Bandeau
charlesfourier.fr
Slogan du site

Site internet de l’Association d’études fouriéristes et des Cahiers Charles Fourier

150-164
Entre Italie et Brésil, autour de Giovanni Rossi et de la Cecilia
Expérimentations et ouvrages utopiques
Article mis en ligne le 20 décembre 2012
dernière modification le 8 octobre 2016

par Antony, Michel

En Amérique latine, la colonie peut-être la plus célèbre de tout le sous-continent se réalise en fin du XIXe siècle, au Brésil, avec la Cecilia [1]. Elle reste encore aujourd’hui connue comme une des plus prestigieuses au monde, malgré sa courte durée de vie et son échec patent. En 2009 encore, la prudente chercheuse Isabelle Felici n’hésite pourtant pas à parler de « fascination » pour une expérience communautaire « dont les multiples facettes et les multiples représentations font que chacun y trouve un écho de ses propres préoccupations, entre personnel et universel » [2].

Giovanni Rossi et quelques expérimentations utopiques

En Italie les essais communautaires semblent assez rares au XIXe siècle, hormis justement ceux de Giovanni Rossi (pseudonyme Cardias, 1856-1943 [3]). Mais il y a quelques autres cas, comme la « colonia socialista » d’Ostia Antica, créée en 1884 par des saisonniers de la région de Ravenne qui s’installent dans l’agro romano, alors zone paludéenne. Son histoire est digne d’intérêt [4]. Socialiste, certes, elle est soutenue par Andrea Costa (1851-1910) alors en rupture de ban avec les anarchistes. Costa, un des grands fondateurs du socialisme italien, est un ancien bakouniniste et également un auteur utopique (cf. Un sogno - Un rêve, de 1881-1882) qui ne renie pas ses anciennes amitiés. Ainsi il reste lié à son ami Rossi dont il préface un des ouvrages. Cette commune d’Ostia n’en est pas moins une vraie entreprise libertaire. Le travail se fait bien sûr en commun et les gains sont partagés égalitairement. Il ne semble pas y avoir de chef, ni de culte de la personnalité ou de patriarcat que l’on retrouve alors dans trop de communautés. Le célèbre magistrat et poète anarchiste Pietro Gori (1865-1911) l’appuie vers 1902. Mais les idéaux anarchistes et communistes se diluent au tournant du siècle, et cette collectivité qui perdure jusqu’en 1950 n’a plus son caractère socialiste des débuts.

Toscan né à Pise, Giovanni Rossi, agronome et vétérinaire « socialiste anarchiste » (en Toscane puis vers Brescia), marque l’histoire de l’expérimentation communautaire. Ce scientifique pragmatique applique les techniques de laboratoire à la société humaine ; il faut partir du réel, d’une expérimentation concrète, afin d’essayer de trouver la meilleure solution pour l’amélioration sociale [5]. Il réfute même la notion d’utopie pour mettre en avant des prétentions « rigoureusement scientifiques » d’observation des attitudes humaines face à une entreprise communautaire. Cette réfutation est peut-être également motivée par les positions de la majorité du mouvement anarchiste italien (à commencer par Errico Malatesta, 1853-1932) qui critique alors la « fuite » utopique, les expérimentateurs étant dénoncés comme ceux qui abandonnent la lutte de classe.

Après un échec italien, Rossi fonde la Cecilia au cœur du Brésil de 1890 à 1894. De nombreux ouvrages, un film important de Jean-Louis Comolli en 1976 et les écrits largement diffusés de Rossi lui-même [6] donnent à ces expérimentations un caractère primordial, surtout par les analyses des causes de l’échec et l’honnêteté scientifique et militante du responsable. Les aspects sexuels, amoureux, et la revendication d’amour libre qui jalonnent cette colonie ont bien évidemment contribué à en assurer la connaissance, tant militante qu’historique, et à donner une tonalité post-fouriériste à l’ensemble. Enfin comme Rossi est un militant important de son temps, membre de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) depuis 1873, connaissant sa première arrestation en novembre 1878, disposant de solides relations dans tout le mouvement révolutionnaire, pas seulement anarchiste, ses prises de positions sont fréquemment discutées. Cela nous permet de mieux connaître quelques-unes des positions de l’anarchisme vis à vis des expérimentations utopiques.

Les projets d’expérimentation de Giovanni Rossi sont très nombreux [7]. Dès 1873 il prévoit un essai en Polynésie. En 1875 il a déjà écrit le manuscrit de son roman utopique Un comune socialista – Une commune socialiste qui est publié en 1878 et connaît plusieurs éditions du vivant de l’auteur, en promouvant pour un site de la côte Tyrrhénienne, au départ, le collectivisme anarchiste, et dès 1884 le communisme anarchiste. Rossi a évolué, passant de l’héritage bakouninien (collectivisme) aux propositions kropotkiniennes (communisme). En lien avec son travail, le vétérinaire ouvre à Gavardo vers Brescia une « société coopérative agricole » qui déjà bouscule fortement le milieu socio-économique local. En 1884 il prévoit un nouvel essai communautaire vers Rome : une « Colonia Sperimentale agricola » dans le secteur des bonifications. En 1887, en même temps qu’il lance l’expérience de la Cittadella, il projette un établissement vers Trévise. En 1889, deux autres projets sont formulés pour la région de Parme et de Padoue.

