Né le 10 mai 1806 à Outre-Furan (ou Outre-Furens), commune devenue un quartier de Saint-Étienne en 1854. Décédé le 20 décembre 1870 à Terrenoire (Loire), quartier de Saint-Étienne depuis 1970. Marchand de bois à Saint-Étienne, puis agriculteur à La Fouillouse (Loire), à Saint-Jean-Bonnefonds et à Terrenoire. Maire de Saint-Étienne de septembre à décembre 1870. Républicain. Membre du groupe phalanstérien de Saint-Étienne.
Jean Tiblier est le fils d’un ouvrier de l’armurerie – fabricant de roulettes en 1834 – et le frère de Pierre Tiblier, dit Tiblier aîné. En 1825, il est « forgeur » quand il se marie à Saint-Étienne avec Agathe Verne, fille d’un marchand de bois. Désormais, il se fait appeler « Tiblier-Verne ». Lors de la naissance de ses filles, dans les années 1830, il demeure à Saint-Étienne.
Au début des années 1830, il fait partie des républicains stéphanois. En 1833, un grand banquet est offert à Joseph Garnier-Pagès (1801-1841), député de l’Isère ; Tiblier-Verne y prononce un toast « à la presse, à ce flambeau de la raison humaine » [1].
Avec son frère Pierre, il accueille en 1846 Victor Hennequin, qui arrive de Lyon et séjourne à Saint-Étienne où il fait des conférences de propagande sociétaire.
MM. Tiblier m’ont reçu à l’embarcadère et m’ont reconnu, ont-ils assuré, à ma figure phalanstérienne [2].
En 1848, au lendemain des journées de Février, il envoie une lettre au Centre parisien de l’École :
nous attendons le bulletin avec impatience, pensant que vous nous donnerez quelque avis sur la marche que nous devons suivre. Nous n’avons voulu nous mêler à rien, nous aurions pu nous installer quelques-uns à l’hôtel de ville avec l’administration provisoire, nous avons pensé devoir attendre [3].
Cependant, c’est son frère Pierre qui assure la correspondance avec l’École et centralise les abonnements stéphanois aux périodiques fouriéristes. Aussi a-t-on peu d’éléments sur son propre engagement fouriériste postérieur à 1848.
En 1850, Jean Tiblier est admis au sein de la Société d’agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres de la Loire ; il est un membre très actif de la section d’agriculture. À une date indéterminée, il s’installe à La Fouillouse, une commune voisine de Saint-Étienne, avant de s’établir peu après à Terrenoire, un quartier dépendant de la commune de Saint-Jean-Bonnefonds, puis érigé en commune indépendante en 1866 [4]. Selon les sources, il est qualifié d’agriculteur ou de rentier. Son épouse décède en 1867.
Il est élu au conseil municipal de Saint-Étienne en 1865, avec un autre fouriériste, Pierre Laforest [5]. Il fait partie des quatorze conseillers municipaux qui, en juin 1869, adressent au maire de Saint-Étienne une lettre pour protester contre la répression dont sont victimes les mineurs de la Loire en grève. La lettre est publiée dans la presse [6]. Les conseillers municipaux élus sont alors suspendus par le préfet qui les remplace par une commission municipale dont il nomme les membres [7]. Après la chute du Second Empire, les conseillers municipaux élus en 1865 reprennent la direction de la ville de Saint-Étienne ; ils élisent Jean Tiblier au poste de maire le 4 septembre 1870 (il reçoit 24 voix, contre deux à Frédéric Dorian) [8]. Le 7 décembre, le préfet Bertholon le nomme parmi les membres de la commission départementale, formée pour remplacer le conseil général dissous dès septembre [9]. Il n’a cependant pas le temps d’y siéger. En effet, en visitant les hôpitaux stéphanois, il contracte une maladie qui l’empêche d’assister aux séances de la commission départementale et du conseil municipal en décembre, et qui le conduit à la mort. Ses obsèques sont civiles [10]. Dans un long discours, le préfet César Bertholon présente son ami Jean Tiblier comme
un de ces hommes rares inflexiblement fidèles à leurs convictions, qui n’ont jamais transigé avec leur conscience […] un des vétérans de cette génération qui avait soutenu pour conquérir la liberté tant de luttes périlleuses.
