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Jean-Claude Sosnowski  |  mise en ligne : décembre 2012

Mourgue (ou Mourgues fils), Pierre Claude Edouard


Né le 25 mars 1804 à Saint-Martial (Gard). Décédé le 17 janvier 1852 à Dijon (Côte-d’Or). Agent voyer du département de la Côte-d’Or. Ancien sympathisant saint-simonien. Auteur de l’Exposition abrégée du système phalanstérien de Charles Fourier par Victor Considerant. Signataire de l’appel du 11 mars 1846 des phalanstériens de Dijon en faveur d’Arthur Young et de Cîteaux (Côte-d’Or). Correspondant dijonnais de l’Ecole sociétaire en 1848. Secrétaire de la Société dijonnaise d’Assurance mutuelle pour les cas de maladies et d’accidents en 1849.


Son père, Pierre Mourgue (1771-1842) est chef du second bureau de la préfecture de Côte-d’Or depuis le 24 juillet 1831. En charge de l’administration communale, il a exercé antérieurement, durant 24 ans, comme chef de bureau à la préfecture de l’Aveyron, puis de Moselle. Pierre Claude Edouard Mourgue est entré en fonction à la préfecture de Côte-d’Or le 1er mars 1833 après avoir travaillé à la préfecture de l’Aveyron. Depuis le 1er mars 1834, il est expéditionnaire au premier bureau de la Préfecture de Côte-d’Or que dirige un autre phalanstérien Jean-Charles Paul puis il devient agent-voyer du département. En 1846, il est chef du bureau des chemins vicinaux. Il est marié à Virginie-Hortense Pestel, fille d’un propriétaire d’Auxonne (Côte-d’Or) où le mariage a eu lieu le 28 septembre 1841. François Grapin, capitaine au 15e régiment de chasseurs à cheval [1] en retraite, oncle paternel de Jacques Grapin, autre phalanstérien, est témoin de ce mariage ainsi que Léonard Nodot. Une fille Hortense naît le 25 août 1842. La déclaration est effectuée par Jean-Claude Oudot, marchand de chiffons, oncle du phalanstérien Jean-Claude Oudot, marchand de papier et par Léonard Nodot. Lors du décès de Mourgue, le 17 janvier 1852, Léonard Nodot, voisin - Mourgue réside alors au 42 rue Vannerie à Dijon -, est l’un des témoins de la déclaration.

Mourgue est proche du groupe saint-simonien dijonnais. Suzanne Voilquin, lors de sa halte dijonnaise en juillet 1834, le rencontre par l’intermédiaire de Jean-François Luce-Villiard. Elle écrit de lui :

Ce dernier a les dehors froids ; la science l’attire seule ; l’acte, le mouvement le repoussent. Si la cause des femmes, nous assure-t-il, prend de la vie, si le monde de notre époque s’en émeut, cela le fera sortir de son mutisme. La liberté qui nous est due, c’est justice de la proclamer, ainsi que le font les apôtres d’Enfantin ; mais, tout en reconnaissant la grandeur de ce principe, il laisse aux forts la tâche de la réclamer tout haut et la gloire de s’exposer aux railleries du monde [2].

En 1834, il est, avec Jacques Grapin, parmi les fondateurs de la Société homéopathique de la Côte-d’Or qu’initie le médecin Antoine Emmanuel de Laville de Laplaigne. En mars 1839, Mourgue fils, alors agent-voyer au bureau des chemins vicinaux du département, est cité par Jean-Claude Oudot parmi les Dijonnais « se disant hautement phalanstériens » [3]. En février 1841, lors des conférences que donne Victor Considerant à Dijon, Mourgue, recueille les leçons qu’il fait. Elles paraissent tout d’abord sous forme de feuilleton dans Le Journal de la Côte-d’Or dont il est collaborateur. Il avance sur ses propres deniers les frais d’une publication sous forme d’une brochure [4], Exposition abrégée du système phalanstérien de Charles Fourier par Victor Considerant, qui est encore, dans le cadre d’une troisième édition parue en 1845, au catalogue de la Librairie des sciences sociales en 1872. L’avertissement donné à la troisième édition précise qu’« il n’existe pas, en un aussi petit nombre de pages, d’Exposition systématique de l’organisation phalanstérienne, plus satisfaisante, plus claire, et plus substantielle » [5]. Lors des conférences de Hennequin en juin 1846, il récidive dans sa prise de notes en vue d’une publication dans le nouveau journal côte-d’orien, L’Echo de la Côte-d’Or, fondé par Pelliat, ancien ouvrier lithographe, qui propose d’ouvrir ses colonnes au groupe phalanstérien.