En mai 1886 Rossi fonde la revue Sperimentale qui compte 5 numéros (le dernier en février 1887) faisant l’éloge des socialistes utopistes et anarchistes (Fourier et Bakounine surtout) et servant de centre d’information pour toutes les expériences communautaires du moment. Le projet est poursuivi pour l’année 1887 avec le journal Humanitas. Depuis 1888 pour favoriser ces expériences, il a créé L’Unione lavoratrice per la colonizzazione sociale in Italia (Union du travail pour la colonisation sociale en Italie). Puis, toujours en 1889, il rêve de rejoindre des colonies collectivistes en Californie (Kaweah), au Mexique (dans le Sinaloa) ou en Uruguay. Le choix brésilien de 1890 n’est donc qu’une des possibilités prévues par le vétérinaire anarchiste, et doit sans doute beaucoup aux discussions avec le musicien brésilien actif alors sur Milan, Carlos Gomes [8]. Via Gomes et d’autres, l’empereur libéral Pierre II est, dit-on, séduit par les idées expérimentales de Rossi et lui facilite l’implantation. Mais on a malheureusement brodé souvent et beaucoup autour du poids de l’empereur, et le film de Comolli est lui-même tombé dans ce piège des souvenirs inventés.

En 1896 Rossi soutient encore, malgré l’échec de La Cecilia, un projet de communauté dans l’État de Mato Grosso. De 1896 à 1907 il est en effet toujours très actif au Brésil. Il renoue (de bien loin) avec les expérimentations communautaires en 1909, où il est employé dans une pépinière coopérative à Porto Maurizio, dans cette Italie qu’il a rejointe depuis 1907. En pleine montée du fascisme, bien que non communiste, il offre même ses qualités de « ruraliste passionné » (Pier-Carlo Masini) et de spécialiste des questions agraires aux sections agraires du PCI alors gramscien et encore peu sectaire. À la même époque, en Sardaigne, un avocat socialiste libertaire, puis maire de Bonorva dès 1907, Giovanni Antioco Mura, remet les terres obtenues en héritage aux agriculteurs. Leur gestion se fait de manière collective, et l’organisation évolue entre consortium agraire et coopérative de production. Le futur anarchiste Michele Schirru (1899-1931), qui projette plus tard de tuer Mussolini, issu de la localité proche de Pozzomaggiore, se sent redevable vis-à-vis de Mura et d’un autre de ses proches, le maçon libertaire Antonio Solinas.

Giovanni Rossi : une volonté acharnée d’expérimentation

La première expérience importante tentée est cependant celle de La Cittadella. Elle s’inspire expressément de la colonie de Rahaline (Irlande, vers 1830). Rossi utilise les terres du sympathisant Giuseppe Mori à Stagno Lombardo vers Crémone. La coopérative agricole de Cittadella (Associazione Agricola Cooperativa Cittadella) est fondée le 11 novembre 1887. En 1889 une quinzaine de personnes travaillent autour de Rossi. Les décisions sont prises de manière communautaire, les gains sont répartis égalitairement. Comme coopérative elle semble connaître le succès jusqu’à sa rapide fermeture en 1890. Mais l’essai de transformation en colonie socialiste est un total échec, malgré quelques militants qui ont rejoint les agriculteurs déjà installés. Ceux-là voient d’ailleurs d’un mauvais œil ces nouveaux arrivants et Rossi lui-même, car ils redoutent que l’essai socialiste ne leur prenne leur gagne-pain. La déception devant les conceptions égoïstes et contradictoires ne retient pas longtemps le bouillant vétérinaire.

La Cecilia débute le 20 février 1889 à Gênes par le départ d’une poignée de futurs colons avec Giovanni Rossi ; ils rêvent, en quittant « l’Italie terre de voleurs, de fonder, tous unis pour travailler, la colonie sociale » désirée, comme le dit la chanson (Canzone de la Colonia Cecilia) [9]. Ceux qui arrivent vraiment dans l’État du Paranà, en avril 1890, au sud de la petite localité de Palmeira (terres de Santa Mattheus au bord de l’Iguassu) sont environ une demi-douzaine. Ils fondent un petit village qui s’appelle Anarchia. Le drapeau rouge (les anarchistes n’ont pas encore adopté le drapeau noir) flotte sur un mât. Ils construisent des fours, un moulin, des ateliers…

La Cecilia cesse définitivement en avril 1894 après bien des péripéties. Sans doute plus de 250-300 personnes y passent, mais très peu y restent. L’apogée a lieu sans doute au printemps 1891 avec un peu moins de 150 membres ; la plupart du temps le nombre avoisine les 50. Le « turn over » est donc énorme, et le côté répulsif sans doute très important. Rossi n’est pas toujours là : il est en Italie de fin 1890 à juillet 1891, et il quitte l’établissement en mai 1893.

