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Jean-Claude Sosnowski  |  mise en ligne : novembre 2014

Camus-Mutel, François


Né à Metz. Ouvrier, mécanicien, ingénieur métallurgiste. Contribue en 1841 à la souscription du groupe parisien du Nouveau Monde pour un projet de phalanstère d’enfants. Auteur d’un ouvrage sur l’organisation du travail. Membre de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale.


Ex-ouvrier, - il commence à travailler en 1812 -, il est présenté à partir de 1839 comme contremaître dans l’usine du marquis de Clugny à Liancourt (Oise) et enfin directeur fondateur de plusieurs usines et manufactures métallurgiques dont celle de La Neuville-aux-Joutes (Ardennes) en 1845. Il réside en 1846 à Auvillers-les-Forges (Ardennes).

Habitant alors à Liancourt, il verse par deux fois 10 francs pour la fondation d’un phalanstère d’enfants [1], souscription initiée en janvier 1840 au sein du groupe du Nouveau Monde de Czynski et dont Le Premier Phalanstère est le relais en 1841. Cette même année, il publie une brochure, Organisation générale ou véritable condition d’avenir et de bonheur de tous les hommes de travail. Il propose « d’organiser, par une association légale, les travailleurs et tout membre de la société en général ; […] de régulariser, pour chaque membre de la société, des moyens de secours, de travail continuel et de discipline pour offrir à l’ensemble social des gages de moralité, d’aisance, d’un travail meilleur et mieux exécuté ; [… l’association] aura également pour but d’éteindre le paupérisme, la mendicité, ainsi que d’offrir des gages de calme et de sécurité publics » [2]. Il imagine établir une hiérarchie de neuf catégories de contributeurs et contributeurs bénéficiaires dont les orphelins, tous placés sous la protection des autorités politiques et administratives selon les échelons (au nombre de 13), le Roi étant le « Grand protecteur ». Un système électoral est envisagé pour les premiers échelons « frères puînés », « frères aînés », « tuteurs qui doivent être élus » [3]. La finalité de l’association se résume à un bureau de placement des ouvriers auprès des entrepreneurs, complété par un système de secours et soins pour les malades et les vieux. L’ouvrier est muni d’un « livret social », outil de contrôle. La « Société des invalides industriels » [4] doit en fait réglementer les relations entre salariés et employeurs. Une critique peu favorable est donnée de ce projet dans Le Premier Phalanstère : « cette brochure est faite par un homme qui n’a d’autre science d’organisation industrielle, que celle qu’une longue pratique lui a révélée […]. Il propose une série de garanties, dont quelques-unes sont assez ingénieuses, pour amortir l’ardeur de la lutte et rendre le cours des choses plus calme, plus juste et plus régulier. Mais, quand il arrive à formuler son règlement général de la société, l’auteur ne semble pas s’apercevoir qu’il incline très ostensiblement vers une sorte de féodalité industrielle » [5].

En 1848, il réside à Paris, 86 rue du Cherche-Midi où l’on peut se procurer un extrait de son ouvrage sur l’organisation sociale qu’il adresse à l’Assemblée nationale. Il propose la fondation d’une « société nationale fraternelle » dépassant les antagonismes sociaux. En 1849, conjointement avec Henri Place, cette société doit établir une Caisse générale de secours mutuel. Il est encore actif en 1862.


Jean-Claude Sosnowski

Dernière mise à jour de cette fiche : mars 2015

Notes

[1« Faits divers », Le Premier Phalanstère, lundi 15 février 1841, p. 4. « Cinquième liste de souscription pour la fondation du phalanstère d’enfants », Le Premier Phalanstère, mardi 15 juin 1841, p. 4.

[2Organisation générale ou Véritables conditions d’avenir et de bonheur de tous les hommes de travail, Paris, Bouchard-Huzard, 1841, p. 20.

[3Ibidem, pp. 26-27.

[4Ibidem, p. 51.

[5« Organisation générale ou véritable condition d’avenir et de bonheur de tous les hommes de travail. Par M. Camus M. », Le Premier Phalanstère, 15 novembre 1841, pp. 2-3.


Ressources

Œuvres

Organisation générale ou Véritables conditions d’avenir et de bonheur de tous les hommes de travail, Paris, Bouchard-Huzard, 1841 (en ligne sur Google livres).
L’Art de tremper les fers et les aciers... Théorie-pratique…, Mon-Idée (Auvillers-les-Forges), l’auteur, 1846.
Organisation sociale de tous les travailleurs de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, des arts et des sciences, adressée à l’Assemblée nationale (extrait de son ouvrage), adressé à l’assemblée nationale, Paris, l’auteur, 1848 (en ligne sur Gallica).
Société nationale fraternelle. Caisse générale de secours mutuels. Pétition présentée à l’Assemblée nationale par MM. Camus Mutel et Henri Place, précédée d’une lettre du général E. Cavaignac, Paris, Gide et Baudry, 1849 (en ligne sur Gallica).
Extrait de l’instruction générale de l’art de la classification et de la comptabilité unitaire, pratique, élémentaire, à l’usage spécial du classificateur, (avec L. Bernard), Paris : M. Bernard, 1862 (en ligne sur Google livres).

Sources

« Chronique générale », Le Premier Phalanstère, 15 octobre 1841, p. 4.
« Faits divers », Le Premier Phalanstère, lundi 15 février 1841, p. 4.
« Cinquième liste de souscription pour la fondation du phalanstère d’enfants », Le Premier Phalanstère, mardi 15 juin 1841, p. 4.
« Organisation générale ou véritable condition d’avenir et de bonheur de tous les hommes de travail. Par M. Camus M. », Le Premier Phalanstère, 15 novembre 1841, pp. 2-3.

Bibliographie

Michel Cordillot, « Camus-Mutel François », Le Maitron, Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social (en ligne sur Le Maitron).


Index

Lieux : Liancourt, Oise - Paris, Seine

Notions : Enfance - Mutualisme - Organisation du travail - Phalanstère

Pour citer cette notice

SOSNOWSKI Jean-Claude, « Camus-Mutel, François », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en novembre 2014 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1491 (consultée le 29 mai 2023).

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