Né le 3 mai 1867 à Mercuès (Lot), décédé en 1952. Professeur de français. Pionnier de l’utilisation du cinéma dans l’enseignement. Secrétaire général de l’Union phalanstérienne en 1899.
Fils d’un instituteur exerçant dans le Lot, Auguste Bessou fait ses études au lycée de Cahors et obtient le baccalauréat es lettres ; il est ensuite répétiteur au lycée de Châteauroux (1886-1887), fait des études de lettres à la faculté de Poitiers, où il obtient une licence (1889), puis à celle de Bordeaux où il prépare l’agrégation sans l’obtenir. Répétiteur à Mont-de-Marsan (1891-1892), puis suppléant à l’école Monge (1892-1894) à Paris, il obtient un poste de professeur de lettres à l’école primaire supérieure Colbert (Paris) où il enseigne de 1894 à 1915. Les inspections sont élogieuses, et il reçoit en 1905 le titre d’officier de l’instruction publique [1]. Il publie plusieurs ouvrages et manuels destinés à l’enseignement. Parallèlement, il obtient un diplôme du Louvre (langues sémitiques – épigraphie assyrienne) et il contribue à l’organisation de différentes manifestations lors des centenaires de la naissance de Victor Duruy, de Michelet, de Quinet, et des bicentenaires de Diderot et Rousseau [2]. Bessou est un militant de la laïcité, thème sur lequel il fait des conférences à Paris et en province ; il est dès 1892 secrétaire général du Cercle populaire d’enseignement laïque, proche de la Ligue de l’enseignement ; il occupe encore cette fonction au lendemain de la Première Guerre mondiale. En 1900, il est secrétaire général du Congrès international des sociétés laïques d’enseignement et d’éducation populaire.
Un bref passage par le mouvement sociétaire
A l’École du Louvre comme au Cercle populaire d’enseignement laïque, Bessou a rencontré Eugène Ledrain, professeur d’épigraphie et président du Cercle populaire. Sans doute est-ce par son intermédiaire qu’il rejoint l’Union phalanstérienne – dont Ledrain est le président à la fin des années 1890 – un groupe fondé vers 1895-1896 par des membres dissidents de l’École sociétaire dirigée par Alhaiza. Sa première apparition dans les rangs de l’Union phalanstérienne date de 1899, avec la publication dans les Annales sociétaires, l’organe du groupe, d’un article dans lequel il insiste sur la nécessité pour les fouriéristes de ne pas rester « dans la région sereine des spéculations philosophiques et sociales » et de montrer que « la doctrine ne vient pas du royaume d’Utopie » ; c’est pour aller vers des réalisations concrètes que l’Union phalanstérienne a été créée, ajoute-t-il [3]. Dans le même temps (1899-1900), et sur proposition de Ledrain, il entre au bureau de l’Union phalanstérienne et occupe le poste de secrétaire général, une fonction nouvellement créée. Puis il disparaît de la documentation fouriériste, aussi soudainement qu’il y est entré.
Ministères et cinéma
Bessou est surtout connu pour son action pionnière en faveur de l’utilisation du cinéma à l’école. Il fait ses premières conférences sur ce sujet vers 1907, dans le cadre du Cercle populaire d’enseignement laïque. Proche de Painlevé, qui remplace Ledrain à la tête du même Cercle populaire, il le suit pendant la Première Guerre mondiale dans ses fonctions ministérielles : au ministère de l’Instruction publique (Bessou est alors chef du secrétariat particulier du ministre), puis au ministère de la Guerre et à la présidence du Conseil en 1917. Il est également nommé rapporteur de la Commission extraparlementaire mise en place par Painlevé et « chargée d’étudier les moyens de généraliser l’application du cinématographe dans les différentes branches de l’enseignement » ; il est l’auteur du rapport publié en 1920 [4]. Dans La Revue pédagogique, il préconise « l’achat d’appareils pour tous les établissements scolaires » grâce à des subventions du ministère de l’Instruction publique [5]. Mis à disposition, à partir de 1918, de l’Office national des pupilles de la nation, dont il assure le secrétariat général, il est nommé en 1924 directeur de l’école Lavoisier. Il prend sa retraite professionnelle en 1929. L’année précédente, il a créé l’Office cinématographique d’enseignement et d’éducation de Paris [6] ; il en assure la direction, fonction qu’il occupe encore dans les années 1930 [7].