Mourgue est également l’un des signataires de l’appel lancé le 11 mars 1846 par les phalanstériens de Dijon aux phalanstériens de France en vue de sauver la colonie de Cîteaux, eu égard aux « sacrifices » et au « dévouement » d’Arthur Young en faveur de l’Ecole sociétaire [6]. Il signe par ailleurs pour Oudot absent. En 1847, il est délégué et correspondant dijonnais de la société de l’Union agricole d’Afrique. Son action apparaît inexistante, aucun actionnaire du département de la Côte-d’Or n’étant enregistré en août 1848. Hennequin, lors de ses conférences à Dijon en juin 1846, notait : « Faites attention de ne pas adopter trop vivement l’affaire du Sig. Nos amis de province ne sont que trop passionnés à cet égard. Il faut bien faire comprendre que Sigville n’est pas un phalanstère » [7].

En avril 1848, alors que La Démocratie pacifique du 15 avril 1848 le cite parmi les candidats phalanstériens aux élections législatives, Mourgue réfute cette idée tout en affirmant qu’il « professe depuis longtemps les principes de ce journal et [... est] même un de ses correspondants dijonnais » [8]. En mars 1849, secrétaire du comité d’administration de la Société dijonnaise d’assurances mutuelles pour les cas de maladie, il est chargé de constituer le dossier à présenter à la justice de simple police dans le cas d’une nouvelle poursuite intentée contre la Boulangerie sociétaire. Il réclame copie de la lettre ministérielle que le Préfet a dû recevoir confirmant la Boulangerie sociétaire dans ses droits.


Jean-Claude Sosnowski

Dernière mise à jour de cette fiche : juillet 2021

Notes

[1Et non d’infanterie comme il est indiqué dans l’acte de mariage. Voir Archives nationales, Base Léonore en ligne, LH/1191/25. Il décède le 14 septembre 1844 à Auxonne. Il est aussi témoin du mariage de Jacques Grapin en 1825.

[2Suzanne Voilquin, Souvenirs d’une fille du peuple, ou La Saint-Simonienne en Égypte, 1834-1836, Paris, E. Sauzet, 1866, p. 137.

[3Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS41 (681Mi71), lettre de Oudot, 25 mars 1839.

[4Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS41 (681Mi71), lettre de Mourgue à Oudot, 26 mars 1841.

[5P.C.E. Mourgue, Exposition abrégée du système phalanstérien de Charles Fourier par Victor Considerant, 4ème tirage de la troisième éd., Paris, Librairie sociétaire, 1846, p. 6.

[6Bibliothèque municipale de Dijon, Fonds Mignard, manuscrit MS 2798, cahier A, pp. 215-224, copie de l’appel des phalanstériens de Dijon en faveur d’Arthur Young du 11 mars 1846.

[7Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS39 (2) (681Mi65), lettre de Victor Hennequin du 26 juin 1846.

[8Le Courrier de la Côte-d’Or, 15 avril 1848.


Ressources

Œuvres

Exposition abrégée du système phalanstérien de Charles Fourier par Victor Considerant, 4ème tirage de la troisième éd., Paris, Librairie sociétaire, 1846, 60 p. (en ligne sur la Bibliothèque virtuelle de l’Université de Poitiers, Les Premiers socialismes).

