouse Lina en 1862. Admis dans plusieurs sociétés savantes [13], il reçoit de nombreuses décorations [14].

Il est un partisan de l’unité italienne et un admirateur de Garibaldi. En 1861, après la proclamation du royaume d’Italie, il quitte la Belgique et s’établit à Milan où il enseigne la gravure jusqu’à son décès en 1869.