Cette colonie essentiellement agraire (culture et élevage) ne vit que grâce aux subventions et au travail extérieur d’une partie de ses membres. Des bribes de pratiques libertaires sont mises en place, souvent grandies par les témoins et par Rossi lui-même : absence de lois ou règles fixes (idée centrale « d’amorphisme »), absence de chef autoritaire (même Rossi, d’ailleurs souvent absent, malgré son prestige, n’a qu’un rôle somme toute secondaire), liberté totale revendiquée, y compris amoureusement. Elle s’effondre relativement vite pour de multiples raisons qui sont intéressantes à noter, car on les retrouve souvent dans maints essais communautaires, fouriéristes, libertaires et autres. Ainsi les parallèles avec Victor Considerant et le désastre de La Réunion au Texas sont assez nombreux.

La première difficulté provient sans doute du trop grand nombre d’arrivants dans un milieu assez hostile et peu productif. Les arrivées différées et discontinues, les multiples départs, et donc un « turn over » important, rendent difficile la possibilité d’ancrage sur la durée d’une équipe soudée et régulière. Le moral en souffre, tout comme sans doute l’efficacité organisationnelle.

Le milieu déshérité étonne encore en 1934 Alessandro Cerchiai qui recherche les traces disparues de l’ancienne colonie [10]. Le climat (sècheresse ou inondations) et l’isolement empêchent un bon développement économique. Les ouvriers ne trouvent pas à s’employer dans un milieu si difficile sans outils, ateliers ou matériaux adéquats. Au début en tout cas, les agriculteurs surtout font défaut. La rigueur et la frugalité imposées sont donc la règle : difficultés alimentaires, travaux ingrats, logements peu confortables rebutent un grand nombre de colons. L’état financier de la communauté est dès le départ catastrophique. La vie est donc assez spartiate, la nourriture loin d’être abondante. Le mode de vie est peu attractif, les habitations rudimentaires, et la vie culturelle très faible, comme Rossi le regrette dans Cecilia comunità anarchica sperimentale de 1893. Les corps affaiblis donnent prise à différentes maladies, dont une forte épidémie de diphtérie qui tue un grand nombre de jeunes. Pour survivre et mieux vivre, des colons doivent s’embaucher à l’extérieur, surtout dans les chantiers gouvernementaux. Cette démarche qui démontre l’échec et non le rayonnement de la colonie, contribue à diviser encore plus les colons sans doute en accentuant les écarts salariaux entre eux.

À ces obstacles socio-économiques s’ajoutent les difficultés humaines. Elles sont sans doute déterminantes. Tous les arrivants ne sont pas anarchistes, loin de là. Et les anarchistes eux-mêmes ne sont pas toujours des purs et des convaincus ; « peu de sains, beaucoup de naïfs (illusi) et quelques canailles » note, amer, Alessandro Cerchiai. Parmi ces canailles on compte le trésorier qui s’enfuit avec la caisse commune. Le vernis idéologique va vite disparaître au contact des dures réalités. La « faiblesse idéologique » [11] est donc à mettre en cause. Les dissensions, les antagonismes, les jalousies et l’égoïsme réapparaissent rapidement. On voit même se créer une sorte de leadership plutôt détonnant en milieu libertaire.

La question féminine, et le nombre très faible des femmes, rendent difficiles et très conflictuelles les rares tentatives « d’amour libre et polymorphe » (Andrea Papi) et de « famille polyandre » (Isabelle Felici), dans lesquelles parfois est également impliqué Rossi. Le manque de femmes conduit à un vrai « désert sexuel » [12] auquel se heurte la majorité d’hommes non mariés, ce qui augmente évidemment les tensions. On voit même réapparaître (se maintenir ?) la famille bourgeoise. Rossi reconnaît « l’action meurtrière des rapports de parenté » [13]. Pourtant la libération des mœurs a sans doute existé, puisqu’avec hargne malsaine, l’individualiste milanais Oberdan Gigli, comme n’importe quel critique bourgeois et bien pensant, dénonce « le phénomène d’érotisme pathologique de la Colonia Cecilia » [14] ! On croit rêver en lisant cette diatribe de la part d’un anarchiste qui combat pour la libération morale et sociale. Les voisins de la colonie sont souvent hostiles et fournissent très peu d’aide. Leur opposition repose surtout sur le nationalisme (groupe polonais catholique) ou sur l’idéologie religieuse (les athées de la Cecilia sont très mal vus).

