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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Godin, Jean Adrien
Article mis en ligne le 23 novembre 2014
dernière modification le 14 décembre 2017

par Desmars, Bernard

Né le 15 mars 1794, à Champagnole (Jura). Notaire, puis juge de paix. Disciple de Fourier dès les années 1820.

Jean Adrien Godin est le fils d’un marchand. Après son baccalauréat en droit (un diplôme obtenu après deux années d’études universitaires en faculté de droit), il s’installe en 1820 à Lons-le-Saulnier (Jura) où il est notaire jusqu’en 1826. Il se marie et a plusieurs enfants.

Il fait partie de la première génération de fouriéristes ; en 1825, écrit Charles Pellarin dans sa biographie de Charles Fourier, « la connaissance de la Théorie d’Association était à peine sortie d’un petit cercle de personnes dont M. Just Muiron était le centre » ; outre Clarisse Vigoureux et Victor Considerant, « nous devons encore citer M. Gabet (de Dijon), M. Godin […] qui avaient aussi dès lors témoigné de leur adhésion aux vues de la théorie sociétaire » [1].

Godin, se présentant comme un « dévoué serviteur » de Fourier lui envoie en 1826 « quelques vers inspirés par la lecture [du] Traité d’association domestique agricole », afin de rendre hommage aux « laborieuses recherches et […] savantes méditations ». L’un des poèmes est publié dans La Phalange en 1845. [2]

Il cesse son activité notariale en 1826 ; trois années plus tard, il devient juge de paix à Champagnole, sa commune natale. Dans les années 1830, il maintient son engagement au service de la cause phalanstérienne et s’efforce, sans beaucoup de réussite, de convaincre les personnes de son entourage de rejoindre l’Ecole sociétaire. En août 1836, alors que viennent de paraître les premiers numéros de La Phalange, il adresse à Victor Considerant (appelé « Monsieur et très cher frère ») un mandat de 136 francs (100 francs pour contribuer au cautionnement du périodique fouriériste, 36 francs pour l’abonnement) et une longue lettre dans laquelle il présente quelques réflexions sur la propagande

Je regrette de n’avoir d’autres abonnements à vous payer que le mien : mes efforts jusqu’ici ont été à peu près infructueux, cependant je ne me décourage pas et je vous invite à me faire parvenir pendant quelques mois encore un ou deux exemplaires de chaque numéro, outre celui qui m’est dû comme abonné.

Les doctrines phalanstériennes sont non seulement peu connues dans cette localité, mais ceux qui croient les connaître ne les comprennent pas, et j’approuve fort le dessein que vous manifestez dans le n° du 1er août de faire une exposition élémentaire des principes et des procédés d’organisation sociale découverts par Fourier. Je suis fâché par cette raison même de voir que votre distribution gratuite va s’arrêter où elle me semble le plus nécessaire. Je pense donc qu’elle doit se continuer au moins jusqu’à ce que cet exposé soit complet, dussiez-vous employer toutes les pages des deux numéros.

Dans la même lettre, Godin fait quelques observations sur La Phalange, dont le contenu lui paraît trop abondant :

Les questions traitées dans La Phalange n’ont pas la futilité des journaux quotidiens ; la variété et le bon ton y règnent sans doute, mais pour arriver à rendre les hommes tels qu’ils doivent être un jour, il est nécessaire de les prendre où ils sont et tels qu’ils sont aujourd’hui. Or il résulte des habitudes futiles de la presse française que les lecteurs se sont habitués eux-mêmes à lire très superficiellement et très rapidement tous les journaux. Il faut se prêter à cette faiblesse, non pas, Dieu m’en garde, en traitant les choses de la même manière, mais en ne distribuant à ces esprits français que la lecture qu’ils peuvent supporter, comme le médecin ne permet à son malade que la quantité d’aliments que l’estomac débitera pour digérer. Ainsi, j’aimerais que le Journal fût réduit à la dimension d’une feuille, au moins pour la première année, et qu’en compensation, cette feuille parût au moins quatre fois par semaine. Il en résulterait ce me semble que vos correspondants auraient plus de facilité pour multiplier le nombre des lecteurs non abonnés, en faisant plus promptement circuler les exemplaires qui leur sont adressés. Il m’arrive (par exemple) à moi de n’avoir pu faire rentrer les deux exemplaires du 1er numéro que j’ai mis en circulation : ils sont encore en ce moment aux mains des deux premières personnes que j’avais invitées à les lire. Ces personnes que j’ai pourtant quelqu’espoir de convertir à la Doctrine m’ont répondu qu’elles n’avaient pas eu le temps de finir, que cela était un peu long […]

