Né le 2 mars 1821 à la Chapelle Saint-Quillain (Haute-Saône), décédé le 11 février 1888 à Paris (11e arrondissement). Instituteur dans l’enseignement primaire supérieur, puis professeur dans le secondaire dans le Doubs, puis le Bas-Rhin. Installé à Paris après 1871. Participe aux activités du Centre de l’Ecole sociétaire dans les années 1870. Frère de Louis-François Glorget, également fouriériste.
Fils de Nicolas Glorget, qui se présente comme propriétaire en 1821, mais comme aubergiste lors de la naissance d’un autre fils (Louis-François), en 1824, Jean-Baptiste Glorget suit d’abord des études secondaires, jusqu’en rhétorique.
Enseignant, du primaire au secondaire, du Doubs au Bas-Rhin
Il entre en 1839 à l’école normale primaire de Haute-Saône, à Vesoul ; il en sort deux années plus tard avec le brevet supérieur. Il est alors chargé de la direction de l’école primaire supérieure annexée au collège de Baume-les-Dames, fonction qu’il occupe jusqu’en 1845. Il obtient une année de congé pour faire sa classe de philosophie au collège royal (nom du lycée sous la Restauration et la monarchie de Juillet) de Besançon, et peut ainsi passer, avec succès, le baccalauréat es lettres en 1846. La même année, il est nommé maître répétiteur au lycée de Besançon et occupe ce poste jusqu’en 1849. Après une nouvelle année de congé, il obtient en 1850 le baccalauréat es sciences. En 1851-1852, il est répétiteur dans une institution privée, à Paris. En octobre 1852, il devient maître répétiteur de mathématiques à Saverne (Bas-Rhin). En 1855, il rejoint le lycée de Strasbourg, où enseigne déjà François Antoine Boullet ; il occupe d’abord les fonctions de maître répétiteur dans les « cours spéciaux » qui préparent les élèves aux « carrières industrielles et commerciales » ; en 1862, il est « chargé d’un cours de mathématiques pures et appliquées » dans l’enseignement secondaire classique ; il remplit cette fonction jusqu’en 1870. Entre-temps, il a obtenu une licence de mathématiques et une licence de sciences physiques (au début des années 1860) ; il est devenu officier d’académie en 1863. Les appréciations portées par son proviseur, l’inspecteur et le recteur de l’académie dans les années 1860 sont dans l’ensemble élogieuses ; ainsi, en 1869-1870, son proviseur loue sa « conduite et [sa] tenue irréprochables ; [son] caractère sérieux » ; « il a beaucoup d’autorité sur les élèves. Il a une longue pratique de l’enseignement dont il est chargé et y obtient de bons résultats ». Pour le recteur, toutefois, c’est un « esprit solide, un peu lourd et n’ayant qu’une autorité scientifique médiocre. Il suffira à sa tâche » [1]. En tout cas, ses convictions fouriéristes ne sont pas mentionnées dans ces documents administratifs.
La guerre franco-prussienne, puis l’annexion de l’Alsace et de la Moselle au Reich allemand l’obligent à quitter Strasbourg et le laissent sans poste. Il s’installe à Paris et est mis à la retraite en septembre 1871 « pour cause de suppression d’emploi ». Dans les années suivantes, on le retrouve à la Maison d’éducation de Saint-Denis. Il est décoré de la Légion d’honneur en 1882 [2].
L’engagement fouriériste
Sans doute a-t-il participé au groupe fouriériste de Besançon, dans les années 1840. En tout cas, dans les années 1870, il représente parfois les Bisontins ainsi que la société de capitalisation fondée à Besançon autour de Just Muiron aux assemblées générales des actionnaires de la libraire des sciences sociales [3].
En 1867, quand commence la publication de La Science sociale, il s’abonne au nouvel organe sociétaire, mais il déclare ne pouvoir faire plus et n’avoir pas les moyens en particulier de prendre des actions dans la société. Il renouvelle cet abonnement en 1868 et 1869 [4] ; mais ses liens avec le Centre sociétaire et son activité militante se développent surtout après son installation à Paris, en 1870 ou 1871. Il acquiert deux actions de la Société exploitant la librairie des sciences sociales et participe au congrès phalanstérien d’avril 1872 ; il est alors désigné pour faire partie du « comité d’exécution » chargé de mettre en œuvre les décisions du congrès, et en particulier la création d’une nouvelle société afin de réorganiser l’École sociétaire sur de nouvelles bases [5]. Cependant, cette opération se heurte à la volonté de Pellarin et de ses amis, qui veulent maintenir l’ancienne société, et Glorget se rallie bientôt à eux.