Le départ de Rossi (comme Considerant à Réunion), principal animateur et vrai ciment de l’expérimentation, semble également précipiter les choses [15], quoique l’expérience lui survive durant presque une année. Enfin l’instabilité et la crise politique liées à la Révolution Fédéraliste (Revolución federalista ou Revolución de los Maragatos, 1893-1895) pour laquelle se sont mobilisés quelques colons (y compris semble-t-il militairement) contribue vraisemblablement à précipiter la fin de l’expérience, en accentuant contrôles et répression de la part du gouvernement. Taxes, razzias, répressions et destruction par les militaires de quasiment toutes les récoltes et les matériels se superposent. Ainsi, paradoxalement, la nouvelle République brésilienne (Vieille République ou República Vielha de 1889-1930) est plus hostile à l’expérience que le vieil empereur auparavant. C’est semble-t-il surtout la suppression des appuis financiers gouvernementaux qui a poussé certains colons à travailler à l’extérieur.

Quelques traces ultérieures de la Cecilia au Brésil et ailleurs

L’exemple libertaire de la Cecilia semble assez suivi au Brésil si on énumère quelques communautés : Falansterio de Oliveira, et Falansterio del Palmitar ou Unión Industrial del Sahy (années 1840), Communauté anarchiste, Colonia de Guararema, Santa Catarina (années 1880), et les Colonia d’Erebango, Visconde de Mauá, Varpa, Nossa Chácara, Communauté agraire… au XXe siècle.

Le renom de cette expérimentation est très grand, disproportionné, plus à l’étranger qu’au Brésil d’ailleurs. Elle reste « de toutes les expériences communautaires latino-américaines du siècle passé (le XIXe) celle qui conserve le plus d’actualité » [16], surtout dans le domaine de la liberté sexuelle, de la libération de la femme, du respect écologique… Ainsi, dans la foulée des années 1960-1970, la multiplication des articles et thèses historiques, des pièces et des romans, et surtout du film de Jean-Louis Comolli vont populariser cette expérience ancienne. Elle devient symbole de l’utopie anarchiste et des efforts de libération sexuelle. Avec le film d’Adriano Zecca Un’utopia di nome Cecilia - Une utopie du nom de Cecilia de 2008, l’utopie est revivifiée et largement réhabilitée.

Après la dispersion, d’anciens membres résistent à leur manière. Giovanni Rossi reste au Brésil jusqu’en avril 1907. Il travaille pour l’enseignement rationaliste et il occupe des fonctions officielles d’agronome : dans la station de Taquary dans le Rio Grande do Sul, transférée ensuite à Florianopolis et dans celle de Rio dos Cedros dans l’État de Santa Caterina. Il y tente diverses expérimentations agronomiques et communautaires et soutient particulièrement les cultures locales de tabac et de mate. La police brésilienne (mais également toujours l’italienne) surveille constamment ce rêveur jugé dangereux. Pourtant il gagne l’affection et l’estime de ses contemporains (massivement d’origine italienne) et est reconnu officiellement en 1900 dans la localité de Blumenau. Il contribue à créer des coopératives agricoles à Dos Cedros, à Florianapolis et à Ascurra (à la date symbolique du premier mai 1905). Mêlant toujours ses activités scientifiques à ses idées de rénovation sociale, Rossi publie à Florence en 1908 un ouvrage sur Agricoltura primitiva negli Stati meridionali del Brasile - Agriculture traditionnelle des États méridionaux du Brésil.

L’important Gigi (Luigi) Damiani (1876-1953) devient peu à peu un des cadres du mouvement anarchiste brésilien avant d’être expulsé et d’être dans l’après-Seconde Guerre mondiale un des grands refondateurs du mouvement en Italie. D’autres créent une école rationaliste à Porto Alegre, le Collegio Unione Operaia. Certains choisissent de rester sur place ou à proximité de l’ancienne colonie et de continuer à travailler la terre comme aux temps héroïques : Alfredo Dusi et les frères Zefferino et Aldino Agottani se fixent à Palmeira (Paranà) et restent liés jusque dans les années 1940-1950 au mouvement libertaire (Congrès anarchiste de 1949, articles pour Açao Direta - Action directe…) [17]. Les descendants des Agottani, actuels viticulteurs, conservent encore l’esprit libertaire ; Ilza a même ouvert un restaurant nommé Anarco à Curitiba qui contient des documents évoquant l’ancienne colonie [18]. Francesco Gattai, après Palmeira, s’établit à São Paulo, redevient électricien, et milite pour la cause anarchiste ; il est un des animateurs des associations pro-Ferrer et pour la création d’écoles modernes.

