Né en début d’année 1797. Décédé le 5 juillet 1850 à Paris (Seine). Ébéniste, fabricant de meubles à Paris. Colon de Condé-sur-Vesgre (Seine-et-Oise, auj. Yvelines) en 1833 puis de Cîteaux (Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, Côte-d’Or) de 1841 à 1846.
François Minsinger est un des « travailleurs appartenant à l’École sociétaire » [1] ; Il fabrique « des écrans, des jardinières, des bureaux de dames faits si coquettement, avec un tel goût et une telle légèreté, que […] dans les premier salons, on ne trouverait rien de plus élégant et de plus distingué » [2]. Il est un « artisan habile [qui] excelle au plus haut degré dans la confection de meubles de fantaisie » ; ses produits « sont recherchés jusqu’en Amérique » [3].
Son engagement phalanstérien est ancien. Il est un des premiers membres de l’École sociétaire à se rendre à Condé-sur-Vesgre en 1833. Cet engagement ne nuit pas à ses affaires ; cette même année 1833, en septembre, il s’associe à Jacques-Antoine Cherreau, tourneur en bois au sein d’une société formée en nom collectif pour six ou neuf ans et dont « le but est la confection et la vente de tous les objets d’ébénisterie et de tourneur » [4]. Le capital de la société se divise de la manière suivante : Cherreau établi 195 rue Saint-Antoine contribue pour « 3500 fr […] en outils, ustensiles et marchandises ». Minsinger qui réside à cette époque 6 rue Jarente à Paris apporte « 2200 fr. […], 1000 fr. en outils, ustensiles et marchandises, et 1200 fr, en espèces ». Il s’installe à l’adresse de son associé, 195 rue Saint-Antoine, 3 impasse Guéménée [5]. Minsinger contribue également « pour beaucoup à la fondation de la première boulangerie véridique » [6], probablement celle d’Andron en 1838. Il soutient la propagande populaire et l’organisation des « réunions à Belleville » [7] du graveur Fugère. Dès 1840, il est membre du Comité de la Souscription phalanstérienne pour la fondation du premier phalanstère, projet initié dans la mouvance du journal Le Nouveau Monde de Czynski [8]. Il participe pour cinq francs à « la mise au jour » [9] du Plan pour l’établissement comme germe d’harmonie sociétaire d’une maison rurale industrielle d’apprentissage pour 200 élèves de toutes classes, garçons et filles, de 5 à 13 ans..., projet de Guilbaud. En 1841, Le Premier Phalanstère, journal publié spécialement pour la fondation d’un phalanstère d’enfants selon les derniers vœux de Fourier [10], projet concurrent [11] de celui du centre parisien de l’École sociétaire dirigé par Victor Considerant, relève son nom parmi les premiers souscripteurs [12]. Sa contribution est cependant très modeste au regard d’autres contributeurs ; il verse 1 franc. Cette même année, il quitte Paris pour participer à l’expérience de Cîteaux où il travaille « aux machines » [13]. Il y est recensé dès le 1er janvier 1842 [14]. Il est alors âgé de 45 ans. L’ont accompagné dans cette aventure, sa femme Madeleine, âgée de 51 ans et son fils de 17 ans, Guillaume. Cantagrel indique qu’en novembre 1844, il est « le seul phalanstérien qui reste là [et qu’il] se rappelle au souvenir de Considerant » [15]. Il est encore à Cîteaux début 1846 ; George Young signale qu’il lui a fait souscrire un abonnement à La Phalange [16]. D’après les mouvements de son compte ouvert à la Caisse d’épargne de Dijon le 23 juin 1844, il quitte Cîteaux le 15 juin 1846 en obtenant un remboursement de 25,35 francs [17]. La colonie est alors vendue. Il retourne probablement à Paris où il décède au 42 (ou 52), rue Fontaine-du-Roi en 1850 à l’âge de 53 ans et 6 mois. Selon l’almanach « Didot-Bottin », de 1853 à 1862, un ébéniste du nom de Minsinger, fort probablement son fils Guillaume, est installé au 42 de cette rue. C’est l’adresse donnée lors du mariage de ce dernier avec Hélène-Delphine Welchman le 28 septembre 1850, quelques semaines après le décès de François Minsinger.
[1] « Nom des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire », Almanach social pour l’année 1840, Paris, Librairie sociale (1839), p. 186.
[2] « Faits divers », Le Nouveau Monde, 1er août 1839, p. 4.
[3] « Travailleurs de l’École phalanstérienne », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [4].
[4] Journal des débats politiques et littéraires, 11 septembre 1833, p. 4.
[5] « Nom des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire », Almanach social pour l’année 1840, Paris, Librairie sociale (1839), p. 186.
[6] « Travailleurs de l’École phalanstérienne », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [4].
[7] « État actuel de l’École sociétaire », Almanach social pour l’année 1840, Paris, Librairie sociale (1839), p. 176.
[8] « Règlement du comité de la souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère », Le Nouveau Monde, 21 janvier 1840, p. 3 (sous le nom de Mensinger) ; « Souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère », Almanach social pour l’année 1841, Paris, Librairie sociale (1840), p. 168 (sous le nom de Messinger).
[9] P. A. Guilbaud, Plan pour l’établissement comme germe d’harmonie sociétaire d’une maison rurale industrielle d’apprentissage pour 200 élèves de toutes classes, garçons et filles, de 5 à 13 ans..., Paris, Lacour, 1840, [p. 27].
[10] « Membres du comité de la souscription phalanstérienne », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [2].
