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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

120-124
Nouvelles brèves
Article mis en ligne le novembre 2001
dernière modification le 9 avril 2006

par Dubos, Jean-Claude, Lassus, François




Godin à l’École des Chartes

Le 17 mars 1999, Mlle Marion Loire a soutenu sa thèse d’archiviste paléo¬graphe sur « Le Familistère de Guise (1858-1968) : architecture, habitat, vie quotidienne ». Après une introduction générale et une présentation des sources (notamment les fonds du CNAM et de Guise, mais aussi ceux des Archives nationales et de la Bibliothèque Nationale de France), Marion Loire a construit sa thèse en 4 parties : « Du Phalanstère au Familistère : Jean-Baptiste André Godin » ; « La réalisation du Familistère ou Palais social (1858-1889) » ; « La vie quotidienne au Palais social avant 1880 » ; « L’association du Familistère de Guise (1880-1968) ». Elle conclut sur l’intérêt de cette « tentative majeure pour résoudre les problèmes sociaux de la révolution industrielle, et, plus généralement, pour proposer un modèle humain d’organisation des sociétés », et sur le rôle éminent joué par Godin.

Homais fouriériste ?

Le 16 mars 2001, les membres de l’Académie du 3e âge de Rouen ont effec¬tué une excursion à Ry, village réputé pour être le cadre du roman de Flaubert, Madame Bovary. Au cours de ce voyage, ils ont visité la maison du docteur Jouanne, fouriériste, créateur d’un phalanstère d’enfants, qui serait considéré comme le prototype du pharmacien Homais quoique celui-ci ne brille pas parti¬culièrement par sa philanthropie ; notre demande de renseignements à ce sujet adressée aux « Amis de Flaubert et de Maupassant » vient de recevoir une réponse : il n’y aurait finalement aucun lien entre Jouanne et Homais.

Fourier (Charles) et Fourier (Dominique)

Nous avons reçu du Cercle généalogique de Lorraine un tableau généalo¬gique de la descendance de Dominique Fourier, de Mirecourt, anobli par le duc de Lorraine en 1591. On sait que Charles Fourier croyait descendre de ce Dominique et qu’il s’en est vanté à différentes reprises.

En dehors de saint Pierre Fourier, mort à Gray en 1640, Dominique Fourier aurait eu deux fils : Jean-Pierre, dont la descendance s’est continuée à Nancy dans la famille Fourier de Bacourt (dont descendait Gyp) et Jacques, père de Martin Fourier, né vers 1615, indiqué comme « disparu de Lorraine ». Évidemment, ce Martin Fourier pourrait être un ancêtre de Charles, à condition que lui même ou ses descendants ait dérogé.

Pion et Pion

Dans le numéro hors-série des Cahiers Charles Fourier publié en 1995 sur les cousins bisontins de Charles Fourier, François Lassus a publié un tableau généalogique détaillé de la famille d’Antoine Pion, oncle par alliance de Fourier que celui-ci et ses sœurs ont accusé d’avoir dilapidé leur héritage. Un cousin d’Antoine Pion, Antoine-François Pion, avocat du roi à Pontarlier a été l’adversaire de Mirabeau, lorsque celui-ci a été condamné pour la séduction et le rapt de Sophie, épouse du marquis de Monnier ; dans ses souvenirs, publiés vers 1900, Legrain, valet de chambre de Mirabeau raconte que, traversant Pontarlier à cheval, il a été assailli par une meute de chiens : « Parmi ces chiens, écrit-il, il se trouva M. Pion, l’ennemi juré de mon maître... Comme j’avais un bon fouet de poste que je savais bien le manier, je n’ai pas voulu lui couper les yeux, je lui ai seulement coupé la figure avec les deux oreilles ». Poursuivi pour voies de fait, Legrain fut relaxé.

Quant à Benjamin Pion, né à Besançon en 1772, fils d’Antoine et cousin germain de Charles Fourier, c’était un ami de Charles Nodier qui le cite dans sa correspondance ; prisonnier à Sainte-Pélagie en 1803-1804, Nodier se fait adresser son courrier chez Pion, hôtel Berlin, rue des Frondeurs. Benjamin Pion se serait suicidé avant 1815.

Un pseudo-portrait de Fourier par Gustave Courbet

Dans l’étude dont nous publions des extraits, Robert de Montesquiou reproduit un portrait de Fourier qu’il attribue à Courbet et raconte comment il en a fait l’acquisition : « Un jour, je me promenais dans une rue de Luchon, j’entre chez un horloger où je n’avais que faire... Il y avait un tableautin tourné contre le mur. Je demande ce que c’était. On me répond : « Un portrait de Fourier par Courbet ». Et l’on me montre la chose qui était bien cela. Ces gens étaient chargés de vendre ce portrait depuis plusieurs années ». Montesquiou ajoute que « ce bonhomme avait les yeux du cardinal Manning qui avait les yeux de Dante ». Il s’agit en réalité, sans aucun doute possible, de la lithogra¬phie de Cisneros d’après le portrait peint par Gigoux. Une légère incertitude cependant subsiste, en raison du terme « tableautin » employé par Montesquiou, qui s’applique assez mal à une lithographie... Il faudrait avoir accès à ce « tableautin » mais nul ne sait, semble-t-il, ce qu’il st devenu. Selon des renseignements que nous n’avons pu vérifier, ce portrait aurait été publié il y a quelques années dans un catalogue, toujours attribué à Courbet, mais est présenté comme celui de Lamennais, ce qui est manifestement faux. Peut-être un lecteur des Cahiers pourra-t-il nous donner le mot de l’énigme ?