D’autres descendants des « colons » entretiennent la flamme anarchiste, comme Zélia Gattai, femme de Jorge Amado (et donc avec lui pendant une période stalinienne assumée), qui dans ses mémoires (Zélia et La reine du bal notamment) loue toujours l’anarchisme de ses parents, et celui de Gori (qu’elle écrit Guori [19]) ou de Kropotkine. Son grand père Gattai était venu avec sa famille, une compagne et cinq enfants dont une meurt dès qu’elle atteint le sol brésilien, pour vivre l’utopie communautaire. Cette utopie, il l’aurait découverte dans un ouvrage de Rossi en 1888. Son fils, le père de Zélia, continue jusque dans les années 1920 à conserver des idéaux libertaires, la maison comportant toujours livres et allégories anarchistes, et le couple se rendant aux réunions anarchistes, en particulier pour défendre Sacco et Vanzetti. La maison de famille gardée par l’avocat Carlos Mezzadri permet aujourd’hui encore une évocation des divers aspects utopiques et anarchistes de ses ascendants.

Au Brésil l’essai de la Cecilia laisse des traces en milieu intellectuel anarchiste. On peut y rattacher quelques œuvres fortement romancées et embellies. En 1922, à Santos, est publiée la nouvelle Harmonia, dans un recueil intitulé Brutalidade. L’auteur, Afonso Schmidt est lié au mouvement anarchiste depuis 1909 et est déjà en train d’accumuler des éléments sur l’épisode de la Cecilia. À l’époque de son roman, il est lié au journal anarchiste A Plebe. En 1942 Afonso Schmidt publie Colônia Cecilia, qui est un roman peu nuancé et pas toujours fiable, d’après Isabelle Felici, sur une communauté qui a fait rêver l’auteur et dont il se sent proche, en ayant partagé les mêmes rêves communautaires dans sa jeunesse. En 1988, le roman de Renato Modernell Sonata da última cidade semble comparable à l’œuvre de Schmidt, très favorable et peu fidèle à la réalité historique. Un jeune romancier brésilien (né en 1965) Miguel Sanches Neto traite à nouveau de l’épisode d’amour (Um amor anarquista - Un amour anarchiste) [20], en en révélant apparemment les impossibilités [21]. Au début du XXIe siècle, avec l’ouvrage du tchèque Patrick Ourednik Instant propice, 1855 [22], cette aventure de migrants italiens et d’autres européens revit. Certes la période n’est pas la même, les noms sont changés (la colonie est devenue Fraternitas), mais le lieu brésilien, la trame, les pensées, les causes de l’échec, la faible durée de l’expérience, les déceptions sentimentales de l’initiateur, la centralité des thèmes tournant autour de l’amour libre et des femmes sont très proches. Ourednik s’est visiblement inspiré de Giovanni Rossi (dont le nom est cité) et d’autres aventures expérimentales sans doute fouriéristes (on pense ici au docteur Mure). La thématique fouriériste (la femme, l’amour libre, la condamnation du mariage, le rôle dominant de la passion) est omniprésente dans la longue introduction. Le changement par rapport aux autres ouvrages traitant de la Cecilia tient au ton distancié, ironique et cinglant sans être pesant, l’auteur montrant que les bonnes intentions dégénèrent parfois et que les socialistes autoritaires et organisés sont les plus dangereux ; il ne reste alors aux anarchistes que la fuite, l’ivresse et la destruction des éléments symboliques (Docio l’irréductible anarchiste voulant couper l’arbre qui porte le drapeau rouge et noir).

Giovanni Rossi : expérimentateur anarchiste conséquent

L’œuvre utopiste de Giovanni Rossi est importante et originale car ses actions littéraires, scientifiques (il est chirurgien vétérinaire), journalistiques et militantes vont toutes dans le même sens : réaliser un essai de colonie socialiste (anarchiste) qui comme toute bonne propagande par le fait, doit prouver sa validité et faire des émules. Son « socialisme expérimental » est une des tendances les plus importantes de l’utopie anarchiste, et peut apparaître également comme un ultime essai pour tenter de maintenir l’unité entre les deux grands courants du socialisme, l’autoritaire et l’anarchiste [23]. Enfin et surtout, ce qui fait la richesse de ses écrits, c’est qu’il combine projets et analyses des réalisations tentées, dans une démarche dialectique honnête [24] et sincère. Un comune socialista - Une commune socialiste écrit vers 1872-1873 [25], alors que Rossi appartient déjà à l’AIT antiautoritaire, est un ouvrage décrivant une communauté anarchiste (une colonie disait-on alors) qui va connaître plusieurs éditions et comporter du vivant de l’auteur quelques modifications fondamentales en fonction tant des découvertes scientifiques que du changement de la conjoncture, que des évolutions politiques. Le terme « socialiste » ne doit pas nous tromper. Rossi est bien anarchiste, mais en Italie le socialisme naissant (Conférence de Rimini - 1872) est massivement anarchiste, et la position dominante (malatestanienne) se réclame longtemps du socialisme anarchiste. La première édition de l’ouvrage en 1878 par La Plebe de Milan, sous le pseudonyme de Cardias, décrit une communauté collectiviste anarchiste édifiée sur la côte tyrrhénienne, au lieu dit Poggio al Mare. Cette application des théories anarchistes est un franc succès puisque le règne de l’abondance est quasiment atteint au bout de dix ans d’activité.

