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Bernard Desmars  |  mise en ligne : mai 2015

Gicqueau, Anne (-Eulalie), épouse Thérault, puis Cailhabet


Né le 12 janvier 1814, au Mans (Sarthe), décédée le 2 février 1894, à Angers (Maine-et-Loire). Libraire puis professeur. Actionnaire de la Société de 1840 pour la propagation et la réalisation de la théorie de Fourier. Propagandiste fouriériste en Italie et en France.


Anne Cailhabet est la fille d’un chirurgien-dentiste. En 1834, elle demeure à Saumur où elle travaille dans une librairie. Elle épouse Auguste Thérault, professeur au collège de Saumur avec lequel elle a un enfant, Léonce. Les deux époux prennent une action dans le capital de la Société du 10 juin 1840 pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier, l’action étant au nom d’Anne Thérault-Gicqueau.

En 1844, le recteur annonce au ministre que Thérault

vient d’être cruellement frappé dans ses plus chères affections. Sa femme a abandonné le domicile conjugal après l’avoir en partie dépouillé. M. Thérault, resté avec un fils unique âgé de sept ans, a été forcé de vendre une partie de son avoir pour s’éloigner d’un pays où il ne retrouverait plus que les plus pénibles souvenirs [1].

Thérault enseigne à Libourne (jusqu’en 1848), puis s’installe à Laval (dans les années 1850) sans que l’on sache si sa femme le rejoint ou reste séparée. En tout cas, les deux époux sont réunis en février 1864 au domicile de leur fils Léonce, contrôleur des contributions directes à Château-Chinon, quand survient la mort d’Auguste Thérault. Quelques mois plus tard, en décembre 1864, Anne Gicqueau se remarie à Saumur avec Pierre Cailhabet, ancien élève de Thérault au collège de cette même ville.

Le couple Cailhabet-Gicqueau part ensuite à Florence ; Anne y exerce notamment les fonctions de sous-directrice d’un pensionnat.

Elle et son mari restent en relation épistolaire avec l’Ecole sociétaire ; c’est Anne qui correspond avec la direction du Bulletin du mouvement social. Elle prend deux abonnements et dépose régulièrement l’un des exemplaires dans un cabinet littéraire qui reçoit des journaux et revues de différents pays, afin de faire connaître la théorie phalanstérienne aux habitués du lieu. Elle combat le pessimisme des dirigeants de l’École sociétaire :

Je comprends que le résultat de votre insigne dévouement vous semble bien minime, qu’il vous paraît que nous restons stationnaires […] Mais cet état stationnaire n’est qu’apparent, nos idées s’infiltrent lentement, mais sûrement et pénètrent partout ». Et elle encourage les rédacteurs de la revue, « sanctuaire où se conserve le foyer du feu sacré destiné à son jour à illuminer le monde entier [2].

Alors que l’existence de la Librairie des sciences sociales est menacée à la fin des années 1870, les époux Cailhabet envoient la somme de 5 francs pour favoriser la survie de l’établissement sociétaire [3].

Ils retrouvent la France dans les années 1880. Demeurant à Angers, ils soutiennent le petit groupe de fouriéristes qui fonde en 1888 La Rénovation pour relancer la propagande phalanstérienne.


Bernard Desmars

Dernière mise à jour de cette fiche : juin 2022

Notes

[1Archives départementales de Maine-et-Loire, 416 T 17, brouillon d’une lettre du recteur au ministre de l’Instruction publique, 24 août 1844, concernant la situation de Thérault.

[2Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 37, lettre du 11 mars 1875.

[3Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 32, souscription à la Librairie des sciences sociales.


Ressources

Sources :
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS 30 (681Mi49, vues 411-413), « Liste d’actionnaires de la Société du 10 juin 1840 pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier, 15 mai 1843 », charlesfourier.fr, rubrique « Réalisations et propagation », mars 2014 (en ligne sur le site de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier).
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 32, souscription à la Librairie des sciences sociales.
Archives nationales, fonds Fourier et Considerant, 10 AS 37 (681 Mi 59, vues 97-100 et 102-103, et 681 Mi 60, vues 67-70), lettres du 11 mars 1875, de janvier 1877, du 16 avril 1878, 23 avril 1879.
Ecole Normale Supérieure, Carton 2, Dossier 8, liste des souscripteurs en 1880-1881.
Ecole Normale Supérieure, Carton 4, Dossier 3, Chemise 2, Liste d’abonnés.
Archives départementales de la Sarthe, état civil du Mans (section sud), acte de naissance du 12 janvier 1814 (en ligne sur le site des Archives départementales de la Sarthe, vue 50/147).
Archives départementales de Maine-et-Loire, état civil de Saumur, acte de mariage du 21 décembre 1835 (en ligne sur le site des Archives départementales de Maine-et-Loire, vue 275/278).
Archives départementales de Maine-et-Loire, état civil de Saumur, acte de naissance du 28 novembre 1836 (en ligne sur le site des Archives départementales de Maine-et-Loire, vue 55/307).
Archives départementales de Maine-et-Loire, état civil de Saumur, acte de mariage du 7 décembre 1864 (en ligne sur le site des Archives départementales de Maine-et-Loire, vue 245/249).
Archives départementales de Maine-et-Loire, état civil d’Angers (3e arrondissement), acte de décès du 2 février 1894 (en ligne sur le site des Archives départementales de Maine-et-Loire, vue 13/111).
Archives départementales de Maine-et-Loire, 416 T 17, brouillon de la lettre du recteur au ministre de l’Instruction publique, 24 août 1844.
La Rénovation, années 1888 à 1895.
Annales sociétaires. Organe de la Société l’Union phalanstérienne, n°2, 31 octobre 1898, nécrologie de Pierre Cailhabet, avec aussi des informations sur Anne Cailhabet.


Index

Lieux : Angers, Maine-et-Loire - Florence, Italie - Saumur, Maine-et-Loire

Notions : Enseignement - Femmes (genre) - Groupe local - Presse - Propagande

Pour citer cette notice

DESMARS Bernard, « Gicqueau, Anne (-Eulalie), épouse Thérault, puis Cailhabet », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en mai 2015 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1602 (consultée le 22 mars 2023).

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