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Harmand, François Dieudonné
Article mis en ligne le 25 décembre 2017
dernière modification le 27 janvier 2020

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 11 nivôse an V (31 décembre 1796) à Gand (Belgique). Décédé le 6 juillet 1860 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Avocat, préposé en chef de l’octroi à Metz (Moselle) puis substitut, juge au tribunal de première instance de Louhans (Saône-et-Loire) puis en Algérie. Propriétaire et gérant du Courrier de la Moselle en 1829-1830. Soutien à La Démocratie pacifique.

Il est le fils de François Harmand, directeur des Domaines à Chaumont (Haute-Marne), décédé le 26 mars 1815 et de Jeanne Suzanne Toussaint, décédée à Metz le 23 novembre 1827. Elle se marie en secondes noces à un ancien officier à la retraite, officier de la Légion d’honneur, Jean-Baptiste Guérin. La famille s’installe 5 rue de la Fonderie à Metz au cours de l’année 1827 ; François Dieudonné Harmand y est recensé comme avocat à partir de 1828 avec ses frères François Hector Harmand (17 ans) né à Chaumont et Léon Guérin (10 ans) né à Metz.
Par décision du ministre des Finances du 29 novembre 1830, Harmand est nommé préposé en chef de l’octroi de la ville de Metz pour un traitement annuel de 2500 francs. Il jure fidélité au Roi des Français et obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois, le 13 décembre 1830. A partir de 1831 et jusqu’en 1838, il est recensé dans les états de population ou cité dans l’Annuaire du département de la Moselle, comme préposé en chef, contrôleur de l’octroi. En 1833, son frère Léon Guérin a quitté le domicile ; son frère François Hector Harmand réside au 4e régiment de hussard. François Dieudonné Harmand déménage 18 place Saint-Étienne au bureau de l’octroi puis 51 place de le Chambre et 1 rue de la Cathédrale ; il y est recensé jusqu’en 1838. Le 30 juillet 1838 il est nommé substitut au tribunal de première instance de Louhans puis juge du même tribunal par ordonnance royale du 14 mai 1847.
Le 15 mai 1839 à Louhans, il épouse Constance Julie Demôle, née dans la commune, le 1er avril 1818 ; elle est la fille d’un avoué de la localité, Claude Demôle et de Marie Julienne Constance Moissonnier. Parmi les témoins, on peut noter les noms du sous-préfet de l’arrondissement, chevalier de la Légion d’honneur et décoré de Juillet, des juge et procureur du tribunal civil de Louhans. Un premier fils Dieudonné Adolphe naît le 17 avril 1840 et décède le 28 novembre 1845. Un second Alexis Charles François naît le 6 juillet 1841. Une fille Jeanne Antoinette Eugénie voit le jour le 25 décembre 1846. Le couple réside alors faubourg des Bordes à Louhans. Le 16 août 1848 naît Marie Félicie. Claude Demôle, beau-père de François Dieudonné Harmand, témoin de la naissance est alors sous-préfet de l’arrondissement.

Sans être connu comme une des figures de proue de l’opposition messine, Harmand a un engagement marqué au sein du mouvement républicain. En 1830, il est poursuivi à plusieurs reprises comme propriétaire et responsable gérant du Courrier de la Moselle, organe du « parti républicain du département » [1]. Le journal fondé par la Société patriotique et populaire de Metz - Harmand est propriétaire pour un quart, « les trois autres quarts sont fournis par une société en commandite » [2] - est accusé entre autres d’avoir publié dans l’édition du 6 octobre 1829 le « prospectus de l’Association bretonne » fondée pour s’opposer à l’impôt et au ministère Polignac. Harmand et l’imprimeur Lamort sont acquittés lors de l’audience du 16 janvier 1830. Cependant les poursuites sont incessantes. La reproduction de trois articles issus d’autres publications est incriminée ; le premier de ces articles alerte sur la nécessite d’une Gazette des cultes pour lutter contre « les intrigues du parti-prêtre » [3] ; le deuxième s’interroge sur la politique étrangère du ministère Polignac ; le dernier, extrait d’un ouvrage de Montlosier, traite de la relation du ministère et de la chambre des députés. Aucun de ces propos n’a initialement été poursuivi lors de leur publication. Harmand est pourtant « condamné [...] à une année et un jour d’emprisonnement, à 1000 francs d’amende, et Sigisbert Lamort, à trois mois d’emprisonnement, 600 francs d’amende, et tous deux solidairement aux frais » [4]. L’arrêt est cependant déféré en cassation ; Harmand obtient une libération sous caution moyennant 2000 francs. Le 3 juin, il annonce aux abonnés que le journal ne paraîtra plus [5]. Sa promotion professionnelle dès les premiers mois du nouveau régime est probablement un dédommagement à ce harcèlement judiciaire. Cependant, en 1833, la Société est nettement marquée par les idées républicaines et s’indigne de la restriction du suffrage électoral aux seuls « plus imposés » [6]. Harmand est alors élu membre du comité qui dirige la Société. Les motivations de son engagement au sein du mouvement phalanstérien sont inconnues. En 1837-1838, il est abonné à La Phalange selon la « liste des « abonnés qui ont droit aux gravures de Chartres » [7] À l’automne 1844, il rencontre Cantagrel à Chalon-sur-Saône lors du périple de ce dernier en province afin de structurer l’École sociétaire et de sauver La Démocratie pacifique qui connaît de lourdes difficultés financières. Lui-même et ses condisciples Constantin et Chabert de Verdun-sur-le-Doubs « sont d’avis qu’il faut que le journal soit maintenu, et feront ce qu’il faudra » [8]. note Cantagrel.
Dans un rapport du 7 avril 1850 le procureur général de la cour d’Appel de Dijon écrit que le nouveau procureur de Louhans « a fort à faire dans cet arrondissement et sous le rapport politique et sous le rapport judiciaire. Sa tâche y est d’autant plus difficile qu’il trouve autour de lui beaucoup de résistances et fort peu d’appuis. La composition du tribunal est loin d’être complètement satisfaisante. Un des juges, Mr Harmand, [...], est un socialiste hautement déclaré et des plus exaltés [...] » [9]. Au cours de l’année 1850, Harmand est suspendu durant un mois « pour avoir reçu chez lui un condamné politique » [10]. Par trois fois le sous-préfet lance un « mandat d’amener, que ces [sic] collègues se refusèrent à exécuter, aimant et estimant trop M. Harmand. Il fut alors traqué par la gendarmerie et forcer de se cacher pour ne pas être emprisonné jusqu’au jour où il donna sa démission » [11]. Un parent intervient pour lui faciliter sa réintégration aux mêmes fonctions et par décret du 2 février 1852, il est muté à Constantine en remplacement de des Barres qui prend sa place à Louhans. « M. Harmand dut accepter sa position pécunniaire [sic] et de père de famille l’y forçant » [12]. En juillet 1854, alors qu’il est juge au Tribunal de première instance de Philippeville, il est nommé juge d’instruction au même siège. Il y exerce encore lors de son décès à Clermont-Ferrand, 8 rue Blatin. Son beau-frère, Auguste-Armand Demôle, négociant est l’un des témoins. Sa veuve réclame réparation dans le cadre de la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881 mais les faits étant antérieurs au coup d’État du 2 décembre et Harmand ayant accepté une nomination en février 1852, la demande est rejetée, malgré les arguments invoqués et les références qu’elle fait de sa parenté avec les sénateurs Humbert et Demôle [13].