Né le 3 novembre 1823 au Grand-Abergement (Ain), décédé le 8 avril 1894 à Oran (Algérie). Restaurateur, puis agriculteur, propriétaire. Actionnaire et directeur de l’Union agricole d’Afrique, puis des Orphelinats agricoles d’Algérie à Saint-Denis-du-Sig.
Alphonse Brunet est le fils d’un propriétaire-cultivateur de l’Ain. Au début des années 1850, il vit à Mascara (Algérie) où il est restaurateur. Il épouse en 1853 Henriette Joséphine Borgé, fille d’un tailleur, née à Metz où ses parents continuent à demeurer, tandis qu’elle-même réside aussi à Mascara.
Quelques années plus tard, Alphonse Brunet est propriétaire à Saint-Denis-du-Sig. Il apparaît en 1869 sur la liste des actionnaires de l’Union agricole d’Afrique, une exploitation créée par des fouriéristes lyonnais à la fin de la monarchie de Juillet [1]. En 1878, la situation financière de l’entreprise est très mauvaise ; le directeur de l’Union, Félix Battanchon est licencié par le conseil d’administration ; Alphonse Brunet le remplace à partir du 1er janvier 1879 [2]. Par ailleurs, il est nommé en 1880 adjoint au maire de Saint-Denis [3].
Au début des années 1880, Henri Couturier, membre du conseil d’administration de l’Union agricole crée avec certains de ses condisciples, mais aussi avec des non-fouriéristes, les Orphelinats agricoles d’Algérie, une société ayant pour objectif la formation d’une main d’œuvre adaptée aux conditions spécifiques (sol, climat, etc.) de l’Algérie. Brunet est l’un des membres de cette société qui prévoit la création de plusieurs établissements en Algérie. Le premier est ouvert à Saint-Denis du Sig, la société des Orphelinats louant les locaux et une partie des terres de l’Union agricole d’Afrique [4]. Brunet en est le directeur ; il est chargé d’accueillir les enfants, d’abord dans son propre logement, avant que les bâtiments de l’Union ne soient adaptés à leur nouvelle fonction. L’établissement ayant pour but de donner aux orphelins une instruction générale – assurée par une institutrice – et plus spécifiquement de les préparer au travail de la terre, Brunet est chargé de leur formation agricole, tandis que son épouse donne des cours de chant [5].
L’existence de cet orphelinat est cependant chaotique. Les services de l’assistance publique du département d’Oran se plaignent des conditions d’hébergement des orphelins. Henriette Joséphine Borgé décède en 1886. Alphonse Brunet se remarie en 1887 ; peu après, il démissionne de ses fonctions. D’après le conseil d’administration de l’Union agricole,
il paraîtrait que M. Brunet, qui cumulait la gérance de l’Union et la direction des Orphelinats avec d’autres affaires personnelles, était loin de tenir ses comptes avec la rigueur qu’on aurait dû attendre d’un homme si diversement occupé. Bien au contraire, les écritures de ses multiples entreprises étaient tellement enchevêtrées, que le résultat était à peu près le même que s’il n’en avait pas existé. […] Nous croyons devoir déplorer ici son désordre indiscutable puisqu’il a porté le plus grand préjudice aux affaires de l’Union [6].
Brunet quitte Saint-Denis-du-Sig et s’installe dans la banlieue d’Oran, à Sainte-Barbe-du-Tlélat. Il est adjoint, puis maire de cette commune et fait chevalier du Mérite agricole quelques mois avant son décès [7].
[1] Bulletin de l’Union agricole d’Afrique, 1869, liste des actionnaires. C’est la première liste des actionnaires depuis celle de 1852, dans laquelle Brunet n’apparaît pas.
[2] Bulletin de l’Union agricole d’Afrique, 1879 et 1880.
[3] Bulletin officiel du ministère de l’Intérieur, 1881, p. 221.
[4] Les Orphelinats agricoles d’Algérie fondés en 1881 – Bulletin n°1, août 1882, liste des membres fondateurs, p. 14-20.
[5] Les Orphelinats agricoles d’Algérie fondés en 1881 – Bulletin n°2, août 1883, p. 10 et p. 14.
[6] Bulletin de l’Union agricole d’Afrique, 1888.
[7] Le Messager de l’Ouest. Journal de l’arrondissement de Sidi-Bel-Abbès, 23 janvier 1894. Il rédige les actes d’état civil de Sainte-Barbe du Tlélat en tant que maire à partir du 12 janvier 1894 (Archives nationales d’outre-mer).
Sources :
Archives départementales de l’Ain, état civil du Grand Abergement, acte de naissance du 4 novembre 1823 (en ligne sur le site des Archives départementales de l’Ain], vue 5/7).
Archives municipales de Metz, 1E/b265, section 1, acte de naissance de Henriette Joséphine Borgé, 26 mars 1829 (en ligne sur le site des Archives municipales de Metz, vue 24/99).
Archives nationales d’outre-mer, Algérie, état civil de Mascara, acte de mariage, 16 mars 1853 (en ligne sur le site des Archives nationales d’outre-mer).
Archives nationales d’outre-mer, Algérie, état civil d’Oran, acte de mariage, 24 décembre 1887 (en ligne sur le site des Archives nationales d’outre-mer).
Archives nationales d’outre-mer, Algérie, état civil d’Oran, acte de décès, 8 avril 1894 (en ligne sur le site des Archives nationales d’outre-mer).
Le Messager de l’Ouest. Journal de l’arrondissement de Sidi-Bel-Abbès, 23 janvier 1894 (en ligne sur Gallica).
Bulletin de l’Union agricole d’Afrique, 1869, 1878-1888.
Bulletin officiel du ministère de l’Intérieur, 1881, n°5 (en ligne sr Gallica).
Les Orphelinats agricoles d’Algérie fondés en 1881 – Bulletin n°1, août 1882, et Bulletin n°2, août 1883.
Bibliographie :
Bernard Desmars, « L’Union agricole du Sig : projet phalanstérien, œuvre philanthropique ou entreprise capitaliste ? », Cahiers Charles Fourier, n°16, décembre 2005, p. 39-50 (en ligne sur le site de l’Association d’études fouriéristes).
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