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43-51
De la biographie des fouriéristes à l’histoire du fouriérisme
Charles Dain et le travail de propagation
Article mis en ligne le 7 octobre 2016
dernière modification le 8 octobre 2016

par Cordillot, Michel

À travers le cas de Charles Dain, il s’agit de montrer en quoi l’exercice biographique peut permettre une meilleure compréhension de la diffusion en France des idées fouriéristes.

Dans sa magistrale biographie de Considerant [1], Jonathan Beecher a bien montré que la préoccupation prioritaire du principal successeur de Fourier sous la monarchie de Juillet avait été d’installer les théories de la science sociale héritée de Fourier dans le paysage intellectuel français. Après l’échec de la première tentative de phalanstère à Condé-sur-Vesgre – « la faute heureuse de Condé » –, il partait du principe qu’il fallait d’abord toucher un public plus large, par toutes les formes de propagande imaginables, en mettant l’accent sur les dimensions scientifiques et industrielles de la doctrine, et en abordant la création du futur phalanstère comme une expérience relevant de la vérification d’un postulat scientifique. Il importait donc de créer les conditions de l’émergence d’un mouvement puissant et structuré, d’où son insistance sur le travail de propagation au détriment de la réalisation dans un premier temps. On sait que cette approche suscita des interrogations au sein de l’École, et même de sérieux désaccords doctrinaux entre réalisateurs et propagateurs.

Si le cadre d’ensemble est désormais connu, il reste toutefois à bien mesurer comment les choses se sont traduites concrètement, au niveau de la pratique quotidienne. On sait, notamment grâce à Jonathan Beecher, à quel point le travail de propagandiste de Considerant, à la fois en tant que conférencier, journaliste, et écrivain, fut déterminant pour permettre l’essor du mouvement. Mais il reste encore à apprécier pleinement les modalités diverses et multiples, à mettre en évidence la multitude de canaux et de réseaux par le biais lesquels les membres de l’École sociétaire s’efforcèrent de faire connaître les thèmes de la science sociale afin de leur assurer dans le monde des idées de leur époque une place suffisamment forte pour leur permettre d’affronter les critiques et les doutes.

L’idée défendue ici est que le détour par la biographie individuelle – mais aussi par la biographie collective, comme le montrent d’autres contributions dans ce volume – peut permettre d’éclairer cet aspect encore mal connu de l’histoire du mouvement fouriériste. Je m’intéresserai donc à la question de la propagation des idées fouriéristes à ses débuts, c’est-à-dire autour du milieu des années 1830, en m’appuyant sur l’exemple de Charles Dain. On sait en effet qu’il fut l’un des premiers disciples actifs et efficaces sur lesquels Considerant put compter dans son entreprise de propagation.

En attendant la notice détaillée qui lui sera consacrée dans le Dictionnaire biographique du fouriérisme, les grandes lignes de la biographie de Dain nous sont déjà connues [2]. Né le 29 août 1812 à la Guadeloupe, il fit des études de droit en France et s’inscrivit au barreau de Paris. D’abord proche du courant néo-babouviste, il se rallia aux doctrines phalanstériennes vers 1835 et entra rapidement dans le cercle des intimes de Considerant, avec Désiré Laverdant et Charles d’Izalguier. Il se montra alors très actif dans le travail de propagation. En décembre 1835, Dain intervint au Congrès historique international qui se tint à l’Hôtel de Ville de Paris sous la présidence de Buchez, prononçant un discours intitulé : « Quel est le but de l’histoire ou solution du problème social par l’histoire » [3]. À la suite de ce congrès, qui fut marqué par un incident très vif opposant Buchez et Considerant, Dain devint un des adversaires les plus violents du néo-catholicisme de Buchez et Roux. Il rédigea en 1836 une première brochure, De l’abolition de l’esclavage, incluant une contribution de Fourier, et mena campagne en faveur de l’abolition de cette institution. En avril 1847, il fut le défenseur de Blanqui au procès de Blois, et quelques mois plus tard, il plaida également pour la Démocratie pacifique, accusée « d’excitation à la haine contre diverses classes de personnages (…) et contre le gouvernement ». Élu, le 21 août 1848, député de la Guadeloupe à la Constituante, il se prononça en juin 1849 avec les députés de la Montagne contre l’expédition de Rome et pour la mise en accusation du prince-président et de ses ministres.

Charles Dain dans Les Républicains de la Montagne de 1848. Lithographie, Paris, chez A. Bes et F. Dubreuil, impr. édit. (coll. part.)

Il ne fut pas réélu à la Guadeloupe en 1849, mais le fut en revanche en Saône-et-Loire aux élections complémentaires du 10 mai 1850, puis de nouveau après l’invalidation des six représentants de ce département. Montagnard durant la fin de la Législative, Dain protesta contre le coup d’État. Il accepta néanmoins rapidement de servir l’Empire comme conseiller à la Cour d’appel de la Guadeloupe.

