Paris, Editions ouvrières, coll. "La part des hommes", 1992, 251 p.
Aujourd’hui presque totalement oubliée bien qu’elle ait laissé une œuvre théorique importante, la doctoresse Madeleine Pelletier (1874-1939), « féministe intégrale », a lutté à contre-courant pour toutes les émancipations : politiques, économiques, sociales, intellectuelles, sexuelles. Issu d’un milieu pauvre, autodidacte, elle fut la première femme à réussir l’internat des hôpitaux psychiatriques, la première femme membre de la Commission administrative permanente de la SFIO, l’une des premières femmes à se rendre clandestinement dans la Russie de Lénine pour y voir comment on faisait une Révolution. Pionnière du droit à l’avortement, jugée irresponsable par la justice, elle mourut seule et abandonnée dans un asile d’aliénés, martyre de la cause des femmes.
Il n’est pas sans intérêt pour les lecteurs des Cahiers Charles Fourier d’apprendre à la lecture de ce livre beau et émouvant que, aux origines de cette trajectoire militante tout à fait exceptionnelle et novatrice, il y eut l’influence du docteur Charles Letourneau, un républicain avancé de tendance fouriériste qui, ayant soigné des blessés pendant la Commune, avait dû s’exiler à Florence de 1872 à 1878. Ainsi, une fois encore, se trouvent mis en évidence les liens de filiation entre fouriérisme et féminisme social.
Michel Cordillot, professeur émérite de civilisation américaine à l’Université Paris VIII, collabore au Maitron et a publié aux Editions de l’Atelier La Sociale en Amérique : dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux Etats-Unis, 1848-1922. Il a été l’un des fondateurs des Cahiers Charles Fourier.
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