Le succès du livre entraîne une 2e édition en 1881, une 3e en 1882-83. Le succès fait également de Rossi un individu surveillé, emprisonné et soumis à un contrôle policier. La 4ème édition de 1884 est cependant la plus intéressante, car en plus des amendements scientifiques qu’elle contient, elle se positionne désormais pour une expérimentation de type communiste anarchiste (à chacun selon ses besoins), alors que les premières versions s’inspiraient plus de Bakounine et donc du collectivisme anarchiste (à chacun selon ses efforts). Rossi comme l’essentiel du mouvement anarchiste international rejoint ainsi les idées de Kropotkine et de Reclus. Peu avant l’essai sud-américain est publié une autre édition du roman (1891).

Les idées d’implantation utopique, le volontarisme dans l’installation, l’idéal collectiviste, utopique et romantique (et fouriériste ?) qui surgissent de ce texte s’incarnent dans un extraordinaire, car très moderne et très émancipé, personnage féminin : Cecilia. Jeune fille/femme dont le nom passe à la postérité avec l’expérimentation ultérieure.

En 1893 sont publiés deux textes descriptifs, à la portée utopique évidente, dans un même ouvrage publié à Livourne pour le compte de Sempre Avanti. Cecilia, comunità anarchica sperimentale - Cecilia, communauté anarchiste expérimentale fait figure de bilan pour la colonie que Rossi quitte en mai de la même année. Il y analyse les différentes difficultés de fonctionnement, place davantage la responsabilité sur le comportement des colons que sur la colonie elle-même, révélant par-là que les mentalités capitalistes sont plus ancrées qu’on ne pouvait le penser même dans des têtes anarchistes. Il met l’accent sur les difficultés sexuelles également, ainsi que sur les crises plus politiques que connaît la Cecilia. Le bilan semble néanmoins fort positif, pour une communauté « sans organisation sociale, ni règlement, ni chef » [26] ou « sans pacte, sans horaire et sans charge sociale » et « sans suprématie de majorité et sans comices populaires, ni organes de gouvernement ou d’administration ». L’idée d’expérimenter des pactes libres est un des points forts de cet ouvrage. La référence à Fourier (que Rossi a déjà largement cité dans son journal Lo Sperimentale) est faite pour analyser le travail « spontanément » organisé, par affinité, et donc attractif, ce qui est notoirement contredit par la réalité et la fuite de nombreux colons face aux tâches ardues et imposées par la nécessité. L’auteur d’ailleurs semble en convenir plus ou moins, puisqu’il insiste dans la fin de cet ouvrage sur le fait que la Cecilia a prouvé ce qu’elle pouvait prouver et qu’il n’est pas nécessaire de poursuivre l’expérience surtout si on a l’illusion de créer immédiatement un âge d’or illusoire. Il reconnaît honnêtement « qu’ardu et souvent vain est d’essayer de prévoir le futur ».

Le deuxième texte de 1893 est plus important pour l’histoire de l’utopie libertaire et sans doute pour la renommée de la colonie. Un episodio d’amore nella colonia « Cecilia » - Un épisode d’amour à la Colonie Cecilia [27] est la relation par Rossi d’une expérience d’amour libre entre trois hommes et une femme, Eleda/Adèle. Ce texte est presqu’immédiatement traduit en espagnol par le réfugié anarchiste d’origine catalane José Prat à Buenos Aires en 1896 dans la prestigieuse Biblioteca de la Questione Sociale. Parmi les trois amants se trouve l’auteur lui-même, qui va finir par vivre avec cette jeune femme de trente-trois ans. La description honnête des difficultés mais aussi des espoirs soulevés permet à Rossi de dénoncer, en néo-fouriériste qu’il est sans doute, une nouvelle fois la famille (qu’il voit comme le principal pilier du régime capitaliste) et le mariage traditionnel, ainsi que ce qui l’accompagne souvent, le vil instinct propriétaire et la sordide jalousie. Il promeut au contraire ce qu’il appelle une forme de famille « polyandrique » et parle par ailleurs de « baiser amorphique », ensemble d’idées que le mouvement anarchiste va bientôt populariser sous le terme « d’amour libre » ou « d’union libre », avec toutes les ambiguïtés de cette notion. Mais Rossi réfute alors cette appellation.

Rossi semble en symbiose avec le texte de Fourier sur le « Nouveau monde amoureux » qu’il ne peut pas connaître puisque non publié, notamment avec des phrases qui rappellent les fonctions « papillonne » ou « composite » puisque « aimer plusieurs personnes en même temps est une nécessité de l’être humain ». Le droit à la « pleine liberté d’amour » est donc indiscutable, et pour mieux l’affirmer c’est une nouvelle fois la citation célèbre de Rabelais pour Thélème qui est reprise « Fa’ quello che vuoi - Fais ce que tu veux ». Une réédition du texte ajoute d’ailleurs le mot « libre » après « amour » en 1932. Avec Adèle, Rossi va avoir des filles, dont une reviendra se fixer en Italie. L’utopie et la réalité sont chez lui toujours inextricablement mêlées.

