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Prudhomme, Modeste-Auguste
Article mis en ligne le 27 mars 2016
dernière modification le 11 décembre 2023

par Sosnowski, Jean-Claude

Né le 17 ventôse an XII (8 mars 1804) à Paris (ancien 2e arrondissement, Seine). Libraire et professeur de langues. L’un des neuf fondateurs de la société en commandite « Le Sociantisme. Union des agents producteurs : capital, travail et talent » en 1837. Éditeur du Mathieu-Laensberg de l’industrie en 1838. Correspondant de l’Union harmonienne pour l’année 1840.

En novembre 1832, Modeste Prudhomme, commis-libraire âgé de 28 ans [1] « tenant un cabinet littéraire » [2], « fils d’un libraire demeurant rue Saint-Dominique, n° 37, au Gros-Caillou » [3] est jugé dans le cadre des événements insurrectionnels parisiens de juin 1832, aux côtés de Charles Berne, ouvrier à la manufacture des tabacs et de Gardès dit Valadon, peintre en bâtiments, poursuivi également pour avoir porté l’uniforme de la garde nationale sans y être inscrit et pour avoir injurié un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions. Prudhomme s’est constitué prisonnier l’avant-veille du procès, alors que les deux autres prévenus sont incarcérés depuis cinq mois. L’acte d’accusation porte sur

un complot préparé pendant les mois de février, de mars, d’avril et de mai. Des réunions d’individus, affiliés la plupart à la Société des Amis du Peuple, se tenaient dans un cabaret de l’avenue de Lamothe-Picquet. Plus tard, un particulier (il s’agirait de Prudhomme d’après le récit de La Gazette des tribunaux), qui se disait rédacteur du Véritable Mayeux [4], avait obtenu du concierge d’une maison rue du Gros Caillou, n° 48, la permission de réunir une trentaine d’individus dans une boutique non louée. Là on lisait des brochures séditieuses et des journaux du parti [sic]. Un des orateurs parlait ouvertement de renverser le gouvernement : « Hâtons-nous, disait-il, de prendre les armes, d’établir la république : il faut guillotiner ce Roi comme on a guillotiné Louis XVI. Un vrai républicain ferait guillotiner son père et sa mère » [5].

Les dépositions des témoins « moins circonstanciées que dans l’instruction » [6] permettent l’acquittement de Prudhomme et Berne ; Gardès est condamné à six mois de prison pour simples délits.
Les liens de Prudhomme avec l’École sociétaire sont probablement anciens ; en 1833, un nommé Prudhomme de Paris est abonné au Phalanstère [7]. Modeste-Auguste Prudhomme apparaît nommément parmi les disciples de Charles Fourier en 1837. Qualifié de libraire, il demeure à Paris, 177 rue Saint-Dominique-Gros-Caillou. En 1833, comme en 1837, à cette adresse, la veuve Prudhomme, probablement sa mère, est inscrite comme tenant un cabinet littéraire [8]. Modeste-Auguste Prudhomme est l’un des neuf fondateurs de la société en commandite « Le Sociantisme. Union des agents producteurs : capital, travail et talent » dont l’objet est « une application partielle du principe de l’association du capital, travail et talent » [9]. Il est l’éditeur du Mathieu Laensberg de l’industrie, « essai d’un almanach phalanstérien [sic] » [10], auquel contribuent largement les rédacteurs de La Phalange pour 1838. Il est correspondant et membre de l’Union harmonienne en 1840 [11] et est inscrit parmi les travailleurs de l’École sociétaire à Paris, à la fois comme libraire et professeur de langues à la même adresse en 1840 [12] et en 1841 [13]. Il tient un cabinet de lecture où l’on peut lire les écrits de Fourier [14].
Il est peut-être le Prudhomme adhérent de la réunion et de la commission préparatoire de l’Institut sociétaire en juillet 1837 [15] dont les réunions sont présidées par Harel. Tous les deux sont néanmoins désignés commissaires pour suivre l’étude de la fondation d’un phalanstère pour 400 enfants dans le cadre de la souscription pour un crédit de 10 000 francs initiée par Victor Considerant [16]. En 1838, plusieurs versements à ce crédit (10 francs puis 50 francs par deux fois) sont portés au nom de Prudhomme à Paris [17]. Il participe pour 1 francs à « la mise au jour » [18] du Plan pour l’établissement comme germe d’harmonie sociétaire d’une maison rurale industrielle d’apprentissage pour 200 élèves de toutes classes, garçons et filles, de 5 à 13 ans..., projet de Guilbaud publié en 1840. Avec Harel et Barbier, il est l’un des rapporteurs des études menées lors de l’ultime réunion de 1843. De 1840 à 1843, son nom est cité parmi les abonnés à La Phalange puis à La Démocratie pacifique. Il règle en son nom, au nom de son cabinet de lecture, ou de ceux qui passent par sa librairie les abonnements souscrits.

On trouve encore le nom de Prudhomme inscrit à la rubrique des « cabinets de lecture » de l’Annuaire général du commerce Firmin-Didot pour l’année 1850, au 179 rue Saint-Dominique [19]. L’année suivante, il y est référencé comme libraire et papetier au 163 rue Saint-Dominique-Saint-Germain [20]. En 1853, « Modeste Prudhomme » [21] est condamné à un mois de prison et cent francs d’amende pour exercice de la librairie sans brevet. S’il est encore inscrit comme papetier et libraire l’année suivante dans l’annuaire Firmin-Didot [22], l’Almanach-bottin du commerce de Paris pour 1854 le cite également à la rubrique des cabinets de lecture au nom de Prudhommé [sic] au 163 Saint-Dominique-Gros-Caillou [23]. Il n’est plus référencé à cette adresse dans l’Annuaire général du commerce Firmin-Didot pour l’année 1856. La librairie et papeterie est au nom de Mme Lenoir [24].
Le nom de Modeste Prudhomme, comptable 115 rue de la Comète puis 3 rue de l’Église, au Gros Caillou à Paris est inscrit dans le « répertoire Noirot » [25] des abonnés et contacts de la Librairie des sciences sociales établi au cours des années 1860. En 1873, au 3 rue Cler à Paris (7e arrondissement), décède Modeste-Auguste Prudhomme, courtier en vin, âgé 69 ans [26]. A ce jour, aucun élément ne nous permet de certifier qu’il s’agit du fondateur du « Sociantisme ». Il est marié à Rose-Françoise de Massia, âgée de cinquante et un ans. Elle est la fille d’un propriétaire des Pyrénées-Orientales, François Maire de Massia et de Sophie Bompeyre également originaire du département [27]. Le couple a au moins un fils Louis-Amédée Prudhomme, employé de commerce âgé de vingt-six ans et résidant 29 quai Valmy à Paris. Il est l’un des témoins du décès de son père.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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