On peut penser que le désir de faire allégeance à la nouvelle Assemblée élue après la défaite contre la Prusse afin de recommencer une carrière politique, motivait sa présence à Bordeaux début 1871, où il mourut le 22 février.

Concernant plus précisément son travail de propagandiste, on sait que Charles Dain fut l’auteur de plusieurs écrits, qu’il collabora à La Phalange, puis à la Démocratie pacifique. Mais c’est finalement peu. Une lettre de quelques lignes, retrouvée par hasard et acquise sur un site de vente aux enchères, permet toutefois d’éclairer de manière plus précise des aspects encore mal connus de l’activité de propagande tous azimuts des phalanstériens et leur manière de procéder pour s’imposer comme des interlocuteurs respectés dans tous les secteurs intellectuels de la société.

La voici :

Monsieur Spencer Smith à Caën

Re. Oct 29

Rép ––

Monsieur,

Je me suis permis de vous envoyer le onzième no [n°] de la Phalange, renfermant un article de moi sur la quatrième session du congrès scientifique ; vous recevrez aussi le douzième, dans lequel je dirai mon dernier mot sur cette motion. J’ai pensé que cet hommage vous était dû à double titre : d’abord, vous avez été l’un de ceux qui ont organisé le congrès auquel depuis le premier instant, vous n’avez pas cessé d’offrir le concours de votre zèle et de vos lumières ; puis, supposé même, comme je le crois, que ce que j’ai osé dire sur le congrès ne méritait pas la peine d’être dit, j’avais besoin d’un signe quelconque au moyen duquel je vous témoignasse combien votre souvenir m’est profondément resté ; quelle reconnaissance j’ai emportée avec moi des nombreuses marques d’estime que vous m’avez données, quelle estime et quelle affection je vous ai vouées du moment où je vous ai connu et où vous m’avez mis à même d’apprécier l’étendue de votre esprit et la générosité de votre cœur.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’assurance de mon affection.

Ch. Dain

Rue de Seine 91

Paris 28 8bre 1836

Il n’a en fait guère été difficile de retrouver de quoi il est question ici et de remonter tout le fil de cette affaire. L’homme à qui cette missive fut adressée est un personnage assez bien connu [4]. Né en 1769, John Spencer Smith fut élevé à la Cour d’Angleterre où il était page. Reçu docteur en Droit de l’Université d’Oxford, il fut brièvement titulaire d’une commission militaire dans la Garde royale, et servit ensuite la Grande-Bretagne en qualité de diplomate jusqu’en 1802, date à laquelle il fut élu membre du Parlement pour représenter Douvres. Il ne se représenta pas en 1806, et reçut alors une pension annuelle de 1 200 £ en échange des services rendus à la diplomatie britannique (d’aucuns laissaient aussi entendre qu’il avait travaillé comme espion au profit de son pays d’origine [5]). Peu après, il s’installa définitivement en Normandie et mourut à Caen en 1845, après avoir occupé ses dernières années d’existence à rédiger des études scientifiques portant sur des sujets divers.

Membre de la Société royale de Londres, J. Spencer Smith fut l’un des organisateurs et animateurs du 4e Congrès scientifique qui se tint à Blois en septembre 1836, et rassembla de nombreuses personnalités aux compétences scientifiques reconnues pour débattre des diverses questions figurant à l’ordre du jour. C’est à cette occasion que Dain fit sa connaissance.

Dain, qui s’était fait inscrire sous la qualité d’« avocat, membre de l’École sociétaire », intervint à de nombreuses reprises dans les débats des 5e et 6e sections, respectivement chargées de l’art et de la littérature pour la 5e, et des sciences morales et juridiques, ainsi que de la législation pour la 6e. Il fut également très actif lors des séances générales qui se tenaient chaque jour. John Spencer Smith présida pour sa part plusieurs séances de la 5e section, tandis que Dain avait été élu secrétaire de la 6e section. Les deux hommes eurent ainsi l’occasion de se côtoyer et de se jauger durant plusieurs jours, ainsi que nous le révèle le compte-rendu de ce congrès qui fut publié et qui précise les détails de son déroulement [6].

Lors des réunions de la 5e section présidées par J. Spencer Smith, les différentes interventions de Dain eurent presque toujours pour objet de flétrir les effets déplorables de la corruption et de la spéculation menaçant les arts et la littérature (mais aussi et surtout la presse). Refusant de parler de l’art de façon abstraite et désincarnée, il souligna que

le but de l’Art est d’augmenter, dans tous ses termes et tous ses développements, le bonheur des hommes réunis en société ; que tout ce qui favorise le développement du bien-être social favorise le développement de l’art.

