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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Jolly, Antoine
Article mis en ligne le 27 mars 2016
dernière modification le 8 décembre 2019

par Sosnowski, Jean-Claude

Artiste peintre à Paris. Membre du Comité de la souscription phalanstérienne en 1841. Administrateur de l’Union industrielle du Brésil à Paris. Membre de la colonie du Sahy (Brésil) en 1842. Proche de Benoît Mure.

Le nom de Jolly est cité comme celui de l’un des principaux contributeurs au premier bal organisé en février 1840 pour la souscription phalanstérienne initiée par le groupe du Nouveau Monde. Avec Rouffinel et Lahaye, il est à l’origine des « grands tableaux et inscriptions qui décoraient la salle » [1]. Il est inscrit comme peintre sur la « liste des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire, résidans (sic) à Paris » [2]. Il est établi 113 rue Faubourg Poissonnière à Paris. En janvier 1841, Jolly [3], dont l’adresse est cette fois au 34 rue Vieille-du-Temple à Paris, est membre du « Comité de la souscription phalanstérienne » organisée par le groupe du Nouveau Monde (il ne l’était pas en mars 1840 à la différence de Lahaye). A la même date, Le Premier Phalanstère inscrit la somme de 3 francs au nom de Jolly pour la fondation du phalanstère d’enfants, projet vers lequel se concentre l’effort du comité. En avril 1841, Jolly, artiste peintre est désigné comme l’un des administrateurs de l’Union industrielle dirigée par Arnaud, Jamain et Derrion, union chargée de recruter des colons pour établir un phalanstère au Brésil à l’initiative de Benoît Mure. La société, dont l’acte est déposé à Paris le 21 mai 1841, est établie provisoirement chez le docteur Arnaud et son intitulé est ainsi libellé : « Arnaud, Jamain, Derrion et compagnie » [4]. Mais Mure déjà au Brésil n’est pas solidaire de cette organisation. Le contrat fait suite à un précédent qu’il a déposé en septembre 1840 auprès du consul du Brésil, contrat qui lui confiait « des pouvoirs pour l’obtention d’une concession et la négociation d’un prêt auprès du gouvernement brésilien » [5].
Le 21 octobre 1841, Jolly embarque avec Derrion et 107 autres migrants pour le Brésil [6]. Le 14 décembre le navire entre en baie de Rio de Janeiro. Mais les colons à peine débarqués et reçus par l’empereur du Brésil, la désunion éclate au grand jour. Jolly, bien que membre du conseil d’administration de l’Union industrielle, société refusée par Mure, prend le parti de ce dernier avec 28 autres « réfractaires » dénonçant des « camarades fainéants » [7]. Le 30 décembre, il est du voyage de La Caroline qui mène les partisans de Mure (et une poignée de fidèles de Derrion et Jamain) à l’île de São Francisco do Sul face à la péninsule du Sahy ; Derrion, Jamain et d’autres sont abandonnés à Rio de Janeiro. De São Francisco do Sul, Mure mène ses fidèles aux terres de la colonie, sur la péninsule. Le 19 janvier 1842, afin de garantir son autorité sur les colons, et afin de répondre à la demande des autorités brésiliennes, Mure réclame l’approbation d’un « contrat social ou règlement intérieur de la colonie sociétaire » [8] par signature de chacun des colons. Jolly est de ceux qui tentent de convaincre les colons de cette nécessité. Les autorités brésiliennes finissent par reconnaître Benoît Mure comme le directeur légitime de la colonie ; néanmoins les colons ont été recrutés par la société « Arnaud, Jamain, Derrion et compagnie ». C’est pourquoi Mure intime à Jolly l’ordre de retourner en France afin de recruter de nouveaux volontaires. Jolly et son épouse arrivent à Rio de Janeiro le 25 février 1842 [9], et embarquent pour Paris afin de revenir d’ici quelques mois avec des « colons soumis et industrieux » [10].
À Paris, pour l’aider dans sa tâche, il retrouve le peintre en bâtiment Rouffinel qui n’a pas embarqué pour le Brésil en octobre 1841. Il ouvre un bureau de recrutement, concurrent de celui de la société « Arnaud, Jamain, Derrion et compagnie », au 29 rue de la Chaussée d’Antin [11]. Jolly est probablement à l’origine de la création de l’Agence coloniale du Brésil installée 8 rue des Prouvaires à Paris (c’est l’adresse données par deux phalanstériens depuis 1840, le docteur en médecine et chirurgien dentiste Guidon de Weysset [12] et le chapelier Neville [13]). En juillet 1842, quelques semaines après le retour de Jolly à Paris, l’agence publie Phalanstère du Brésil. Voyage dans l’Amérique méridionale [14]. Cette lettre est un outil de propagande en vue de recruter de nouveaux colons. L’action semble efficace ; afin de transporter cent-dix-sept nouvelles recrues, Jolly passe contrat avec un armateur à Dunkerque, Charles Delrue qui affrète un navire pour le Brésil [15] en août 1842. Le nom d’Antoine Jolly disparaît alors des écrits et archives sociétaires.