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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Maitrot de Varenne, François (Marie Alexandre)
Article mis en ligne le 29 octobre 2016
dernière modification le 17 avril 2017

par Desmars, Bernard

Né le 18 janvier 1811 à Vannes (Morbihan), décédé le 8 mars 1891 à Blois (Loir-et-Cher). Ingénieur des ponts et chaussées. Abonné aux différents organes fouriéristes, des années 1840 jusque vers 1890. Apporte une aide financière à la Librairie des sciences sociales, des années 1860 aux années 1880.

François Maitrot de Varenne est le fils d’un rentier. Il est admis à l’École polytechnique en 1831, puis à l’École des ponts et chaussées en 1833 ; il est nommé aspirant ingénieur en 1837. Dès cette époque, il est abonné à La Phalange [1].
Promu ingénieur de seconde classe en 1839, il travaille à la direction des travaux maritimes à Rochefort, avec notamment Nicolas Lemoyne, disciple de Fourier et auteur de plusieurs brochures phalanstériennes. Au début des années 1840, il est toujours abonné à La Phalange [2].

Un socialiste à Rochefort

François Maitrot de Varenne est bien inséré dans la société de Rochefort. Il participe aux travaux de la Société d’agriculture, sciences et belles lettres de la localité. Il se marie en 1846 avec Félicité Céline Perrin, la fille d’un propriétaire de Rochefort. Deux enfants naissent de cette union, dont, en 1852, Paul, futur préfet de la Troisième République. En 1847, il est promu ingénieur de première classe en 1847. Sous la Seconde République, il s’engage nettement dans le camp républicain et socialiste. Dans l’été 1848, il se fait élire au conseil général de Charente-Inférieure, mais son élection est annulée par le conseil de préfecture, sa qualité d’ingénieur du port de Rochefort étant incompatible avec l’exerce du mandat de conseiller général ; il envisage alors de démissionner de ses fonctions d’ingénieur, mais y renonce finalement. Selon La Démocratie pacifique, il envisage la candidature aux élections législatives de mai 1849 [3].

Ses convictions et son engagement politiques lui valent de solides inimitiés locales ; en 1849, il est « signalé par divers représentants de la Charente-Inférieure comme socialiste », et ces élus demandent au ministre des Travaux publics sa mise en disponibilité ou son déplacement dans un autre département [4]. Il est effectivement muté en 1850 dans l’arrondissement de Fontenay, en Vendée. L’ingénieur en chef des ponts et chaussées en Vendée lui recommande « une grande circonspection dans sa conduite et dans la manifestation de ses opinions » [5].

Désormais, les fiches remplies par ses supérieurs sont très élogieuses : à la rubrique « Exactitude et régularité dans le service », elles indiquent : « remarquables (point d’occupations étrangères [au service]) » ; son « zèle » « ne laisse rien à désirer », sa « tenue » est « bonne », voire « excellente » ; son caractère est « doux et facile », ou encore « vif, [avec] de la rondeur [et un] fond excellent » ; son « éducation » est « bonne » ou même « parfaite ». Bref, c’est un « ingénieur très distingué, dirigeant parfaitement son service », il « a des qualités qui le recommandent à la bienveillance de l’administration », écrivent ses chefs qui sollicitent pour lui des promotions et des décorations [6].

Ayant rejoint la Haute-Garonne en 1853, il est affecté au service hydraulique. Il s’intéresse au projet d’installation d’une colonie au Texas et apporte son soutien financier à l’initiative dirigée par Considerant [7]. En 1856, il est promu ingénieur en chef et nommé dans le Finistère ; il est d’abord chargé du service ordinaire, puis du service maritime du département, avant de prendre la direction des travaux du port Napoléon (ou port de commerce) à Brest. L’activité qu’il déploie dans cette dernière fonction suscite de vibrants éloges de la part de la municipalité et de la Chambre de commerce ; le maire de Brest prend en 1873 un arrêté attribuant son nom à une rue voisine du port [8]. De 1866 à 1872, Maitrot de Varenne est en poste à Blois (Loir-et-Cher), où il reçoit la croix d’officier de la Légion d’honneur (en 1867), avant d’être nommé inspecteur général du corps des ponts et chaussées. Il prend sa retraite en 1876.

Un engagement fouriériste maintenu

Si, à partir de 1850, il avait dû taire ses opinions socialistes, il renoue avec l’École sociétaire à la fin des années 1860.

Je vois avec bien du plaisir l’École sociétaire donner signe de vie et faire paraître La Science sociale. Quoique mes occupations m’eurent [sic] empêché jusqu’ici de suivre comme je l’aurais voulu les efforts que vous avez tenté ces dernières années pour reconstituer un centre, je prends toujours le plus vif intérêt à vos travaux [9].

Il s’abonne à La Science sociale en 1867 et verse 100 francs pour la Librairie des sciences sociales [10] ; dans la décennie suivante, il s’abonne au Bulletin du mouvement social [11]. Dans les années 1870 et au début des années 1880, il envoie à plusieurs reprises des sommes d’argent pour empêcher ou plutôt repousser la liquidation de la Librairie des sciences sociales [12]. Il assiste au banquet du 7 avril 1879 [13]. Il est abonné en 1881 au Devoir, le périodique publié par Jean-Baptiste Godin, le fondateur du Familistère de Guise [14]. Au milieu des années 1880, alors que la Librairie des sciences sociales a été dissoute, quelques disciples s’efforcent de reconstituer une organisation fouriériste, qui prend le nom de Ligue du progrès social ; Maitrot de Varenne fait partie de ses membres [15]. Cette Ligue, sous la direction d’Hippolyte Destrem, publie à partir de 1888 La Rénovation, périodique auquel Maitrot de Varenne s’abonne, dernière manifestation de son engagement fouriériste [16].