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Montmittonet (ou Monmitonnet), Elisabeth (dite Elisa)
Article mis en ligne le 29 juin 2013
dernière modification le 26 juin 2022

par Sosnowski, Jean-Claude

Née le 4 juin 1822 à Lyon (Rhône). Décédée le 17 décembre 1842 à Lyon. Institutrice. Membre du Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon.

Elisa Montmittonet est la fille d’un chef d’atelier fabricant d’étoffes résidant rue Juiverie à Lyon, Pierre Montmittonet, « justement considéré », lui même phalanstérien et d’Antoinette Charlotte Revilly. Jeune institutrice selon l’auteur de la nécrologie parue dans L’Echo de la fabrique de 1841, elle décède à l’âge de vingt ans. Elle est « enlevée [...] à la cause du progrès dont elle était une disciple fervente [...]. Une suite nombreuse était venue témoigner ses regrets pour une si belle vie trop tôt éteinte et rendre hommage à sa mémoire ». Quelques jours après ses obsèques religieuses, le Groupe phalanstérien des travailleurs de Lyon auquel elle appartenait se rend sur sa tombe ; divers discours sont prononcés par Romano, Poulard et Guy qui donne lecture de quelques vers « qui ont arraché des larmes à tous les assistants » :

Le printemps de ses jours ne faisait que d’éclore,
Comme la fleur qui s’ouvre au vent frais du matin,
Quand de sa vie, hélas ! la fugitive aurore
N’eut pas de lendemain.

Un jour que le soleil l’emporta sur son aile
Elle ne s’éveilla qu’au-delà du tombeau
Car l’ange de la mort avait fait sentinelle
Tout près de son berceau.

Et depuis, tous les soirs, à l’heure où chaque rose
Devient un encensoir plein de chastes senteurs,
Sa mère, en gémissant, sur sa cendre dépose
Des couronnes de fleurs.

Elle crie à la mort : « Rends aux pleurs d’une mère,
Rends un enfant chéri, son unique trésor. »
Mais la brise qui passe emporte sa prière
Que n’entend pas la mort.

Moins sourde que la mort, la vierge que tu pleures,
Répond à tes soupirs, des célestes demeures.
Prête l’oreille, et les maux que tu sens
Soudain disparaîtront à ses divins accents.

« Ramène vers le ciel ta raison qui s’égare.
« Que font sur un cercueil des sanglots et des cris ?
« A-t-on jamais, hélas ! vu le cercueil avare
« Rendre ce qu’il a pris ?

« Si Dieu brisa l’anneau de nos deux existences,
« Et s’il nous sépara ce n’est pas pour toujours.
« Ah ! bénis-le d’avoir trompé tes espérances
« En abrégeant mes jours.

« Comme un petit oiseau qui fuit et se dérobe
« Aux pièges que lui tend un perfide oiseleur,
« J’ai fui la vie avant qu’elle n’eût de ma robe
« Altéré la blancheur.

« Et, dirigeant mon vol vers les célestes sphères,
« Région où fleurit un éternel printemps ;
« J’ai pris place au milieu des Séraphins mes frère !
« C’est là que je t’attends ! »