Aussi le développement de l’art était-il lié à celui de la société :

L’art naissant suppose un état de bien-être moins avancé dans la société ; l’art florissant, cet état plus développé ; l’art en décadence un état de malaise qui (…) n’est qu’un état de transition.

Son point de vue ayant été approuvé par une partie de l’auditoire, il proposa une résolution qui fut mise aux voix et adoptée à l’issue du débat :

Comme il existe entre les différentes parties de 1’état social d’un peuple une corrélation intime et nécessaire qui les unit toutes en une mutuelle dépendance de secours et de moyens, en même temps qu’elle les fait progresser ou reculer simultanément dans la sphère du développement social, le Congrès estime que les circonstances les plus favorables à 1’art sont les mêmes que celles qui sont les plus favorables à la société en général. Ces circonstances résultent de la combinaison de tous les éléments qui déterminent le bien-être de la société [7].

À noter que cette même commission fut appelée à se prononcer sur un projet d’« architectonographie » de la cathédrale de Chartres qui lui avait été soumis par César Daly, et dont il fut explicitement souligné qu’il ne se rapportait « à aucune espèce de spéculation » : son but était uniquement scientifique, et visait à mettre en évidence l’histoire des progrès de l’art gothique. Ledit projet fut d’ailleurs approuvé par le congrès, qui émit un vœu tendant à ce que le gouvernement encourage la publication de ce projet « tout artistique » [8].

Tout au long des séances de la 6e section, dont il avait élu vice-président le lundi 12 septembre, Charles Dain fut encore davantage présent dans les discussions. Il prit la parole sur presque tous les sujets débattus. C’est ainsi qu’il intervint pour dire qu’il fallait accorder à l’enseignement « la plus grande somme de liberté possible », tout en le soumettant néanmoins « à 1’action régulatrice de lois et de règlements », c’est-à-dire à une forme de contrôle extérieur [9].

Il se montra également très offensif sur la question de la peine de mort, estimant inéluctable la marche vers son abolition. Au terme d’un débat animé, il proposa la résolution suivante, qui fut soumise au vote en concurrence avec plusieurs autres :

Attendu que la peine de mort, si elle prévient quelquefois le crime en l’arrêtant par la crainte, démoralise la société en général et endurcit les mœurs publiques, le Congrès estime que cette peine est plutôt nuisible qu’efficace pour la diminution des crimes [10].

Mais il fut battu, ses collègues ayant prudemment préféré voter un texte recommandant de faire d’abord un bilan de l’efficacité de ladite peine avant éventuellement de proposer son abolition s’il devait s’avérer qu’elle était sans effet.

Au cours de la séance du lundi 19 septembre, Dain fit un rapport sur les Mémoires d’un ouvrier rouennais, de Charles Noiret [11], soulignant que son auteur (futur communiste icarien) développait une appréciation assez exacte de l’antagonisme existant entre les maitres et les ouvriers, sans toutefois descendre jusqu’aux causes de cet antagonisme, ni indiquer les moyens d’y remédier. Il en profita pour développer cette idée-force du fouriérisme selon laquelle seule 1’association des intérêts pourrait constituer un remède aux maux industriels [12].

Profitant de la tribune qui lui était ouverte lors des assemblées plénières qui se tenaient chaque jour, Dain fit là encore plusieurs interventions remarquées.

La première fut lors du débat sur la réforme pénitentiaire. Soulignant que l’emprisonnement des criminels n’intervenait qu’après le crime, il invita le congrès à exprimer le vœu que « tous les efforts du pouvoir et des hommes qui s’occupent soit de sciences, soit de politique, soit de religion, eussent pour but d’arriver enfin à ceci : prévenir le crime » en agissant sur ses causes sociales et non pas seulement pour réparer ses effets après-coup. Une fois encore, sa proposition fut farouchement combattue par certains, au prétexte qu’elle s’écartait trop de la question à discuter telle qu’elle était formulée au départ ; mais à l’inverse, Dain reçut le soutien de plusieurs orateurs, parmi lesquels le Dr Léon Simon, vice-président de la 6e section [13].

Une deuxième intervention concerna l’homéopathie, dont on sait que beaucoup de précurseurs en France furent liés au courant sociétaire. Mais là, ce fut lui qui intervint pour soutenir le Dr Simon, en faisant remarquer qu’en traitant de l’homéopathie, ce dernier avait traité de « 1’une des faces de 1’harmonie universelle ». Il poursuivit en développant ensuite quelques considérations tendant « à prouver que dans toutes les sciences, soit physiques, soit morales, la notion nouvelle d’harmonie succède, comme base et comme principe, à 1’ancienne notion d’antagonisme [14]. »
La discussion sur l’établissement des sociétés de charité maternelle susceptible d’offrir une solution au problème des enfants naturels stigmatisés par la société lui offrit une dernière occasion de développer des théories plus générales sur l’avenir de 1’humanité [15].