S’il met l’homme et la femme sur le même plan, dans une position féministe radicale et irréductible, la vision sexuelle de ce texte utopique reste tout de même bien pudibonde et moralisante, ne serait-ce que vis à vis de la masturbation et de la sodomie. Mais une nouvelle fois, comme Fourier ou Joseph Déjacque (1821-1864) en leurs temps, Rossi est un des plus conséquents socialistes vis-à-vis de l’émancipation féminine. Cecilia et Eleda/Adèle sont des femmes autonomes, libres de leurs choix car bénéficiant « d’une exceptionnelle et totale liberté », et même si cela fait mal (Rossi se retrouve seul, et doit affronter le problème des enfants dans un couple séparé), ne sont jamais critiquées ni rabaissées [28].

En 1897, dans l’ouvrage-anthologie du suisse Sanftleben, Rossi publie Il Paraná nel XX secolo - Le Parana au XXe siècle, texte essentiel écrit vers 1895 sur ce que pourrait être une communauté anarchiste libre, mais non isolée et au contraire insérée dans un mouvement global visant la révolution libertaire. Il cherche ainsi à contrer ses opposants en milieu anarchiste, qui dénonçaient ses expérimentations comme une fuite du combat social, voire même comme une « désertion » vis à vis du mouvement révolutionnaire. Ce récit est le plus utopique et peut-être le moins idéologique de ses écrits. Il prend d’ailleurs beaucoup de distance avec l’utopie, qu’il nomme « Visione di un ubriaco raccontata da lui stesso - Vision d’un homme saoul racontée par lui-même ». Le monde est enfin libéré par un socialisme humaniste, nettement plus individualiste voire plus libéral au sens économique du terme, que ses propositions antérieures. L’épanouissement se produirait entre 1931 et 1950. Mais la société reste « élitiste », « inégalitaire » voire « réactionnaire » (Isabelle Felici).

En 1917, Giovanni Rossi récidive dans la revue Università Popolare de Luigi Molinari avec deux articles intitulés « Nuovi orizzonti di vita sociale - Nouveaux horizons offerts à la vie sociale » qui ne seraient que des « innocenti divagazioni sull’avvenire - divagations innocentes sur l’avenir ». Le choix individuel doit empêcher l’uniformité imposée par un égalitarisme réducteur. Dans ces articles comme dans le texte écrit en 1895, les sources de Rossi seraient plus à rechercher chez Fourier et Stirner (voire Saint-Simon) que chez Kropotkine dont il ne semble plus partager les idéaux anarchistes communistes.

En Italie et au Brésil, autour des utopies de Giovanni Rossi

Carlo Dossi, « La colonia felice. Utopia lirica » (1874) – La Colonie heureuse. Utopie lyrique de Carlo Dossi (1848-1909) [29] est un livre peu cité et peu connu. Il semble bien à l’origine du roman de Rossi, c’est du moins ce qu’affirme Andrea Papi [30]. C’est une œuvre lyrique car elle applique les idées de Giuseppe Rovani (à qui l’œuvre est dédiée) qui pousse à écrire en adoptant les codes de la scène lyrique. Des criminels et autres condamnés sont abandonnés sur une île déserte avec un peu de matériel, à charge pour eux de s’entendre socialement et économiquement. L’État monarchique qui les juge se montre donc fort généreux ; il est donc plutôt éclairé, imprégné d’esprit des Lumières concernant la justice et le droit de rédemption [31]. Après une période d’anarchie (au sens péjoratif du terme) le calme revient et les personnages peu à peu s’entendent dans une forme républicaine et communautaire assez lâche, au milieu d’une nature somme toute favorable et elle aussi généreuse. Ce texte d’apparence bien classique et peu libertaire (que je n’ai pas pu trouver), n’est cité ici que pour sa possible proximité avec Rossi.