[11] Jean-Claude Sosnowski, « Liste de souscripteurs au « Crédit de dix mille francs » demandé pour les Études d’un phalanstère d’enfants, 27 juillet 1838 », charlesfourier.fr, rubrique « Réalisations et propagation », mars 2014, en ligne : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1301.
[12] « Première liste de la souscription pour la fondation du phalanstère d’enfants », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [4].
[13] Thomas Voet, La Colonie phalanstérienne de Cîteaux, 1841-1846, les fouriéristes aux champs, Dijon, Éditions de l’Université de Dijon, 2001, « Annexe 10. Les phalanstériens de Cîteaux ».
[14] Archives départementales de la Côte-d’Or 20M18, Phalanstère de Cîteaux, « Contrôle nominatif des personnes des deux sexes qui composent l’Association fondée au château de Cîteaux et dont M. Young est le fondateur à l’époque du 1er janvier 1842 ».
[15] Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10 AS 37 (681 Mi 59, vue 210), lettre de Cantagrel à Allyre Bureau, Dijon, 5 novembre 1844.
[16] Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS42 (13) (681Mi75, vues 256-257), lettre de George Young 6 janvier 1846.
[17] « Ministère de l’agriculture et du commerce. Caisse d’épargne. Comptes abandonnés depuis l’année 1846 », Journal officiel de la République française, 30 juin 1876, n° 178, p. 4692.
Sources
Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10 AS 37 (681 Mi 59, vue 210), lettre de Cantagrel à Allyre Bureau, Dijon, 5 novembre 1844 ; 10AS42 (13) (681Mi75, vues 256-257), lettre de George Young 6 janvier 1846.
Archives de Paris, Fichiers alphabétiques de l’état civil reconstitué (XVIe siècle-1859) V3E/D 1068, décès de François Minsinger, 5 juillet 1850 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 33).
Archives de Paris, Fichiers alphabétiques de l’état civil reconstitué (XVIe siècle-1859), V3E/M 728, acte de mariage de Guillaume-François Minsinger et Hélène-Delphine Welchman, 28 septembre 1850 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 51).
Archives départementales de la Côte-d’Or 20M18, Phalanstère de Cîteaux, « Contrôle nominatif des personnes des deux sexes qui composent l’Association fondée au château de Cîteaux et dont M. Young est le fondateur à l’époque du 1er janvier 1842 ».
Journal des débats politiques et littéraires, 11 septembre 1833, p. 4 (en ligne sur Gallica).
« Faits divers », Le Nouveau Monde, 1er août 1839, p. 4.
« Règlement du comité de la souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère », Le Nouveau Monde, 21 janvier 1840, p. 3
P. A. Guilbaud, Plan pour l’établissement comme germe d’harmonie sociétaire d’une maison rurale industrielle d’apprentissage pour 200 élèves de toutes classes, garçons et filles, de 5 à 13 ans..., Paris, Lacour, 1840, [p. 27] (en ligne sur le site de la Bibliothèque virtuelle, Les Premiers socialismes, Université de Poitiers).
« Nom des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire », Almanach social pour l’année 1840, Paris, Librairie sociale (1839), p. 186 (en ligne sur le site de la bibliothèque virtuelle, Les Premiers socialismes, Université de Poitiers).
« État actuel de l’École sociétaire », Almanach social pour l’année 1840, Paris, Librairie sociale (1839), p. 176 (en ligne sur le site de la bibliothèque virtuelle, Les Premiers socialismes, Université de Poitiers).
« Liste des principaux artistes et travailleurs appartenant à l’École sociétaire résidan[t]s à Paris », Almanach social pour l’année 1841, Paris, Librairie sociale (1840), p. 170 (en ligne sur le site de la bibliothèque virtuelle, Les Premiers socialismes, Université de Poitiers).
« Souscription universelle pour la fondation du premier phalanstère », Almanach social pour l’année 1841, Paris, Librairie sociale (1840), p. 168 (en ligne sur le site de la bibliothèque virtuelle, Les Premiers socialismes, Université de Poitiers).
« Membres du comité de la souscription phalanstérienne », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [2].
« Première liste de la souscription pour la fondation du phalanstère d’enfants », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [4].
« Travailleurs de l’École phalanstérienne », Le Premier Phalanstère, 15 janvier 1841, p. [4].
Annuaire-Almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration ou Almanach des 500 000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers (Didot-Bottin), Paris, Firmin Didot, 1853, p. 646 et p. 1077 (en ligne sur Gallica) ; Paris, Firmin Didot, 1862, p. 417 et p. 781 (en ligne sur Gallica.
« Ministère de l’agriculture et du commerce. Caisse d’épargne. Comptes abandonnés depuis l’année 1846 », Journal officiel de la République française, 30 juin 1876, n° 178, p. 4692 (en ligne sur Gallica).
Bibliographie
Jean Gaumont, « Les fouriéristes et le mouvement précoopératif : les associations pour la vie à bon marché », Revue d’économie politique, vol. 40, Paris, Sirey, 1926, p. 1018. (en ligne sur Gallica).
Sitographie
Georges Claude Lebrun, Généalogie, dictionnaire des fournisseurs, artisans et commerçants de l’ameublement et de la menuiserie d’intérieur, concernant plus de cent professions d’apprêteur de peaux pour sièges à vernisseur, XVIIe - XVIIIe et XIXe siècle jusqu’en 1859, 2008, base de donnée en ligne sur Eclatdebois.org (fiche établie d’après Archives de Paris DQ8/710, fichier 1U, registre de l’enregistrement, fichier des tables des décès, absences et successions, 1791-1792 à 1859. La seconde fiche au nom de Minsinger, N., après recoupement avec l’état-civil de la ville de Paris, est celle de son fils Guillaume).
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