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Tiblier, dit Tiblier-Verne, Jean
Article mis en ligne le 28 juillet 2017

par Desmars, Bernard

Né le 10 mai 1806 à Outre-Furan (ou Outre-Furens), commune devenue un quartier de Saint-Étienne en 1854. Décédé le 20 décembre 1870 à Terrenoire (Loire), quartier de Saint-Étienne depuis 1970. Marchand de bois à Saint-Étienne, puis agriculteur à La Fouillouse (Loire), à Saint-Jean-Bonnefonds et à Terrenoire. Maire de Saint-Étienne de septembre à décembre 1870. Républicain. Membre du groupe phalanstérien de Saint-Étienne.

Jean Tiblier est le fils d’un ouvrier de l’armurerie – fabricant de roulettes en 1834 – et le frère de Pierre Tiblier, dit Tiblier aîné. En 1825, il est « forgeur » quand il se marie à Saint-Étienne avec Agathe Verne, fille d’un marchand de bois. Désormais, il se fait appeler « Tiblier-Verne ». Lors de la naissance de ses filles, dans les années 1830, il demeure à Saint-Étienne.

Au début des années 1830, il fait partie des républicains stéphanois. En 1833, un grand banquet est offert à Joseph Garnier-Pagès (1801-1841), député de l’Isère ; Tiblier-Verne y prononce un toast « à la presse, à ce flambeau de la raison humaine » [1].

Avec son frère Pierre, il accueille en 1846 Victor Hennequin, qui arrive de Lyon et séjourne à Saint-Étienne où il fait des conférences de propagande sociétaire.

MM. Tiblier m’ont reçu à l’embarcadère et m’ont reconnu, ont-ils assuré, à ma figure phalanstérienne [2].

En 1848, au lendemain des journées de Février, il envoie une lettre au Centre parisien de l’École :

nous attendons le bulletin avec impatience, pensant que vous nous donnerez quelque avis sur la marche que nous devons suivre. Nous n’avons voulu nous mêler à rien, nous aurions pu nous installer quelques-uns à l’hôtel de ville avec l’administration provisoire, nous avons pensé devoir attendre [3].

Cependant, c’est son frère Pierre qui assure la correspondance avec l’École et centralise les abonnements stéphanois aux périodiques fouriéristes. Aussi a-t-on peu d’éléments sur son propre engagement fouriériste postérieur à 1848.

En 1850, Jean Tiblier est admis au sein de la Société d’agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres de la Loire ; il est un membre très actif de la section d’agriculture. À une date indéterminée, il s’installe à La Fouillouse, une commune voisine de Saint-Étienne, avant de s’établir peu après à Terrenoire, un quartier dépendant de la commune de Saint-Jean-Bonnefonds, puis érigé en commune indépendante en 1866 [4]. Selon les sources, il est qualifié d’agriculteur ou de rentier. Son épouse décède en 1867.

Il est élu au conseil municipal de Saint-Étienne en 1865, avec un autre fouriériste, Pierre Laforest [5]. Il fait partie des quatorze conseillers municipaux qui, en juin 1869, adressent au maire de Saint-Étienne une lettre pour protester contre la répression dont sont victimes les mineurs de la Loire en grève. La lettre est publiée dans la presse [6]. Les conseillers municipaux élus sont alors suspendus par le préfet qui les remplace par une commission municipale dont il nomme les membres [7]. Après la chute du Second Empire, les conseillers municipaux élus en 1865 reprennent la direction de la ville de Saint-Étienne ; ils élisent Jean Tiblier au poste de maire le 4 septembre 1870 (il reçoit 24 voix, contre deux à Frédéric Dorian) [8]. Le 7 décembre, le préfet Bertholon le nomme parmi les membres de la commission départementale, formée pour remplacer le conseil général dissous dès septembre [9]. Il n’a cependant pas le temps d’y siéger. En effet, en visitant les hôpitaux stéphanois, il contracte une maladie qui l’empêche d’assister aux séances de la commission départementale et du conseil municipal en décembre, et qui le conduit à la mort. Ses obsèques sont civiles [10]. Dans un long discours, le préfet César Bertholon présente son ami Jean Tiblier comme

un de ces hommes rares inflexiblement fidèles à leurs convictions, qui n’ont jamais transigé avec leur conscience […] un des vétérans de cette génération qui avait soutenu pour conquérir la liberté tant de luttes périlleuses.

Selon un adjoint,

après une longue carrière consacrée à l’étude des grandes questions sociales, il était parvenu, grâce au suffrage de son pays, à cette haute magistrature municipale qu’il n’avait acceptée que dans l’espoir de trouver l’occasion d’y réaliser quelques-uns de ses projets d’amélioration humanitaire. Préoccupé spécialement du sort de tous ceux qui souffrent, il portait une attention toute particulière à nos établissements charitables, où il reste encore tant d’abus à détruire [11].

Son nom est attribué à une rue de Saint-Étienne vers 1890.