[1] Archives nationales, F/17/24 042, dossier de carrière de Bessou.
[2] Archives nationales F/17/24 042, document dactylographié indiquant les « Services et titres universitaires » et les « Services extra-universitaires ».
[3] « L’action nécessaire », Annales sociétaires, n°4, 6 février 1899.
[4] Pascal Laborderie, Le cinéma éducateur laïque, Paris, L’Harmattan, 2015, p. 51
[5] « L’emploi du Cinématographe dans les branches de l’enseignement » La Revue pédagogique, n°2, février 1920, cité dans Pascal Laborderie, op. cit., p. 52
[6] Pascal Laborderie, op. cit., p. 59
[7] Josette Ueberschlag, Jean Brérault, l’instituteur cinéaste (1898-1973), Saint-Etienne, Publications de l’université de St-Etienne, 2007, p. 30-32, et p. 133, note 1.
Œuvres
Le Livre de récitation au certificat d’études primaires et dans les classes de 7e et de 8e (lycées et collèges), en collaboration avec A. André, Cahors, Imp. A. Coueslant, 1898, 63 p.
Morceaux choisis d’auteurs français du XVe au XXe siècle, prose et poésie, précédés de notions pratiques de composition française... Enseignement secondaire... écoles normales, écoles primaires supérieures, en collaboration avec G. Elwall, Paris, A. Picard et Kaan, 1901, 454 p.
Morceaux choisis d’auteurs français du XIIe au XXe siècle (prose et poésie), précédés de notions pratiques de composition française, et contenant des aperçus sur les différentes périodes de notre littérature, prose et poésie, des notices biographiques et critiques sur les auteurs, et suivis de tableaux chronologiques de littérature française. Conforme aux programmes : Enseignement secondaire, classe de 6e, 5e, 4e et 3e ; enseignement secondaire des jeunes filles ; écoles normales, écoles primaires supérieures, en collaboration avec G. Elwall, Paris, A. Picard et Kaan, 1903 (2e éd.), 569 p. (réédité en 1928, 1929).
Précis d’histoire de la littérature française des origines à nos jours, en collaboration avec J. Porcher, A. Perrin, J. Vaudouer, Paris, Librairie d’éducation nationale, 1904, 573 p. (réédité à plusieurs reprises, la 6e édition à Paris, chez A. Picard, en 1910).
Pierre et Jacques, ou l’école de la jeunesse, publié sous le pseudonyme de Georges Nouvel et en collaboration avec M. Doury Paris, Delalain frères, 1904, VII-454 p. (plusieurs rééditions).
Riquet aux champs. Livre de lecture courante, sous le pseudo de G. Nouvel, en collaboration avec M. Doury [signalé par A. Bessou dans son dossier de carrière, mais absent du fichier de la Bibliothèque nationale de France].
La Dictée au brevet, éd. Delalain [signalé par A. Bessou dans son dossier de carrière, mais absent du fichier de la Bibliothèque nationale de France].
Le Centenaire de Victor Duruy, 1811-1911, Cahors, Alençon, Imp. A. Coueslant, 1911, 147 p.
Commission extraparlementaire chargée d’étudier les moyens de généraliser l’application du cinématographe dans les différentes branches de l’enseignement. Rapport général, présenté par M. Auguste Bessou, Paris, Imp. Nationale, 1920, 55 p.
Sources
Archives nationales, F/17/24 042, dossier de carrière de Bessou.
Annales sociétaires, n°4, 6 février 1899.
Bibliographie
Pascal Laborderie, Le cinéma éducateur laïque, Paris, L’Harmattan, 2015, 278 p.
Josette Ueberschlag, Jean Brérault, l’instituteur cinéaste (1898-1973), Saint-Etienne, Publications de l’université de St-Etienne, 2007, 332 p. (avec des passages sur Auguste Bessou, dont Jean Brérault a été l’élève).
Sitographie
Banque de données « Pénélopée », fiche du Cercle populaire d’enseignement laïque (en ligne sur le site de l’Institut français d’éducation).
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