Né le 9 novembre 1825 au Vaudoué (Seine-et-Marne), décédé le 29 décembre à Paris (Seine), 6e arrondissement. Chimiste, auteur de travaux sur le phylloxera. Collaborateur de la Revue moderne ; actionnaire de la Librairie des sciences sociales.
Alphonse Rommier est le fils d’un notaire. En 1857, quelques fouriéristes, emmenés par Charles Sauvestre créent la Revue moderne dont ils veulent au départ faire un organe s’intéressant aux questions économiques et sociales, mais qui doit finalement, sur les ordres du pouvoir, se limiter à des articles littéraires et scientifiques [1]. Alphonse Rommier est annoncé comme l’un de ses principaux collaborateurs. Il y publie un article « sur la fixation des matières organiques par les plantes » [2]. Il est en effet un spécialiste de la chimie. Dès 1860, il présente des travaux devant l’Académie des sciences. La même année, il adhère à la Société chimique de Paris. Il fait alors des recherches sur la xylindéine (un pigment qui colore le bois) ainsi que sur le camphre [3] et les huiles de houille [4].
Au milieu des années 1860, François Barrier et Jean-Baptiste Noirot s’efforcent de réorganiser l’École sociétaire ; ils rétablissent la tradition des banquets du 7 avril célébrant la naissance de Fourier ; Rommier y assiste en 1866 [5]. Cette même année, ils créent une nouvelle société qui exploite la Librairie des sciences sociales, puis, qui publie La Science sociale (1867-1870). Rommier apporte 500 francs au capital de la société en commandite ; il fait partie de son conseil de surveillance [6] ; il conserve ses actions quand cette société est transformée en société anonyme, dans l’hiver 1869-1870 [7].
La crise du phylloxera
Dans les années 1870, il semble s’éloigner du mouvement fouriériste ; s’il assiste à une assemblée générale des actionnaires en 1875, il ne figure pas sur les listes de souscripteurs qui apportent leur soutien financier à la fin de la décennie pour assurer la survie de la Librairie des sciences sociales, très déficitaire ; il n’est pas mentionné parmi les convives des banquets qui continuent à se tenir chaque 7 avril.
Il adhère à la Société française de physique dès sa création (1873). Mais il consacre désormais l’essentiel de ses travaux scientifiques au phylloxera et à des études concernant le vin et les eaux-de-vie.
Dans le cadre de la lutte contre le phylloxera, il est associé aux recherches menées par l’agronome et chimiste Joseph Thénard (ou baron Thénard) [8] ; il est aussi délégué par l’Académie des sciences pour visiter les vignobles de différentes régions et pour effectuer des expériences ; il est encore soutenu par la Société des agriculteurs de France. Il publie des brochures et de nombreux articles et notes dans des publications scientifiques ainsi que dans des périodiques agricoles et surtout viticoles.
Ses études dépassent le cadre de la lutte contre le phylloxera ; en 1888 et 1890, il obtient des brevets sur la « fabrication des vins et eaux-de-vie de raisin sec au moyen de la levure de vin ellipsoïdale pacifiée par des cultures » et la « manière de communiquer le bouquet d’un vin de qualité à un vin commun en changeant la levure qui le fait fermenter » [9].
Il n’entretient pas de relations avec le nouveau groupe fouriériste constitué vers 1885-1886 et organisé autour de La Rénovation qui ne mentionne pas son décès.
[1] Archives nationales, F18/276, dossier sur la Revue moderne.
[2] Revue moderne, juillet 1857, p. 87-91.
[3] Bulletin de la Société chimique de Paris, 1869, 1er semestre, p. 383.
[4] Bulletin de la Société chimique de Paris, 1870, 1er semestre, p. 94-95 ; et 1872, 2e semestre, p. 49 ; 1873, 1er semestre, p. 434-437.
[5] Archives nationales, 10 S 30 (681 Mi 49, vues 121-124), liste des participants au banquet du 7 avril 1866.
[6] École normale supérieure, fonds Considerant, carton 2, dossier 12, dossier sur la librairie des sciences sociales ; carton 3, dossier 3, liste des actionnaires de la Librairie des sciences sociales.
[7] La Science sociale, 15 février 1870, liste des actionnaires ; École normale supérieure, carton dossier 3, liste des actionnaires de la Librairie des sciences sociales.
[8] Le Temps, 29 octobre 1884, compte rendu de la séance de l’Académie des sciences du 27 octobre 1884 ; Rommier est présenté comme un « collaborateur de feu Paul Thénard ».
[9] Bulletin des lois de la République française, 1888, n°1184 et 1890, n°1318.
Œuvres :
Le Phylloxéra ailé dans le Mâconnais, état actuel des vignes de Mancy traitées au sulfo-carbonate en 1875, Paris, Impr. Donnaud, 1876, 4 p.
Les divers procédés essayés jusqu’à présent pour combattre le phylloxéra (troisième note), Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 14 p.
Les divers procédés pour combattre le phylloxéra, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 14 p.
Note sur le traitement des vignes phylloxérées par le goudron de houille, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 4 p. (Extrait des Travaux faits par les membres titulaires ou par les délégués de l’Académie des sciences, 1874).
Destruction du phylloxéra, exposition d’instruments mesureurs de liquides insecticides, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 6 p.
Expériences faites pour combattre le phylloxéra par la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877.
Le Phylloxéra dans le Mâconnais, traitement des vignes par le sulfure de carbone, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 4 p.
Altération des vins nouveaux sous l’influence du collage au blanc d’œuf, Paris, Impr. E. Donnaud, 1878, 4 p.
Phylloxéra, vignes et traitements en 1878, Paris, Impr. E. Donnaud, 1878, 15 p.
Traitement des vignes par la destruction de l’œuf d’hiver du phylloxéra, moyens préventifs, quatrième note, Paris, Impr. E. Donnaud, 1877, 11 p.
Limite de la résistance de la vigne aux traitements sulfo-carboniques, Paris, Impr. Donnaud, 1879, 9 p.
Sur l’appauvrissement du sol par le sulfocarbonate de potassium, Paris, Impr. Donnaud, 1879, 12 p. (extrait du Journal d’agriculture pratique, janvier et février 1879).
Commission des engrais. Rapport sur la reconstitution des vignes phylloxérées, Paris, Impr. agricole de l’Étoile, 1881, 21 p.
Le Phylloxéra dans la Bourgogne en 1880, Paris, Impr. Donnaud, 1881, 19 p.
Le Phylloxéra, traitements insecticides et principes fertilisants, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1882, 30 p.
Sources :
Archives nationales, F18/276, dossier sur la Revue moderne.
Archives nationales, 10 S 30 (681 Mi 49, vues 121-124), liste des participants au banquet du 7 avril 1866.
École normale supérieure, carton 2, dossier 12, Librairie des sciences sociales ; carton 3, dossier 3, Librairie des sciences sociales.
Archives départementales de Seine-et-Marne, état civil du Vaudoué, 11 novembre 1825 (en ligne sur le site des Archives départementales de Seine-et-Marne, vue 34/255).
Archives de Paris, état civil du 6e arrondissement, acte de décès, 29 décembre 1891 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 21/24).
Bulletin de la Société chimique de Paris, 1869, 1er semestre, et 1870 (en ligne sur Gallica).
La Science sociale, 15 février 1870 (en ligne sur Gallica).
Bulletin des lois de la République française, 1888, n°1184 et 1890, n°1318 (en ligne sur Gallica).
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