Andrea Costa, « Un sogno » 1881-82 – Un rêve d’Andrea Costa (1851-1910) est encore fortement marqué par l’esprit libertaire qui l’a animé comme militant bakouninien très actif dans sa jeunesse. À l’époque où il l’écrit, cependant, il a déjà « trahi » ses premiers idéaux en rejoignant le socialisme parlementaire dont il va être un des principaux créateurs en Italie. Il a fondé le Parti Socialiste Révolutionnaire Italien (PSRI) en 1881 et il devient en fin 1882 le premier député socialiste italien. Mais à l’exemple de Malatesta, dont il fut l’ami, Costa n’est jamais totalement renié par ses anciens compagnons. Rossi reste très lié avec lui, au point que Costa va faire l’introduction d’une des rééditions de Un comune socialista. Costa a profondément partagé les idéaux anarchistes autour des années 1870. Son premier écrit militant est un manifeste en faveur de la Commune de Paris. Dès 1871 il appartient au Fascio Operaio de Bologne. En 1872 il est le secrétaire de la fameuse Conférence de Rimini qui est la date de naissance de l’anarchisme italien. En 1874 il fait la rencontre de Bakounine et est un des animateurs de la tentative insurrectionnelle de Bologne. En 1877 il soutient le mouvement utopiste communiste-anarchiste du Matese, une des premières tentatives insurrectionnelles pour tenter d’établir une forme de communisme libertaire. Son roman (en fait un tout petit opuscule de quelques pages) est d’abord publié en 1881 dans l’Almanacco Populare. Il décrit une Europe qui vient d’être bouleversée par une révolution sociale victorieuse de grande ampleur. Un socialisme de l’abondance et du bien-être se met en place, et c’est cette vision fort optimiste que Costa décrit en prenant comme exemple la ville qui compte beaucoup pour lui, Imola. Elle est transformée en « citadelle socialiste ». Comme pour beaucoup d’auteurs utopistes de cette époque, on peut estimer que la création fantasmée d’une Commune triomphante est une sorte de revanche du dramatique échec de la révolution parisienne de 1871. Le livre sort effectivement lors du dixième anniversaire de l’insurrection française. Des coopératives se mettent partout en place, des églises sont transformées en magasins collectifs. La nouvelle société est évidemment sans Dieu et sans État. Avec Costa, on peut mettre l’accent sur l’importance en Italie du socialisme libertaire, qui imprègne des franges entières du mouvement socialiste y compris dans ses évolutions parlementaristes. L’utopisme libertaire est d’autant plus fort que le socialisme, en Italie, est né anarchiste en 1872, au moment des choix à faire dans l’AIT. Le livre connaît un vrai succès avant 1914, il en est déjà à sa cinquième édition en 1900 chez Nerbini à Florence. La huitième est atteinte en 1902 et sans doute la douzième à Rome à la Libreria Avanguardia en 1914.

Domenico Zavattero (pseudonyme : Canzoni) – 1903 – Infatigable militant du nord de l’Italie, éditeur, poète, journaliste, pamphlétaire, etc., Domenico Zavattero (1875-1947), qui publie sous divers pseudonymes (Lambro Canzani, Giafrè ou Mingon Barbariccia) consacre de nombreux opuscules pour permettre l’édification d’un monde nouveau : contre l’armée, le mariage bourgeois, les conventions sexuelles et morales, l’école asservissante, une culture dégradée, il propose une société libertaire alternative, s’inspirant des meilleures sources anarchistes (Paul Robin pour la sexualité et le néomalthusianisme, Francisco Ferrer pour l’éducation rationaliste…). L’utopie est donc présente constamment dans son œuvre, mais on lui doit également des ouvrages plus spécifiques. En 1903, sous son pseudonyme de Canzoni, il publie Uno sguardo all’avvenire - Regard vers le futur [32] qui porte un convaincu « regard libertaire ». « Sous forme lyrique, il présente la future société anarchiste où devra régner ‘’le bien être, la propreté, l’hygiène et la paix’’ » écrit Alessandro Luparini [33]. Dans un autre ouvrage de 1907, L’analisi del ideale - Approfondissement de notre idéal [34], il espère voir l’évolution sociale atteindre « le principe de la solidarité universelle ». Enfin, comme je l’analyse ailleurs [35], l’utopie est aussi pratiquée par Domenico Zavattero, puisqu’il crée de multiples associations liées au monde de l’édition et de la presse, pour que la propagande puisse ébranler le monde bourgeois comme « le bélier abat les murs » (« L’ariete che batte le mura » début du titre de l’article de Luparini, repris d’un article de 1900 de Zavattero). En tenant compte de ses oppositions à une vision trop organisatrice de l’anarchisme, et de ses refus de tout alignement dogmatique, on peut supposer que les propositions de Zavattero se trouvent dans la ligne d’un anarchisme ouvert et prioritairement individualiste. Il ne dissocie aucunement le souhait d’une société future et l’action quotidienne qui doit la préparer, d’où l’importance qu’il attribue à l’éducation et à l’action ouvrière. Selon ses lecteurs anarchistes, il apparaît donc pragmatique, réaliste ou révisionniste. Sur la fin de sa vie militante anarchiste (époque de la Première Guerre mondiale) il condamne des positions « messianiques » dans lesquelles lui-même était un peu tombé avec son Sguardo all’avvenire.

Les Italiens furent très nombreux dans le Brésil du XIXe siècle. Ils y ont laissé des traces profondes, y compris sur le plan des idées. Le mouvement libertaire y fut par exemple très présent. Giovanni Rossi et ses proches y ont un petit peu contribué.


Aphorisme du jour :
Les sectes suffisent à elles seules à guider la politique humaine dans le labyrinthe des passions
puceContact puceMentions légales puceEspace privé puce RSS

1990-2024 © charlesfourier.fr - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.5