D’autres ont trouvé le prix de l’abonnement trop élevé et m’ont parlé de la presse à 40 f. qui va, je le crois, si elle peut se soutenir, faire fureur ici où les fortunes sont très médiocres. Plus que personne, je sens, je comprends tous les besoins de notre début dans le monde, mais il est essentiel de faire savoir à tous que notre œuvre n’est point mercantile. Or, les phalanstériens seuls comprendront que le prix du journal n’est pas destiné à faire vivre ses rédacteurs. N’ai-je pas eu la douleur d’entendre avant-hier encore une personne qui occupe un rang dans cette société que l’on appelle Civilisée me dire à moi que les rédacteurs de La Phalange étaient ainsi que tous les autres journalistes des hommes spéculateurs sur une idée qui commence à prendre faveur et qui va faire de l’argent !

Encore une observation : il importe aussi que l’on sache que l’œuvre marche avec et sous l’œil de Fourier : c’est dans ce sens que j’ai écrit récemment à Just [Muiron à Besançon à l’occasion de son prospectus d’association. Quelqu’un arrivant de Paris a dit dans ce pays que déjà il y avait scission entre le Maître et les disciples ; que des vains efforts de ces derniers, Fourrier [sic] riait sous cape [3].

En décembre 1839, l’imprimeur Javel lance à Arbois (Jura) L’Écho du Jura. Journal littéraire, anecdotique, industriel et agricole. Ce journal, indique l’organe fouriériste Le Nouveau Monde (11 avril 1840), paraît

sous les auspices de nos frères et amis Reverchon, Derriey, Cretin, Javel, Godin et Gagneur. Les rédacteurs ont franchement arboré leur drapeau. Leur guide, c’est Fourier ; leur but, c’est la fondation du phalanstère.

L’Écho du Jura, dont le tirage se situe entre 150 et 200 exemplaires, emprunte des articles à La Phalange et à L’Impartial de Besançon, le journal de Just Muiron ; cependant son zèle fouriériste décline assez rapidement [4].
Godin quitte Champagnole en mars-avril 1849, peut-être « sous l’impression des menaces de quelques fauteurs de troubles en février 1848 dans les moments pénibles où ce magistrat faisait tous ses efforts pour maintenir l’ordre troublé dans la ville de Champagnole » [5]. Il est nommé juge de paix du canton de Pierrefontaine (Doubs). Mais son état de santé se dégrade, en raison, d’après plusieurs certificats médicaux, de la rigueur du climat et des déplacements qu’imposent ses fonctions. Il souffre également de troubles mentaux (« souvent aussi, son esprit ne se trouve pas en rapport avec l’objet qui le préoccupe », écrit un médecin) ; il doit quitter ses fonctions judiciaires au printemps 1850 et il est officiellement mis à la retraite par un décret du 29 juin 1850. Alors qu’il bénéficiait d’une « notable aisance » lors de la cessation de son activité notariale, il connaît à la fin de sa carrière d’importantes difficultés financières, à cause, déclare le procureur de la République, de mauvais placements, de la longue maladie de sa femme et des dépenses liées à l’éducation de ses enfants, dont deux font l’Ecole de Saint-Cyr, tandis que le troisième est percepteur. Le ministère de la Justice, considérant que ses problèmes de santé sont liés à l’exercice de ses fonctions judiciaires, lui accorde une pension de retraite, bien qu’il ne soit juge de paix que depuis une vingtaine d’années, soit une durée ne lui ouvrant a priori aucun droit à une allocation.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
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