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Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

Ballard, Claude
Article mis en ligne le 6 mai 2014

par Desmars, Bernard

Né le 17 février 1807 à Autun (Saône-et-Loire), décédé le 26 juillet 1892 à Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire). Officier du génie. Frère de Jacques-Guillaume Ballard. Actionnaire et administrateur de l’Union du Sig.

Claude Ballard est le fils d’un docteur en médecine, qui sert dans les armées napoléoniennes [1], puis qui est nommé médecin en chef de l’hôpital de Bourbonne-les-Bains ; il est aussi le frère cadet de Jacques-Guillaume Ballard, médecin, fouriériste et maire de Charnay-lès-Mâcon sous la IIIe République (Saône-et-Loire).

Après ses études secondaires, qu’il termine à Dijon, Claude Ballard entre à l’Ecole polytechnique en 1825. A sa sortie, en 1827, il rejoint l’Ecole du génie à Metz. Il est ensuite envoyé à Montpellier, où il devient lieutenant en 1830. Il change fréquemment d’affectation : l’Algérie de novembre 1831 à février 1833 ; Strasbourg où il est promu capitaine en octobre 1833 ; Saint-Venant (Pas-de-Calais) ; à nouveau l’Algérie de 1839 à 1841, où il obtient la Légion d’honneur ; Sélestat, Besançon, Le Conquet, à nouveau Besançon…

L’Union agricole d’Afrique

En 1845-1846, des fouriéristes lyonnais (Aimée Beuque, François Barrier entre autres) créent avec le capitaine d’artillerie Henri Gautier l’Union agricole d’Afrique, qui établit en 1846-1847 une exploitation agricole à Saint-Denis-du-Sig, en Algérie. Claude Ballard fait partie, ainsi que son frère Jacques-Guillaume, des fondateurs de la société [2]. Il est même l’un des plus forts souscripteurs : il s’engage pour 21 000 francs, mais, en 1852, il n’a versé que 8 100 francs [3]. Dans l’été 1847, la gestion de la société par les administrateurs lyonnais est vivement contestée et le siège de l’Union est transféré de Lyon à Besançon ; Claude Ballard, qui est alors en garnison dans cette ville, appartient au nouveau conseil d’administration [4] ; sa nomination comme directeur de l’Union, à Saint-Denis-du-Sig est envisagée ; mais l’armée refuse son détachement [5]. En 1849, une nouvelle affectation, à Mont-Dauphin (Hautes-Alpes), l’oblige à démissionner du conseil d’administration.

Il se marie en juillet 1852 avec Elisabeth Berre ; l’épouse, âgée de 29 ans et fille d’un cocher de Besançon, ne réunit pas les « conditions de fortune » normalement exigées pour le mariage d’un officier, remarquent les supérieurs de Ballard ; mais, ajoutent-ils :

Il résulte des renseignements fournis à l’appui de la demande dont il s’agit que cette demoiselle vit maritalement avec M. Ballard depuis plusieurs années et que c’est dans le but de légitimer ces relations que cet officier supérieur sollicite la permission de se marier. […]

Malgré la position équivoque de Mlle Berre, elle paraît jouir d’une bonne réputation et avoir une instruction et une tenue très convenable.

Aussi, « dans l’intérêt de la religion et de la morale publique », le mariage est autorisé [6].

Nommé peu après à Belle-Isle en Mer, Claude Ballard participe en 1855 à la guerre de Crimée ; son comportement lui vaut d’être promu officier de la Légion d’honneur et de recevoir la médaille de Crimée et une décoration du royaume de Sardaigne. A son retour, il rejoint Neuf-Brisach (Haut-Rhin) ; une fiche individuelle remplie en 1861 signale qu’il parle l’allemand et un peu l’anglais et que sa moralité et sa conduite sont « bonnes ». De façon générale,

le commandant Ballard se recommande par son zèle, par son activité et par la connaissance qu’il a de tous les détails de ses fonctions. Il se recommande aussi par le nombre et la variété de se ses services, tant de guerre que de paix, et par une blessure reçue en Algérie en 1840. C’est un homme d’action et un solide officier de guerre.

Un officier en retraite

Ballard prend sa retraite en 1863 avec le grade de commandant. Il rejoint ensuite son département natal ; lors du recensement de 1866, il est établi avec son épouse et sa belle-sœur au lieu-dit la Chaume, dans la commune d’Etang-sur-Arroux. Il adhère à la Société de protection de l’enfance, fondée à Paris par des fouriéristes, le Dr Barrier et le Dr Mayer, et qui siège d’abord à la Librairie des sciences sociales [7]. Il continue à s’intéresser à l’Union du Sig, dont il reste actionnaire ; cependant, lors de l’assemblée générale du printemps 1870, alors qu’une partie des administrateurs, en particulier Henri Gautier, souhaitent replacer la société dans l’orientation fouriériste des origines, il demande au contraire la location de l’ensemble des terres à des fermiers, dans le but d’améliorer les revenus de la société et d’augmenter les dividendes [8]. Pendant la guerre de 1870-1871, il reprend du service ; il est nommé commandant du génie à Grenoble. A la fin du conflit, il est lieutenant-colonel. Il retourne ensuite à Etang-sur-Arroux [9].

En 1877, il est élu au conseil général de Saône-et-Loire pour le canton de Saint-Léger-sous-Beuvray ; mais l’élection ayant été annulée par le conseil d’Etat en raison d’un mauvais décompte des bulletins, un nouveau scrutin a lieu en avril 1878 ; Ballard s’y représente « en sa qualité de républicain, fidèle en cela aux convictions de toute [sa] vie » ; il insiste dans sa profession de foi sur « l’achèvement des voies de communication » et sur le « développement de l’instruction » [10]. Sorti vainqueur, il siège à l’assemblée départementale parmi les républicains ; à la fin de son mandat, en 1883, il ne se représente pas ; selon le préfet, c’est un républicain de tendance « gauche républicaine » (c’est-à-dire républicain modéré ou « opportuniste ») « excellent homme, très aimé et très dévoué ; d’un caractère faible et sans aucune autorité ; pas d’influence » [11]. Entre 1878 et 1881, Claude Ballard est également maire d’Etang-sur-Arroux.

Il assiste à l’assemblée générale de l’Union agricole du Sig, à Paris en 1880. En 1881-1882, cette société qui connaît de graves difficultés financières cède en location ses bâtiments et une partie de ses terres de Saint-Denis aux Orphelinats agricoles d’Algérie, une œuvre philanthropique dirigée par des fouriéristes (Henri Couturier, principalement) dont Ballard est également membre [12]. En 1885, il est encore présent à l’assemblée générale de l’Union du Sig, sans que l’on sache s’il s’agit pour lui de veiller à ses intérêts financiers – étant donné l’ampleur de son investissement – ou s’il manifeste ainsi son attachement à l’entreprise sociétaire.