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Duponchel (Deuzet), Amédée-Jules
Article mis en ligne le 8 mai 2017
dernière modification le 12 juillet 2021

par Desmars, Bernard

Né le 15 janvier 1841 à Paris (Seine), décédé le 23 mars 1920 à Nesle-la-Vallée (alors en Seine-et-Oise, aujourd’hui dans le Val-d’Oise). Horloger à Albert (Somme), puis négociant et ensuite représentant de commerce à Paris. Membre de l’École Sociétaire Expérimentale et de la communauté fouriériste du Vaumain (Oise).

Amédée-Jules Duponchel a vraisemblablement été déclaré lors de sa naissance sous le nom de Deuzet, le patronyme de sa mère. Il est ensuite reconnu par son père, Philippe Duponchel, employé de commerce [1] . En 1866, il est horloger à Albert (Somme) où il épouse Gabrielle Marie Anna Devieilhe, fille d’un fabricant de tapis de la localité ayant abandonné le domicile familial depuis plusieurs années. Plusieurs enfants naissent à Albert, dont Jeanne, née en 1874. Quelques années plus tard, la famille s’installe à Paris. Amédée-Jules Duponchel est à la tête d’une « Maison de commission et de représentation spéciale pour l’horlogerie, la bijouterie, l’orfèvrerie, l’optique », avec une succursale à Amiens et une autre à Vienne (Autriche) [2] . Lors de la naissance d’un nouvel enfant, à Paris en 1881, il se présente comme « négociant » [3] . Mais l’entreprise fait faillite cette même année [4].
Duponchel est ensuite agent commercial pour des produits alimentaires [5], puis représentant de commerce. À la fin des années 1880, il fait partie des dirigeants du Syndicat central des voyageurs et représentants de commerce [6] ; en 1890, il en est élu le secrétaire général [7]. Quelques années plus tard, il préside la Chambre syndicale des représentants et voyageurs de commerce d’exportation de France [8].

Réaliser l’association intégrale

Il apparaît dans la documentation fouriériste dans la seconde moitié des années 1890. L’École sociétaire se divise alors en deux courants [9] : l’un, autour d’Adolphe Alhaiza, limite son activité à la publication de La Rénovation et à l’entretien de la mémoire de Fourier ; l’autre poursuit le projet d’un essai phalanstérien. Duponchel appartient à ce second courant, plus précisément à l’École Sociétaire Expérimentale (É.S.E.) fondée en 1897. Il est en effet convaincu que seule la réalisation peut convaincre le public de « la bonté de l’Association, pratiquement utile, vis-à-vis du peuple, en tant que système de réforme sociale » [10]. Il est le directeur du Sociétaire. Organe de la science de l’association et du socialisme expérimental, un périodique dont seulement deux numéros paraissent, en 1897 ; il est également le rédacteur du « Manifeste de l’École Sociétaire Expérimentale », le texte programmatique de l’É.S.E. [11] Il est alors l’un des principaux dirigeants de ce courant fouriériste, dont font aussi partie sa fille Jeanne ainsi que Charles et Robert Duponchel, probablement ses fils [12]. Il est le « secrétaire général coadjuteur » de la « Phalange centrale » qui dirige l’É.S.E. ; celle-ci comprenant dix séries, Amédée-Jules Duponchel est plus spécifiquement chargé de la deuxième, qui concerne l’organisation du travail [13]. Il est aussi un des principaux intervenants lors des manifestations de l’É.S.E. [14]
Avec Raymond-Duval, Jenny Fumet, Julie Avez-Délit, René Vachon, Sabine Calmettes-Jumelin et Ernest Tarbouriech, il fait partie du « comité d’initiative » qui, en 1901, présente un projet d’« Association intégrale agricole-industrielle » et lance un appel afin de rassembler l’argent nécessaire [15]. Avec Raymond-Duval et l’ingénieur agronome Paul Gayon, Duponchel prospecte dans les environs de Paris pour trouver un domaine convenant à leur projet [16]. Finalement, au cours du second semestre 1902, un château et des terres sont achetés, au Vaumain, près de Beauvais. Les « Pionniers sociétaires » de l’É.S.E. s’y installent ; Amédée-Jules Duponchel en fait partie avec son épouse, leur fille Jeanne, « entrepreneuse de broderie » et Robert, « agronome diplômé » ; tous sont cités dans le Bulletin publié par la communauté du Vaumain « comme ayant particulièrement payé de leur personne » [17].
Sans doute pour des raisons financières, l’existence de la communauté est éphémère. Dans la deuxième partie de l’année 1904 ou au début de l’année 1905, les fouriéristes quittent Le Vaumain et revendent la propriété. Amédée-Jules Duponchel et sa femme s’installent à Nesle-la-Vallée (Seine-et-Oise), où ils sont recensés en 1906 et 1911.
Duponchel, au début du XXe siècle, se présente comme « publiciste socionome » ; il est membre, comme Charles Limousin de la Société de sociologie de Paris fondée et animée par René Worms [18]. Celui-ci en mai 1905, annonce, à tort, le décès d’Amédée-Jules Duponchel, qu’il présente comme « l’un des représentants les plus autorisés de l’école fouriériste » [19].
Malgré l’échec du Vaumain, l’É.S.E. ne disparaît pas. En 1909, Amédée-Jules Duponchel en est le secrétaire général ; à la demande d’un « groupe d’amis de l’École Sociétaire Expérimentale », principalement composé d’artisans et d’ouvriers du nord de Paris, il fait paraître une brochure présentant « l’association intégrale ». Ce groupe constitue la Société du domaine sociétaire, dont Duponchel est un administrateur, et lance un appel afin de rassembler des forces et des fonds et de passer à la pratique. Ce projet ne semble pas avoir eu de prolongement [20].
Duponchel semble ensuite s’éloigner du mouvement sociétaire ou en tout cas ne plus y avoir d’activité publique. On ne le voit plus participer aux banquets fouriéristes à la veille de la Première Guerre mondiale. Après sa mort, les fouriéristes qui tentent de réorganiser le mouvement lui rendent hommage pour son activité au service de l’École Sociétaire Expérimentale [21].