Il est présent aux assemblées générales d’actionnaires (pourtant peu fréquentées). Régulièrement commissaire chargé de contrôler les comptes, le plus souvent avec François Cantagrel. Lors de l’assemblée générale des actionnaires, en 1872, il présente la situation de la façon suivante :
si l’on veut bien tenir compte des buts élevés de la société et des difficultés que les circonstances ont semé sur la route, on devra trouver que la situation est bonne et qu’avec un peu d’activité et de dévouement, on peut les maintenir et même l’améliorer. Là sont nos vœux et notre espoir [6].
Il assiste à plusieurs reprises (au moins en 1873, 1874 et 1878) au banquet annuel commémorant l’anniversaire de la naissance de Fourier ; à cette occasion, il lit un message envoyé par Muiron, son « compatriote et ami » [7].
Il soutient également la Maison rurale de Ry (Seine-Maritime). Il envoie à plusieurs reprises de l’argent – parfois au nom de la Société de capitalisation de Besançon – pour aider l’œuvre fondée par le Dr Jouanne [8].
A la fin des années 1870, il continue à œuvrer pour le maintien de la librairie, pourtant en difficulté, en se prononçant, lors des assemblées générales de la société, pour son maintien (quand d’autres actionnaires envisagent sa dissolution) et en versant des subventions [9]. En 1883, Pellarin, président du conseil d’administration de la société, lui délègue une partie de ses fonctions [10].
Il continue alors à soutenir des œuvres sociétaires ou d’inspiration fouriériste : il fait partie des souscripteurs des Orphelinats agricoles d’Afrique, une société fondée par Henri Couturier et installée sur le domaine de l’Union agricole, à Saint-Denis-du-Sig (Algérie) [11]. Il adhère à la Ligue du progrès social, créée en 1885 par quelques fouriéristes souhaitant reconstituer une nouvelle organisation sociétaire [12].
[1] Archives nationales, F17/20849, dossier de carrière, fiche pour l’année 1869-1870.
[2] Archives nationales, base Léonore, dossier de Légion d’honneur, LH/1156/26.
[3] Ecole normale supérieure, carton 4, dossier 3, chemise 3, assemblée générale du 21 décembre 1872.
[4] Ecole normale supérieure, fonds Considerant, carton 13, dossier 1, lettres du 3 avril 1867 et du 29 février 1868) ; Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 38 (681 Mi 64, vue 242), lettre du 2 mars 1869.
[5] Archives nationales, 14 AS 6, Centième anniversaire de la naissance de Charles Fourier, Paris, Librairie des Sciences sociales, s. d. [1872], 8 p.
[6] Ecole normale supérieure, carton 3, dossier 3, chemise 1, assemblée générale du 21 décembre 1872, rapport de Glorget.
[7] 101e anniversaire natal de Charles Fourier, Paris, Librairie des sciences sociales, 1873, p. 5 ; Bulletin du mouvement social, 15 avril 1877 et 15 avril 1878.
[8] Maison rurale d’enfants à Ry (Seine-Inférieure). Bulletin mensuel, septembre-octobre 1872 ; Maison rurale d’enfants à Ry (Seine-Inférieure). Bulletin trimestriel, janvier 1873.
[9] Archives nationales, 10 AS 32 (681 Mi 53, vue 630,) liste de souscripteurs.
[10] Archives nationales, 10 AS 41 (681 Mi 71, vues 464-466), lettre de Pellarin à Considerant, 12 août 1883.
[11] Les Orphelinats agricoles d’Algérie. Bulletin n°2, août 1883, liste des membres de la société des Orphelinats agricoles d’Algérie.
[12] Bulletin n°2 de la Ligue du Progrès social, s. d. [1886], liste des membres de la Ligue.
Sources :
Archives nationales, F/17/20849/A, dossier de carrière de Jean-Baptiste Glorget.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 32 (681 Mi 53, vue ?), souscriptions ; 10 AS 38 (681 Mi 64, vue 242), lettre du 2 mars 1869.
Archives nationales, 14 AS 6, congrès et banquet de 1872.
Archives nationales, dossier de la Légion d’honneur, LH/1156/26 (en ligne sur la base Leonore.
Ecole Normale Supérieure, fonds Considerant, carton 2, dossier 8, carton 2, dossier 12 ; carton 3, dossier 3 ; carton 4, dossier 6 ; carton 13, dossier 7.
Archives de Paris, état civil du 11e arrondissement, acte de décès du 11 février 1888 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 9/31).
Archives départementales du Bas-Rhin, 1 Tp / Sec 160 (notes sur le personnel du lycée de Strasbourg) et 1 Tp / Sec 218 (dossier Glorget).
101e anniversaire natal de Charles Fourier, Paris, Librairie des sciences sociales, 1873, 16 p.
Bulletin du mouvement social, 15 avril 1877 et 15 avril 1878, compte rendu du banquet du 7 avril.
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