Ainsi, Charles Dain ne cessa d’intervenir tout au long des discussions pour y insuffler une dimension sociale et montrer la pertinence des idées véhiculées par la Science sociale. Il put ainsi apporter la preuve au cours de débats contradictoires se déroulant en présence d’hommes (et même des femmes lors des séances générales) réunis pour réfléchir sur le fond des choses que l’École sociétaire proposait une grille de lecture sociale et des analyses cohérentes, et qu’elle était capable d’avancer des propositions nouvelles.

Dans les réflexions à propos du Congrès qu’il donna quelques semaines plus tard dans les colonnes de La Phalange, il revenait d’ailleurs sur l’intérêt que pouvait présenter ce genre d’événement pour la diffusion de la Science sociale :

La propagation des idées nouvelles s’accomplissant au sein d’une réunion, qui, par sa nature même, se trouve disposée à recevoir et à garder […] le retentissement que ces idées ne peuvent manquer d’avoir dans les différents lieux où résident les différents membres du congrès ; ce déplacement de toute une population d’élite, animée de nobles désirs, douée d’intelligence et de zèle vers un même point qui change tous les ans ; afin que la lumière se propage ainsi intégralement sur toute la surface de la France [16].

Il escomptait donc bien que les membres du Congrès se feraient plus ou moins consciemment l’écho et le relais de ces idées neuves, lesquelles finiraient ainsi par toucher par ricochet l’ensemble des classes éduquées du pays. Ces dernières seraient ainsi graduellement convaincues que

la science-base est la science de l’homme (…) Il faut d’abord étudier l’homme pour apprécier ensuite ce qui ferait son bonheur ou son malheur, et reconnaître comme l’a reconnu Fourier, que la cause de tous les désordres sociaux etet de toutes les souffrances humaines réside dans le défaut de proportionnalité entre l’homme et la forme sociale où il meurt emprisonné.

En dépit des défauts d’organisation dont souffraient encore les Congrès scientifiques – Dain regrettait en particulier la non-publicité des débats –, ils offraient néanmoins aux représentants de l’École une formidable oportunité de s’exprimer :

[…] la parole phalanstérienne a été entendue et comprise au Congrès. Les nombreuses sympathies qu’y ont rencontré [sic] nos doctrines sont un sûr garant de leur prompte diffusion et de leur prochaine démonstration par la voie de l’expérience [17].

Tout cela s’inscrivait donc bien dans une stratégie concertée de propagation, et il était logique que Dain ne s’arrête pas là, et cherche au cours des semaines suivantes à approfondir le sillon déjà tracé. C’est probablement dans cette optique qu’il tenta – mais en vain semble-t-il, puisque sa lettre ne paraît pas avoir entraîné de réponse de la part de son destinataire – de maintenir des liens personnels avec J. Spencer-Smith. Procéda-t-il de même avec d’autres personnalités rencontrées lors de ce congrès, dans le but de tisser un réseau de relations pouvant servir de relais à l’École sociétaire dans les milieux intellectuels ? Il n’est pas interdit de le penser. Un fait en tout cas mérite d’être souligné. Un des participants qui avait soutenu Dain à plusieurs reprises ef fut soutenu par lui, le Dr Léon Simon, devint quelques mois plus tard, à compter du 25 juin 1837, le médecin personnel de Charles Fourier. Il devait l’assister jusqu’à son dernier jour, et même procéder à son autopsie avec un confrère [18].

D’une manière plus générale, cette expérience semble avoir été suffisamment probante pour effacer l’échec relatif subi au Congrès historique de Paris fin 1835, et même pour inciter les fouriéristes à prendre l’initiative de ce type de rencontre. C’est ainsi qu’en août 1837, La Phalange proposa aux rédacteurs d’un certain nombre de journaux progressistes (Le Bon Sens, La Paix, Le Monde, Le Journal du peuple entre autres) la tenue d’un « Congrès d’écrivains socialistes » (non-ouvert au public !), afin d’y discuter de la reconnaissance par la presse du principe de l’association [19].

On voit ainsi comment le passage par la biographie individuelle – un genre qui a pourtant souvent été décrié – peut permettre d’éclairer quelques aspects encore insuffisamment connus de l’histoire du mouvement sociétaire. À mesure qu’il s’étoffe, le Dictionnaire biographique du fouriérisme constitue à l’évidence un volet de plus en plus essentiel de l’apport de l’Association à l’étude du fouriérisme en France – les visiteurs du site ne s’y trompent d’ailleurs pas, ainsi qu’en font foi les comptages de consultation. À terme, il devrait offrir une formidable porte d’entrée vers un approfondissement prosopographique et sociobiographique de l’histoire du mouvement sociétaire.