Fourier en japonais

M. Tornome Fukushima, membre de l’Association d’Études Fouriéristes a traduit en japonais la biographie de Fourier par Jonathan Beecher. Cette traduction a été publiée à Tokyo en mai 2001.

La cartoucherie de Bourg-les-Valence a été inscrite sur la liste des monuments historiques le 2 octobre 2001. Par ailleurs elle a fait l’objet d’un mémoire de 6e année de l’École d’Architecture de Grenoble soutenu par Caroline Roque-Mariaud (mention très bien), intitulé : « Re-convertir la Métamorphose d’un lieu ».

Conférences, séminaires et colloques

Le Laboratoire des Sciences Historiques de l’Université de Franche-Comté organise les 11, 12 et 13 décembre 2002 au Petit Kursaal à Besançon, un col¬loque international intitulé « Hugo politique ». Pour tous renseignements, s’adresser à Annie Stora-Lamarre - Laboratoire des Sciences Historiques - UFR Lettres - 30 rue Mégevand - 25030 Besançon Cedex, tél./fax : 03.81.66.54.33.

Dans le cadre du séminaire « Histoire des sciences humaines » organisé par l’université Paris V, le 8 décembre 2000, Nicole Edelman a présenté à la Sorbonne « La construction de la figure de l’hystérique ».

Dans le cadre du séminaire « Utopies, autrement » à l’EHESS (Paris), Michèle Madonna Desbazeille a présenté le 27 avril 2001 « L’eu-topie freu¬dienne, avenir d’une désillusion ? » et Ronald Creagh, le 25 mai, « Utopie et anarchie ».

Au 12e Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, Gracia Dorel-Ferré a parlé le 6 octobre 2001 de « Godin à la rencontre de l’innovation sociale et technologique ».

Le mercredi 24 octobre 2001, à Besançon, Simone Debout a prononcé une conférence sur Charles Fourier devant une assistance nombreuse à l’initiative de l’École des beaux-arts.

Une société et son site

Les activités multiples de la Society for Utopian Studies peuvent être découvertes sur son site : http://www.utoronto.ca.

Jean-Claude DUBOS

Just Muiron : son portrait au Musée du Temps

Le 15 avril 2001, maître Renoud-Grappin mettait en vente à Micropolis un portrait de Just Muiron (1787-1881), en l’attribuant à Gigoux.

L’identification du modèle repose sur une inscription faite sur le châssis, que corrobore, sur la toile elle-même, la présence d’une feuille de papier por¬tant le titre : Transaction sociale. C’est celui d’une œuvre que Just Muiron a publié en 1832 sous le pseudonyme de Virtomius : Les nouvelles transac¬tions sociales, religieuses et scientifiques.

Just Muiron par Gigoux
Portrait attribué à Jean Gigoux, vers 1834

Au moment où il posait, Just Muiron serait donc âgé d’au moins 45 ans.

L’identification de l’artiste est plus aléatoire : elle n’est fondée sur aucun indice matériel, mais se conforte de la très grande qualité de la peinture. Le raisonnement ne s’oppose pas à ce que Muiron et Gigoux se soient rencontrés. On peut même imaginer que les deux hommes se sont vus en 1834, lors de la préparation du grand portrait de Fourier (exposé au Salon de l’année sui¬vante) et que la réalisation du portrait du disciple y soit liée.

Outre la qualité de la toile elle-même, il faut remarquer celle du riche encadrement doré : la ruche intégrée dans la partie supérieure du cadre n’évoque-t-elle pas l’harmonie de la société phalanstérienne ?

Le tableau provient de la succession des derniers héritiers de Just Muiron. Peut-être les carnets de Jean-François Muiron (publiés en 1988 : Le paillard septuagénaire, Annales littéraires de l’Université, n° 383, cahiers d’études comtoises), trouvés chez un brocanteur, avaient-ils la même origine ; appa¬remment, aucune archive n’a survécu à la dispersion et on ne saura jamais si des éléments de correspondance entre Muiron et Fourier n’ont pas été détruits.

Just Muiron vers 1875 (88 ans)
Photo Boname (AN, fonds sociétaire)

En ayant acquis le portrait de Muiron, le Musée du Temps prouve que la transformation qu’il connaît ne lui fait pas abandonner le travail consacré aux socialistes comtois.

François LASSUS