Selon un adjoint,
après une longue carrière consacrée à l’étude des grandes questions sociales, il était parvenu, grâce au suffrage de son pays, à cette haute magistrature municipale qu’il n’avait acceptée que dans l’espoir de trouver l’occasion d’y réaliser quelques-uns de ses projets d’amélioration humanitaire. Préoccupé spécialement du sort de tous ceux qui souffrent, il portait une attention toute particulière à nos établissements charitables, où il reste encore tant d’abus à détruire [11].
Son nom est attribué à une rue de Saint-Étienne vers 1890.
[1] Supplément à La Glaneuse, 10 septembre 1833 (en ligne sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon Numelyo=tiblier&hitTotal=13&hitPageSize=10].
[2] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 39 (681 Mi 65, vues 187-189), lettre non datée de Victor Hennequin. Ce séjour d’Hennequin à Saint-Étienne se situe en juillet 1846 ; La Démocratie pacifique le signale dans son numéro du 26 juillet ; elle reproduit, le 3 et le 8 août, des extraits de la presse locale qui relatent les conférences de Hennequin.
[3] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 42 (681 Mi 74, vue 60), lettre de Tiblier-Verne, 2 mars 1848.
[4] Archives municipales de Saint-Étienne, commune de Terrenoire, recensement de 1866, vue 129/174.
[5] Archives municipales de Saint-Étienne, 1 D 40, délibérations du conseil municipal de Saint-Étienne novembre 1864-septembre 1865, procès-verbal d’installation du nouveau conseil municipal, 7 août 1865.
[6] L’Eclaireur, journal démocratique quotidien de Saint-Etienne, 20 juin 1869 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 683/4532).
[7] Archives municipales de Saint-Étienne, 1 D 46, délibérations du conseil municipal, 26 juin 1869 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 65/228 ; L’Eclaireur, 24 juin et 25 juin 1869.
[8] Archives municipales de Saint-Étienne, 1 D 47, registre de délibérations, mai 1870-avril 1871.
[9] L’Eclaireur, 8 décembre 1870.
[10] L’Éclaireur, 21 décembre 1870.
[11] L’Éclaireur, 22 décembre 1870.
Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 39 (681 Mi 65, vues 187-189), lettre non datée (probablement 1846) de Victor Hennequin.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 42 (681 Mi 74, vue 60), lettre de Tiblier-Verne, 2 mars 1848
Archives municipales de Saint-Étienne, état civil d’Outrefuran, acte de naissance du 10 mai 1806 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 118/212).
Archives municipales de Saint-Étienne, état civil de Saint-Étienne, acte de mariage du 8 octobre 1825 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 51/66).
Archives municipales de Saint-Étienne, état civil de Terrenoire, acte du 8 novembre 1867, décès de Agathe Verne (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 99/106).
Archives municipales de Saint-Étienne, état civil de Terrenoire, acte du 22 décembre 1870, décès de Jean Tiblier (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 132/136).
Archives municipales de Saint-Étienne, commune de Terrenoire, recensement de 1866 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 129/174).
Archives municipales de Saint-Étienne, 1 D 40, délibérations du conseil municipal de Saint-Étienne, novembre 1864-septembre 1865, procès-verbal d’installation du nouveau conseil municipal, 7 août 1865 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 185/181).
Archives municipales de Saint-Étienne, 1 D 47, registre de délibérations, mai 1870-avril 1871 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne, vue 62/270).
La Démocratie pacifique, 3 et 8 août 1846.
La Glaneuse, 10 septembre 1833 (supplément) (en ligne sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon Numelyo).
L’Éclaireur, 21 et 22 décembre 1870 (en ligne sur le site des Archives municipales de Saint-Étienne).
Sitographie :
Histoire des noms des rues de Saint-Étienne.
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