Bernard Desmars |
Une statue pour Fourier (4 juin 1899) Au crépuscule du militantisme phalanstérien Cahiers - 2000 / n° 11 - décembre 2000 article en texte intégral |
Née le 1er octobre 1821 à Paris (Seine). Décédée le 19 janvier 1910 à Paris (XVIIe arrondissement). Sœur de Maria Deraismes. Militante féministe. Participe à plusieurs manifestations fouriéristes vers 1900.
Fille d’un commissionnaire en marchandise manifestant des opinions libérales et républicaines, Anna Deraismes reçoit, comme sa sœur Maria, une éducation très poussée et peu répandue pour les filles de son époque. En 1846, elle se marie avec Michel Féresse ; mais un peu plus de deux mois après la cérémonie, son mari décède. Elle vit désormais avec sa sœur, à Paris, dans leur appartement de la rue Cardinet, et à Pontoise (alors en Seine-et-Oise, aujourd’hui dans le Val-d’Oise) où elles possèdent une maison.
Dès les années 1860, Maria Deraismes obtient un grand succès dans la presse et lors de ses conférences, puis bénéficie d’une notoriété importante liée à ses engagements dans différentes causes (le féminisme, la république, la franc maçonnerie, la libre pensée, etc.) ; Anna Féresse-Deraismes accompagne sa sœur cadette dans ces différents combats, même si elle occupe une place en retrait.
Après la mort de Maria, en 1894, elle s’efforce d’en prolonger la mémoire, en organisant des manifestations autour de sa statue et en rassemblant ses textes ou au moins une partie d’entre eux dans des Œuvres complètes publiées en 1895 et 1896 ; elle poursuit aussi les activités maçonniques de Maria Deraismes au Droit humain, sa lutte en faveur de la Libre pensée (en 1904, elle fait partie des 130 membres de la commission exécutive de l’Association nationale des libres penseurs [1]) ainsi que son combat féministe, dans le cadre de la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits ; elle est présidente d’honneur du Congrès international des femmes qui se réunit en 1900.
Proche, comme sa sœur, de Virginie Griess-Traut, elle prononce un discours lors de l’inhumation de la militante fouriériste en décembre 1898 [2]. Vers cette époque, elle s’abonne à La Rénovation, l’organe de l’École sociétaire [3]. En juin 1899, elle participe à l’inauguration de la statue de Fourier, boulevard de Clichy. Placée à la table d’honneur lors du banquet qui suit, elle prononce un bref discours, résumé de la façon suivante par La Rénovation : « Mme Féresse-Deraisme [sic] rappelle le souvenir de sa sœur, l’éminente Maria Deraisme [sic], puis en peu de mots également, sait faire avec tact et mesure un juste rapprochement des revendications légitimes de son sexe » [4]. En 1901, elle est présente lors du banquet organisé par des fouriéristes pour célébrer la parution du roman de Zola, Travail, en partie inspiré du modèle phalanstérien ; elle prend alors la parole et salue en Zola « le défenseur de l’opprimé, du prolétaire exploité et le libre penseur généreux » [5]. Elle n’est pas mentionnée parmi les participants aux manifestations fouriéristes dans les années suivantes.
Elle décède à son domicile de la rue Cardinet, en janvier 1910. Elle est enterrée civilement.
[1] Jacquelinie Lalouette, La Libre pensée en France. 1848-1940, Paris, Albin Michel, 1997, p. 94.
[2] L’Humanité intégrale, 1899, n°1, « Notations », p. 22. Et La Rénovation, n°106, 31 décembre 1898, et n°108, 28 février 1899.
[3] La Rénovation, n°107, 31 janvier 1899.
[4] La Rénovation, n°112, 30 juin 1899.
[5] L’Association ouvrière, n°105, 15 juin 1901.
Œuvres :
Allocution de Mme Féresse-Deraismes. Congrès international des Œuvres des Droits des Femmes, Paris, Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits, 1900, 14 p.
Sources :
Archives de Paris, fichiers alphabétiques de l’état civil reconstitué, naissance de Deraismes, Antoinette Marie Anne, 1er octobre 1821 (en ligne sur le site des Archives de Paris, fiche 8/101).
Archives de Paris, fichiers alphabétiques de l’état civil reconstitué, mariage de Antoinette Marie Anne Deraismes et Michel Henri Edouard Féresse, le 21 mars 1846 (en ligne sur le site des Archives de Paris, vue 14/51).
Archives de Paris, fichiers alphabétiques de l’état civil reconstitué, décès de Michel Henri Edouard Féresse, le 31 mai 1846 (en ligne sur le site des Archives de Paris).
Jean Bernard, « Maria Deraismes », dans Œuvres complètes. France et progrès. Conférence sur la noblesse, Paris, Félix Alcan, 1895, p. V-LV.
L’Humanité intégrale, 1899, n°1, p. 22.
La Rénovation, n°106, 31 décembre 1898 ; n°107, 31 janvier 1899 ; n°108, 28 février 1899 ; n°112, 30 juin 1899.
L’Association ouvrière, n°105, 15 juin 1901.
Le Rappel, 22 janvier 1910 (en ligne sur Gallica).
Le Journal des débats, 20 janvier 1910 (en ligne sur Gallica).
Bibliographie :
Patrick Kay Bidelman, Pariahs Stand up ! The Founding of the Liberal Feminist Movement in France, 1858-1889, Wesport (Connecticut), Greenwood Press, 1982, 285 p.
Laurence Klejman et Florence Rochefort, L’Égalité en marche. Le féminisme sous la Troisième République, Paris, Presses de la FNSP et éditions des Femmes, 1989, 356 p.
Odile Krakovitch, « Maria Deraismes », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, (en ligne sur le site du Maîtron).
Jacqueline Lalouette, La Libre pensée en France. 1848-1940, Paris, Albin Michel, 1997, 636 p.
Andrée Prat (sous la direction), Regards sur Maria Deraismes. La liberté de pensée, Paris, édition Conform – Fédération française du droit humain, 2010, p.158 p.
Claude Singer (sous la direction), Maria Deraismes, journaliste pontoisienne. Une féministe et libre-penseuse au XIXe siècle, Paris, Karthala, 2011, 208-VIII p.
Iconographie :
Le Monde illustré, 18 avril 1896, p. 278 (en ligne sur Gallica).
Le Journal du dimanche, 3 juillet 1904 (en ligne sur Gallica).
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Une statue pour Fourier (4 juin 1899) Au crépuscule du militantisme phalanstérien Cahiers - 2000 / n° 11 - décembre 2000 article en texte intégral |
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