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TOUCHARD Jean : Aux origines du catholicisme social : Louis Rousseau (1787-1856) (1998)

Université du Maine, 1998. Préface de Brigitte Waché

Article mis en ligne le novembre 1999
dernière modification le 3 avril 2007

par Dubos, Jean-Claude

Le laboratoire d’Histoire anthropologique de l’Université du Maine a eu l’excellente idée de rééditer la thèse complémentaire, soutenue en 1967, de Jean Touchard, consacrée à son ancêtre Louis Rousseau et établie avec soin à partir de papiers et de correspondance familiale. Une mort prématurée a empêché Jean Touchard d’apporter des compléments à cette réédition.

Rangé par Jean-Baptiste Duroselle au nombre de fouriéristes chrétiens, Louis Rousseau est né en 1787, la même année que deux des premiers disciples de Fourier, Just Muiron et Désiré-Adrien Gréa. Mais il a eu une jeunesse beaucoup plus aventureuse que la leur. Engagé dans la marine dès 1804, il est fait prisonnier le 6 février 1806 devant Saint-Domingue à bord du vaisseau l’Alexandre et emmené sur les pontons de Portsmouth où il restera huit ans. Rentré en France en 1814, il s’engage pendant les Cent-Jours, mais n’aura pas l’occasion de se battre. D’abord brasseur et cultivateur à Angerville, son pays natal, il décide en 1823 de se fixer dans le nord Finistère pour y mettre en valeur la plaine de Tréflez. Il y fonde une propriété qu’il appelle Keremma, en hommage à sa femme. Il crée en 1826 la « Société rurale de Lannevez », qu’il doit dissoudre en 1828 à la suite d’une inondation qui a emporté une partie des terres.

En 1831, Louis Rousseau se rallie au saint-simonisme en même temps que Charles Pellarin, alors chirurgien de la Marine à Brest. Comme Pellarin, il quitte le saint-simonisme pour le fouriérisme en mai ou juin 1832 et le 20 août il envoie au préfet du Finistère les onze premiers numéros du Phalanstère avec un vif éloge de Charles Fourier. En avril 1833 Pellarin présente avec enthousiasme aux lecteurs du Phalanstère son Prospectus pour la fondation d’une entreprise agricole et manufacturière dans le Finistère.

Pourtant il ne semble pas que Rousseau ait été réellement fouriériste - on lira avec profit les remarques pertinentes de Jean Touchard à ce sujet - et dès 1833 sa conversion au catholicisme l’éloignera de Fourier dont il conserve cependant les idées sur l’association et l’hostilité au commerce. Rousseau rejoint l’Université catholique, fondée par l’abbé Gerbet et à laquelle collaborent Charles de Coux et Villeneuve-Bargemont. En 1841, il publie un gros ouvrage (La Croisade du dix-neuvième siècle) dont le but est de « reconstituer la science sociale sur une base chrétienne », suivie de l’exposition critique des théories phalanstériennes. Pour Louis Rousseau comme pour Charles Fourier, la solution aux problèmes sociaux est l’Association et les fouriéristes ont d’abord cru (La Phalange, 27 septembre 1840) à l’« Acceptation de la théorie sociétaire par l’Université catholique », ce qui amène Rousseau à mettre les choses au point : si Fourier fut un homme de génie, il faut distinguer : « sa théorie de l’analogie universelle qui est proprement géniale ; sa cosmogonie qui est ridicule et extravagante, sa morale qui est abominable ».

Cette déclaration fut le début d’une longue polémique entre Louis Rousseau qui publie dans L’Univers en septembre 1841 « Immoralité et ridicule de la doctrine de Fourier » et les fouriéristes - notamment Édouard de Pompery. À partir de cette date, il est impossible de considérer Rousseau comme un « fouriériste catholique », titre que revendique cependant Hippolyte de La Morvonnais (et aussi Désiré Laverdant).

Jusqu’à sa mort en 1856 Louis Rousseau réside à Keremma toujours animé de préoccupations sociales mais surtout préoccupé de nouvelles inventions. Si Keremma n’est pas un phalanstère, le domaine n’en est pas moins demeuré indivis entre les descendants de Louis Rousseau qui entretiennent sa mémoire jusqu’à nos jours.


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