Né le 18 février 1785, à Saint-Pierre Quilbignon (Finistère), décédé le 9 mars 1866, à Brest (Finistère). Avocat, conseiller municipal de Brest, membre du groupe phalanstérien finistérien. Actionnaire de la Société du 15 juin 1840 « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier ».
Aîné d’une fratrie nombreuse, René-Marie Pérénès est le fils d’un « jardinier »(maraîcher) en Prat-Lédan, lieu-dit de Saint-Pierre Quilbignon, dans la banlieue brestoise [1]. D’origine modeste, il garde avec le monde paysan des attaches solides, comme l’atteste en 1841 un courrier relatant une expérimentation agricole à Brest :
Le 8 septembre 1841, Au directeur de La PhalangeMonsieur,
En qualité de Phalanstériens, veuillez nous permettre de prendre acte dans le Journal de la Science sociale d’une découverte qui, d’après nous, doit avoir un résultat immense. Voici ce dont il s’agit :
Dans des causeries intimes avec l’un des nôtres, honorable membre du tribunal et de l’administration municipale de celle ville, dirigeant de ses conseils et de son expérience, comme fils de cultivateur, une ferme manœuvrée par sa famille, il nous manifestait souvent combien l’agriculture trouvait d’obstacles à son amélioration et à son extension par la cherté des engrais, et il nous disait que celui qui trouverait le moyen de produire économiquement le fumier lui rendrait le plus grand des services, puisqu’il est pour elle un objet indispensable [2].
Devenu avocat, il s’installe au cœur de la ville et, en décembre 1831, il est élu au conseil municipal. Il occupe la fonction de membre du Comité consultatif des communes, des hospices et des bureaux de bienfaisance de l’arrondissement de Brest jusqu’en 1848. Il adhère à la Société d’émulation de Brest en 1834 .
Il est l’ami de Gilbert Villeneuve [3] (dont le fils Jean sera devient ensuite le secrétaire du groupe phalanstérien de Brest) et de Jean Loyer, un commerçant influent, membre de la loge maçonnique des Élus de Sully. En 1841, il va témoigner auprès de La Phalange, pour attester la véracité de l’expérience menée par Bernard et Paillard, phalanstériens brestois, dans le but de cultiver du blé [4].
Il visite le phalanstère de Cîteaux, en compagnie de son neveu, Guillaume, cultivateur à Lambézellec, mais il n’y séjourne pas [5]. Au 15 mai 1843, il est cité comme actionnaire de la Société du 15 juin 1840 « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier ». Avant que la société soit scindée en deux entités, la seconde devenant la « Société pour la transformation de La Phalange en journal quotidien », il détient deux actions pour cent francs réglés.
En décembre 1844, il est l’un des fondateurs du « groupe phalanstérien de Brest et de ses environs », dirigé par Paul de Flotte . Il reste conseiller municipal jusqu’en août 1848. Il occupe pendant plusieurs années les fonctions de bâtonnier de l’Ordre des avocats et juge suppléant au tribunal de Brest [6].
[1] Saint-Pierre Quilbignon est depuis 1945, un quartier de Brest.
[2] La Phalange, 3e série, tome IV, n°4, 10e année, mercredi 8 septembre 1841, « Une Révolution dans l’Agriculture ».
[3] Il est le témoin de Gilbert Villeneuve à son mariage, en 1820, à Saint-Ségal (Finistère). Archives départementales du Finistère, état civil de Saint-Ségal (Finistère), registre des mariages, 3 E 330/15, 1813 – 1822, vue 60/91.
[4] Pierre Marie Bernard : voir sa notice dans le Dictionnaire biographique du fouriérisme
[5] Thomas Voêt, La colonie phalanstérienne de Cîteaux : les fouriéristes aux champs, Dijon, éditions universitaires de Dijon, 2001, p. 209.
[6] Annuaire de Brest et du Finistère, publié par la Société d’émulation de Brest, Brest, publication annuelle (1836 – 1851).
Sources
Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS30 (681Mi49), état des actionnaires de la Société du 15 juin 1840 « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier » au 15 mai 1843.
Archives municipales de Brest, registre paroissial de Saint-Pierre Quilbignon, 1783-1792, GG/P30, vue 50/166.
Archives départementales du Finistère, état civil de Saint-Ségal (Finistère), registre des mariages, 3 E 330/15, 1813 – 1822, vue 60/91.
Annuaire de Brest et du Finistère, publié par la Société d’émulation de Brest (1836-1851).
La Phalange, 3e série, tome IV, n°4, 10e année, mercredi 8 septembre 1841.
Bibliographie
Thomas Voët, La colonie phalanstérienne de Cîteaux : les fouriéristes aux champs, Dijon, éditions universitaires de Dijon, 2001
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