Né le 31 décembre 1810 à Parme (alors dans l’Empire français, auj. en Italie), décédé le 22 décembre 1873 à Saint-Maurice (Seine, aujourd’hui en Val-de-Marne). Chargé d’activités administratives et comptables au Centre parisien de l’École sociétaire dans les années 1850. Il séjourne pendant quelques années en Russie à partir de 1859.
Amédée Guillon est le fils d’Antoinette Paglia et de Charles Benoît Marguerite Guillon. Sans doute au moment de la fin de l’Empire, la famille s’installe à Avignon. Charles Guillon est ingénieur du cadastre pour le département du Vaucluse, puis géomètre en chef. On ignore où Amédée Guillon fait ses études. Ses parents, sous la monarchie de Juillet, s’installent en Algérie où son père est le chef du service topographique de la province d’Alger. Amédée est aussi frère de Ferdinand Guillon, dans plusieurs périodiques dont La Démocratie pacifique, et un des dirigeants du Centre de l’École sociétaire à partir de 1849. Amédée fait partie de l’administration de l’École sociétaire dans les années 1850.
Aux lendemains du 2 décembre 1851, quelques militants fouriéristes envisagent l’avenir avec un certain optimisme et beaucoup d’illusions : ils pensent que le nouveau régime peut accepter la parution d’un organe de science sociale à condition qu’en soient exclues les questions politiques ; or, des divers courants socialistes, seul le mouvement sociétaire a les moyens de publier un périodique, les autres étant beaucoup plus affaiblies par la répression consécutive au coup d’État. L’École sociétaire peut donc utiliser cette situation pour renforcer son influence dans la société. Ferdinand Guillon soumet l’idée à Victor Considerant et ajoute :
Mon frère Amédée est si préoccupé du bénéfice qui pourrait résulter pour nous de la création d’un nouvel organe, seul écho à la pensée sociale, qu’il va jusqu’à caresser le projet d’un journal quotidien. Ceci parait paradoxal à plusieurs, à Bourdon entre autres. Mais Amédée persiste dans son idée fixe et m’a même prié instamment de vous la communiquer [1].
Amédée Guillon semble plus particulièrement s’occuper de la comptabilité de l’École – il écrit à Allyre Bureau, sans doute en 1854, qu’il a « pataugé dans le gâchis des comptabilités 40 et 43 [c’est-à-dire les sociétés fouriéristes fondées en 1840 et 1843] ». Il se charge aussi de préparer la comptabilité de la Société européo-américaine de colonisation au Texas [2]. C’est lui que contacte Just Muiron, pour essayer de mettre de l’ordre dans ses comptes et de régler le conflit financier qui l’oppose au Centre dans la seconde moitié des années 1850 [3].
Cependant, d’après sa correspondance, son rôle va au-delà des aspects financiers. Il donne son avis sur les activités de l’École, transmet des informations aux uns et aux autres, signale les visites de condisciples qu’il reçoit au Centre parisien…
Son frère Ferdinand quitte la France à la fin de l’année 1857 et s’installe en Russie où il travaille aux chemins de fer. Amédée le rejoint en 1859, selon Aimée Beuque.
M. Amédée Guillon a reçu la commission de son emploi pour la Russie ; il est content de rejoindre sa famille et de s’assurer un sort ; mais c’est toujours une expatriation – nous le regrettons [4].
Il se marie en 1860 à Saint-Pétersbourg avec une nommée Cécile Régnier, une jeune fille âgée de 20 ans (il en a 48). On ignore quand le couple revient en France. En 1873, il demeure à Paris rue Noller (17e arrondissement). En septembre 1873, il entre à la Maison de Charenton en raison de son état mental. Selon le certificat médical d’admission :
M. Amédée Guillon est atteint d’une affection du cerveau occasionnant des crises d’irritation physique et morale dangereuses pour lui et pour les personnes qui l’entourent [...] dans ces circonstances il est urgent de prendre les précautions que son état exige et de le faire admettre ds une maison spéciale [5].
Son état empire dans les jours qui suivent ; fin septembre, A. Guillon est « atteint de paralysie générale progressive ». Il décède près de trois mois plus tard.
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[1] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 38 (681 Mi 64, vues 546-548), lettre de Ferdinand Guillon, 30 décembre 1851.
[2] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 38 (681 Mi 64, vue 550), lettre non datée d’Amédée Guillon à Allyre Bureau.
[3] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 40 (681 Mi 70, vues 3, 12, 111), correspondance entre Muiron et Guillon, 1854-1858.
[4] Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vue 591), lettre d’Aimée Beuque, 16 mars 1859.
[5] Archives du Val de Marne, 4 X 523, registre matricule des hommes aliénés admis à à la Maison de Charenton, n°6562
Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 36 (681 Mi 57, vue 591), lettre d’Aimée Beuque.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 38 (681 Mi 64, vues 546-548), lettre de Ferdinand Guillon, 30 décembre 1851.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 38 (681 Mi 64, vues 550-556), lettres d’Amédée Guillon, les unes non datées, les autres de 1854.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 40 (681 Mi 70, vues 3-5, 49-50, 111-114, correspondance entre Muiron et Guillon, 1854-1859.
Archives Publiques Historiques de Saint-Petersbourg, fond 347 (archives de l’Église catholique romaine Saint-Catherine), section 1 [Центральный государственный исторический архив Санкт-Петербурга, Фонд 347 Петроградская римско-католическая церковь св.Екатерины (1769-неизв.) Опись 1], registre des mariages en latin (1860-1864) (document 68) [68 Метрические книги за 1860-1864 года на латинском языке 01.01.1860 31.12.1864 299], mariage Guillon-Régnier.
Archives du Val de Marne, 4 X 523, registre matricule des hommes aliénés admis à à la Maison de Charenton, n°6562 (en ligne sur le site des Archives du Val-de-Marne, vue 507/648).
Archives du Val-de-Marne, état civil de Maurice, acte du 22 décembre 1873 (en ligne sur le site des Archives du Val-de-Marne, vue 154/449).
Renseignements fournis par M. Etienne Barthel, que je remercie.
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