Sources

Archives nationales, Fonds Fourier et Considerant, Archives sociétaires, 10AS41 (681Mi71), lettre de Oudot, 25 mars 1839 ; lettre de Mourgue à Oudot du 26 mars 1841 ; 10AS39 (2) (681Mi65), lettres de Victor Hennequin des 23 et 26 juin 1846.
Archives départementales de la Côte-d’Or, FRAD021_041, 5MI03R028, registre de l’état civil de la commune d’Auxonne, acte de mariage n° 156 du 28 septembre 1841 (en ligne sur le site des Archives départementales de la Côte-d’Or, vues 367-368).
Archives départementales de la Côte-d’Or, FRAD021_239, 5MI09R227, registre de l’état civil de la ville de Dijon, acte de décès n° 30 du 17 janvier 1852 (en ligne sur le site des Archives départementales de la Côte-d’Or, vue 574).
Archives départementales de la Côte-d’Or, FRAD021_239, 5MI09R206, registre de l’état civil de la ville de Dijon, acte de naissance n° 496 du 25 août 1842 (en ligne sur le site des Archives départementales de la Côte-d’Or, vues 240-241).
Archives départementales de la Côte-d’Or, M8/VII/I/3, boulangerie, lettre de Mourgue au Préfet de la Côte-d’Or, 8 mars 1849.
Archives départementales de la Côte-d’Or, 2M43, employés des bureaux de la préfecture, états nominatifs, 1841-1901.
Bibliothèque municipale de Dijon, Fonds Mignard, manuscrit MS 2798, cahier A, pp. 215-224, copie de l’appel des phalanstériens de Dijon en faveur d’Arthur Young du 11 mars 1846.
Annuaire de la ville de Dijon, du département de la Côte-d’Or pour l’année 1839..., Dijon, Douillier, [1838 ?], p. 28.
« Union agricole d’Afrique, n° 1, 21 août 1847 », p. 2 (en ligne sur Gallica, vue 3). ; « Rapport du conseil d’administration de l’Union agricole d’Afrique sur l’état actuel de la colonie et de son avenir, 15 décembre 1847 », p. [32] (en ligne sur Gallica, vue 49) ; « Liste des actionnaires août 1848 » (en ligne sur Gallica, vues 60-65), in Union agricole d’Afrique, société civile de colonisation, rapport sur l’état actuel de la colonie et de son avenir, Besançon Sainte-Agathe, 1847.
Le Journal de la Côte-d’Or, 24 et 26 février, 3, 5, 10 et 12 mars 1841.
La Démocratie pacifique, 10 avril 1848.
Le Courrier de la Côte-d’Or, 15 avril 1848.
« Sur la formation d’une société homéopathique dans la Côte-d’Or et demande du transfert de la Société gallicane à Dijon. Lu à la Société homéopathique gallicane, le 16 septembre 1834 », Bibliothèque homéopathique, n° 11, 4ème année, tome IV, Genève, Gruaz, [1835], p. 259 (en ligne sur Google).

Bibliographie

Olivier Baudouin, Les Saint-simoniens en Bourgogne, 1831-1833, Dijon, Université de Bourgogne, 2002, mémoire de maîtrise, Histoire.
Thomas Voët, La Colonie phalanstérienne de Cîteaux, 1841-1846, Dijon, Ed. de l’Université de Dijon, 2001.


Index

Lieux : Cîteaux (commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, Côte-d’Or) - Dijon, Côte-d’Or

Notions : Election - Groupe local - Homéopathie - Librairie - Médecine - Presse - Saint-simonisme - Union agricole d’Afrique

Pour citer cette notice

SOSNOWSKI Jean-Claude, « Mourgue (ou Mourgues fils), Pierre Claude Edouard », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en décembre 2012 : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1055 (consultée le 14 mai 2023).

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