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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Griffoul-Dorval, Bernard
Article mis en ligne le 8 janvier 2015

par Desmars, Bernard

Né à Toulouse (Haute-Garonne) le 16 mars 1788, mort à Toulouse le 15 novembre 1861. Sculpteur et professeur à l’École des Beaux-Arts de Toulouse. Abonné à La Phalange et membre de l’Union harmonienne.

Lors de son baptême, Bernard Griffoul-Dorval est déclaré « de père et mère inconnus ». Cinq années plus tard, ses parents Michel Griffoul-Dorval, comédien, et Julie Durville, première danseuse au théâtre de Toulouse, se marient et procèdent à la reconnaissance de leur fils Bernard ainsi que de sa sœur née en 1791.

Son père souhaite que son fils s’oriente vers une carrière théâtrale. Mais, préférant le dessin, Bernard Griffoul-Dorval entre en 1807 à l’Ecole spéciale des arts de Toulouse ; il y étudie la sculpture sous la direction de Lucas aîné et il reçoit le grand prix de sculpture en 1811. Ayant rejoint Paris en 1812, il complète sa formation pendant deux années dans l’atelier de Pierre Cartellier. Il rentre à Toulouse en 1814 et enseigne le dessin et les arts dans plusieurs établissements scolaires ; il publie en 1821 Essai sur la sculpture en bas-relief, ou Règles particulières à observer dans la pratique de cet art, un texte d’abord lu à la Société des Beaux-Arts dont il est l’un des fondateurs.

En 1826, il est nommé professeur adjoint de la classe de sculpture à l’Ecole des Beaux-Arts de la Ville, dont il devient professeur titulaire en 1829. Cette même année, il se marie avec Marguerite Fraunié, la fille d’un propriétaire domicilié à Toulouse.

Un engagement fouriériste discret

En août 1836, Bernard Griffoul-Dorval écrit à Victor Considerant, car il veut s’abonner à La Phalange, dont le premier numéro est paru le 10 juillet.

Faisant partie du petit nombre d’hommes qui connaissent assez la théorie sociétaire de Fourier pour y adérer [sic] entièrement ; mais ne pouvant, par moi-même, rien pour sa propagation, j’y aiderai du moins en faisant lire votre journal ainsi que toutes les publications de l’école sociétaire que je possède [1].

Griffoul-Dorval commande les Trois discours prononcés à l’Hôtel de Ville par MM. Dain, Considerant et d’Izalguier. Assurant Victor Considerant de sa « haute estime », il dit le considérer « comme l’un des plus dignes interprètes du sublime génie de Charles Fourier ». Dans la même lettre, il déclare être l’ami du peintre toulousain Constantin Prévost, disciple de Fourier, mais très critique envers Victor Considerant et l’École sociétaire dont il s’éloigne à partir de 1837 [2].

Griffoul-Dorval suit son ami et figure en 1840 sur une liste des « correspondants membres de l’Union harmonienne », un groupe fondé par Prévost en marge du Centre parisien. Il reste cependant abonné à La Phalange [3]. Mais on ne le voit plus au-delà de 1840 dans la correspondance fouriériste, ni sur les listes de souscription des entreprises phalanstériennes.

Sculpteur et professeur

Griffoul-Dorval est l’auteur de nombreuses œuvres. Mais il ne participe à aucun Salon organisé à Paris ; aussi sa notoriété reste-t-elle limitée à la région toulousaine où sont situées la plupart de ses sculptures : un bas-relief à la cathédrale d’Auch (1818), les bas-reliefs de la colonne Dupuy réalisée entre 1829 et 1832 à Toulouse, la statue de Pierre-Paul Riquet érigée en 1853 également à Toulouse, la statue en marbre du général Compans élevée à Salies-du-Salat (Haute-Garonne) ainsi que des bustes de personnalités toulousaines, certains pour la salle des Illustres au Capitole, et des statues de la Vierge.

Mais plus que ses œuvres, c’est son enseignement qui marque ses contemporains ; les innovations pédagogiques qu’il introduit avec quelques collègues dans l’enseignement artistique dès les années 1830 et les résultats qu’il obtient – plusieurs de ses élèves obtiennent le grand prix de Rome – font de l’École de Toulouse un centre réputé.

Le grand mérite de M. Griffou-Dorval, c’est d’avoir été un excellent professeur, laborieux, soigneux, savant, dévoué, et d’avoir créé une École de sculpture qui a de l’avenir. Ses plus belles œuvres – il ne nous contredirait pas – ce sont ses élèves [4].

Griffoul-Dorval a rédigé plusieurs rapports, sur les antiquités découvertes à Martres, sur les peintures entreprises à l’église Notre-Dame du Taur. Il est aussi l’auteur pour le ministère de l’Intérieur d’un mémoire sur les carrières de marbre des Pyrénées et sur l’exploitation qui pourrait en être faite. Après avoir obtenu plusieurs médailles et prix lors des expositions organisées à Toulouse, il reçoit la Légion d’honneur en 1855.