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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Jodot, Marc
Article mis en ligne le 26 février 2015

par Desmars, Bernard

Né le 29 octobre 1798 à Douai (Nord), décédé le 1er octobre 1877. Ingénieur civil, puis répétiteur à l’École polytechnique. Membre de la colonie de Condé-sur-Vesgre.

Fils de Toussaint Jodot, premier commis de la poste et d’Angélique Reine Joseph Vandeville, Marc Jodot participe aux combats de 1815, s’étant porté volontaire pour une compagnie d’artillerie mobile à Douai [1].

(Archives de l’École polytechnique)

Il participe entre 1818 et 1820 à la construction du canal de la Sensée (Nord) et à des travaux de navigation à Douai. Dans les années suivantes, il effectue des études sur les canaux et les rivières du Nord, de l’Est et du Centre de la France. Il se fait connaître par ses travaux cartographiques et par ses recherches statistiques. Dans les années 1820, il est l’auteur d’études sur la topographie de la vallée de l’Oise et de la Meuse dans sa partie française. Il est récompensé en 1827 et 1828 par la Société de géographie. En 1829, il publie une carte industrielle du département du Nord, complétée par des tableaux statistiques concernant la population et les activités économiques. Il épouse Marie Eugénie Stévenot avec laquelle il a deux enfants ; elle décède en 1838.

En 1834, il entre à l’École polytechnique où il exerce les fonctions de répétiteur de travaux graphiques pendant une quarantaine d’années (il est parfois qualifié de professeur de dessin, de répétiteur d’architecture ou encore de professeur adjoint du cours de construction). Son patronyme devient, d’abord parmi les élèves de l’établissement, puis à l’extérieur de l’École, un nom commun pour désigner le dessin au lavis ; « par extension, jodoter signifie : faire du lavis, peindre, mouiller, laver, nettoyer. Ainsi, se jodoter signifie se laver. Quand il pleut, un polytechnicien dit : il jodote. » [2]. Parallèlement à son enseignement, il poursuit ses activités de géographe et de cartographe, notamment pour dessiner le tracé de lignes de chemin de fer dans le Nord de la France.

Ses travaux lui valent la Légion d’honneur, obtenue en 1839. Il participe aux activités de plusieurs sociétés savantes : il est membre de la Société française de statistique universelle (il est vice-président, puis président de son comité scientifique) et de l’Académie nationale agricole, manufacturière et commerciale ; il est membre correspondant de la Société nationale et centrale d’agriculture, et de la Société des sciences et arts du département du Nord.

En mai 1849, il se porte candidat à l’Assemblée législative dans le département du Nord. Dans sa profession de foi, il s’adresse principalement aux « laborieux agriculteurs » et aux « électeurs de l’industrie » qui produisent la valeur de « 517 millions de francs » chaque année :

Électeurs, vous connaissez la puissance de vos travaux, de vos richesses, travaux et richesses qui vous placent au premier rang des producteurs de la France puisque vous soutenez avec la plus louable persévérance la haute et glorieuse réputation de toutes les industries du Nord.

Appelés aux élections, vous voulez des hommes capables, sages et honnêtes, attachés au maintien de la Constitution, et vous voulez son développement dans le sens démocratique, pour éviter de nouvelles révolutions et pour obtenir de bonnes lois, protectrices de l’agriculture, des manufactures et du commerce. En effet, sous l’empire d’une saine législation, assurant la paix et la concorde, les produits de vos travaux atteindront bientôt par année le chiffre de 600 millions.

Qu’il me soit permis, à moi, enfant du Nord, qui, pendant 25 ans, n’ai cessé d’étudier le pays dans ses conditions les plus vitales, de demander l’honneur de vous représenter à l’Assemblée législative.

Homme de labeur comme vous, ami des grandes choses qui peuvent assoir les libertés publiques, zélé propagateur de tout ce qui intéresse la prospérité des Arts, de l’Industrie et du Commerce, je me dévouerai avec courage à l’accomplissement du mandat que vous me confierez.

A vous tous électeurs, salut, fraternité, respect.

En 1860-1861, il rejoint le Ménage sociétaire de Condé et prend quelques parts dans la société immobilière qui possède la colonie ; il en prend plusieurs autres l’année suivante en faveur de son fils et de sa fille. Il fait partie du conseil syndical de la société de 1863 à 1866. Il assiste à l’anniversaire de la naissance de Fourier, le 7 avril 1866. Il demeure alors à Paris, rue du Faubourg Saint-Denis, en compagnie de son fils.

En avril 1876, il est autorisé à prendre sa retraite. Il décède l’année suivante. Ses obsèques religieuses et son inhumation au cimetière Montparnasse ont lieu le 3 octobre 1877 à Paris en présence d’une délégation de l’École polytechnique.